De l'art de (mal) communiquer
@ THOMAS RIBOLOWSKI
CARINE GUICHETEAU Rédactrice en chef
Une prime de 1 000 euros attribuée aux salariés dont l'employeur verse des dividendes à ses actionnaires, telle est la dernière marotte du gouvernement. En cause: ces grandes entreprises qui licencient à tour de bras alors qu'elles engrangent des bénéfices records, ne payent pas d'impôt - un quart des sociétés du CAC 40 - et versent des dividendes à leurs actionnaires... Pour privilégier le revenu du travail plutôt que la rémunération du capital, le gouvernement nous sort donc de son chapeau une nouvelle mesure. Et met tout en oeuvre pour la «vendre» au plus grand nombre: annonce de l'information par un ministre au détour d'une interview ; comme l'idée n'est pas aboutie, elle fait polémique ; chaque ministre polit donc l'idée à sa façon, l'édulcore et la vide de toute substance.
Résultat: la montagne accouche d'une souris et surtout, le gouvernement arrive à mécontenter tout le monde! Cette nouvelle prime n'échappe pas à la règle. Au départ fixée à 1 000 euros par salarié, elle sera a priori négociée au cas par cas. Mais finalement, le plus choquant, c'est la manière de communiquer sur un sujet anxiogène pour les dirigeants et primordial aux yeux des salariés. Vous verriez-vous agir ainsi au sein de votre entreprise? Imaginez une PME qui souhaite organiser une opération de team building. Le DRH annonce, le lundi, que tous les collaborateurs seront conviés à Barcelone le temps d'un week-end. Une idée bien vue par les salariés mais pas encore validée par la direction. Ainsi, le mardi, le DAF, gêné aux entournures, assure que l'idée est sympathique mais que le lieu n'est pas déterminé. Tandis que chaque chef de service prend note des desiderata de son équipe pour proposer la destination idéale à la direction. Au final, tout le monde se retrouve réuni le temps d'une journée dans un parc d'attraction. Avec à la clé: frustration et perte des bénéfices de l'opération. Une erreur que la PME paierait cash en termes de cohésion sociale. Il y a fort à parier que les choses ne se passeraient donc pas ainsi. Le gouvernement devrait en prendre de la graine...