De la communauté hippie à l'entreprise prospère
Née dans la mouvance de mai 68, cette PME nantaise de jouets a doublé ses ventes en huit ans, fruit du réajustement de sa stratégie commerciale et marketing au début des années 2000.
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MOULIN ROTY - Repères
- ACTIVITE:
Fabrication de peluches
- VILLE: Nort-sur-Erdre (Loire-Atlantique)
- FORME JURIDIQUE: SA
- DIRIGEANT: Dominique Jalaber, 55 ans
- EFFECTIF:
72 salariés
- CA 2005: 12 MEuros
- RESULTAT NET 2005: 673 000 Euros
- CA 2006: 13,5 MEuros
- RESULTAT NET 2006: 690 000 Euros
Aujourd'hui, les peluches Louna l'abeille, Séraphin le poussin ou Basile l'ours ont trouvé leur place dans les rayons des boutiques de jouets et des grands magasins de l'Hexagone. Car, grâce à cette ménagerie aux couleurs acidulées et aux mines joviales, Moulin Roty affiche une progression à deux chiffres depuis cinq ans. Pourtant, qui, en 1973, au début de l'aventure, aurait cru que cette entreprise nantaise connaîtrait une telle réussite? A l'époque, une bande de copains hippies rachète une ancienne minoterie, pour fabriquer en communauté des bijoux et des jouets en chiffon et en bois. Pendant quinze ans, ils vont les vendre sur les marchés et les salons.
Mais, en 1988, l'atelier brûle. Il faut tout reconstruire. Dominique Jalaber décide de relancer l'entreprise ailleurs, et surtout autrement. «Jusqu'ici, les rôles n'étaient pas définis et nous percevions tous le même salaire.» Si le statut ne change pas - l'en treprise a été créée en société coopérative de production (Scop) -, l'ancienne communauté se transforme en entreprise organisée dès 1990. Elu président par les autres salariés-actionnaires, Dominique Jalaber nomme un responsable de production, un directeur commercial, un chef de création et constitue un comité de direction. Ce n'est qu'un premier pas. A la fin des années 1990, il rénove en profondeur sa stratégie marketing. Moulin Roty crée deux mascottes, un lapin et un ours, présents sur tous les packagings, et lance de nouvelles collections. Pour accroître sa visibilité, la PME met en place une politique de distribution sélective et se déleste de la moitié de ses revendeurs, passant de 2 400 à 1 000 points de vente entre 1999 et 2004. «J'ai augmenté le montant minimum du volume de commande de 400 à 800 euros.» Un pari risqué, mais gagnant: la PME double son chiffre d'affaires, qui atteint 12 millions d'euros en 2004. Malgré sa croissance, Dominique Jalaber ne renie rien du passé. Il tient au statut de coopérative. Pour ne pas alourdir la structure, huit filiales ont été créées pour gérer le développement à l'export. La maison-mère, elle, est toujours détenue par 36 salariés-actionnaires qui décident des orientations du groupe. Trente ans après, le même esprit communautaire souffle sur l'entreprise.