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Chez Neos-SDI, ce sont les salariés qui jouent les chasseurs de têtes

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Cette SSII parisienne a embauché une dizaine de collaborateurs sur recommandation de ses salariés. Une méthode de recrutement originale et qui s'avère peu coûteuse.

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STEPHANE BENNOUR, dirigeant de Neos-SDI

Un candidat coopté n'est pas là par hasard. Il a entendu parler de l'entreprise et de son métier.

Michel, consultant, fait partie des nouvelles recrues de Neos-SDI, une SSII parisienne de 80 collaborateurs. A-t-il trouvé ce poste à la faveur d'une annonce sur Internet? A-t-il été chassé par un cabinet de recrutement? Rien de tout cela. Ce consultant senior a tout simplement été recommandé - autrement dit coopté - par l'un de ses amis, salarié de Neos-SDI. Le principe? A chaque fois qu'un poste est à pourvoir, Stéphane Bennour, le p-dg, en avertit l'ensemble des salariés par la newsletter interne de l'entreprise ou, de manière plus informelle, lors de conversations. Et ça marche. Depuis sa création, il y a six ans, Neos-SDI a recruté une dizaine de consultants par ce biais.

Efficace et peu coûteux, ce mode de recrutement original impose d'être particulièrement rigoureux. Objectif éviter le copinage. D'abord, Stéphane Bennour s'attache à décrire de façon très précise le profil du poste, au moyen d'une fiche descriptive, accessible à tous les collaborateurs. Une précaution indispensable. «Les rares fois où un coopté n'a pas fait l'affaire, c'est que je n'avais pas suffisamment communiqué sur le poste», reconnaît-il. De plus, quand il reçoit des curriculums vitae de la part de ses collaborateurs, le dirigeant de Neos-SDI les étudie avec beaucoup de sérieux. «Chaque CV est soigneusement examiné, précise-t-il. Le candidat est convoqué au minimum à deux entretiens, tout d'abord avec le chargé de recrutement, puis avec un manager». Une règle à laquelle le chef d'entreprise ne tolère aucune exception. «C'est un moyen de montrer que la cooptation est soumise aux mêmes règles que toute autre forme de sélection à l'embauche». Dans le cas où un candidat, recommandé par un salarié n'a pas été sélectionné, le patron de la SSII parisienne veille à ménager les susceptibilités. «Je reçois le salarié cooptant pour lui expliquer pourquoi son «filleul» n'a pas été retenu», explique Stéphane Bennour. Dans le cas contraire, le chef d'entreprise veille à garder une certaine distance entre le coopté et son «parrain». «Ils ne travailleront jamais sur les mêmes projets, assure le patron de la SSII. Cela pourrait créer une relation de connivence trop forte entre deux collaborateurs».

Mais si les salariés de Neos-SDI se transforment, de temps à autre, en recruteurs, c'est qu'ils y sont également fortement incités.

NEOS-SDI - Repères

- ACTIVITE .SSII spécialiste des solutions utilisant les produits et technologies Microsoft
- VILLE: Paris
- FORME JURIDIQUE: SARL
- DIRIGEANT: Stéphane Bennour, 34 ans
- ANNEE DE CREATION: 2001
- EFFECTIF: 80 salaries
- CA 2006: 6,5 millions d'euros

La prime, une option raisonnable.

«Il est normal de récompenser nos collaborateurs de leurs efforts pour dénicher de nouveaux talents», estime Stéphane Bennour qui, à chaque cooptation, verse une prime significative. Pour autant, son montant varie d'un recrutement à l'autre Principal critère? Le niveau du poste à pourvoir. «Le bonus doit être incitatif mais raisonnable pour ne pas transformer les collaborateurs en «chasseurs de primes»», insiste-il. Dans les faits, la récompense équivaut à 20 % du salaire brut mensuel de la nouvelle recrue. Bien sûr, elle n'est versée qu'à la fin de la période d'essai du coopté, histoire de responsabiliser le salarié cooptant pour accueillir, comme il se doit, son protégé.

Si Stéphane Bennour a déployé un tel processus de cooptation, c'est qu'il y trouve de nombreux avantages. Tout d'abord, cette méthode de recrutement est, pour lui, un signe de bonne santé sociale de l'entreprise. «Si les salariés ne se sentaient pas bien chez nous, ils ne nous recommanderaient pas à leurs proches». En outre, la cooptation permet d'impliquer les collaborateurs dans le développement de l'entreprise et, en outre, de recevoir des candidatures mieux ciblées. «Un candidat coopté n'est pas là par hasard, souligne Stéphane Bennour. Il a entendu parler de l'entreprise et de son métier». Et force est de constater que les cooptants sont d'excellents recruteurs les deux tiers des candidatures présentées par des salariés de Neos-SDI sont retenues. II n'empêche. Cette méthode de recrutement ne saurait remplacer des pratiques plus classiques. «Le recrutement ne doit pas faire partie des priorités des collaborateurs, au risque de négliger leurs propres fonctions», reconnaît le dirigeant de Neos-SDI. De plus, à force de ne recruter que par cooptation, l'entreprise risquerait de «cloner» ses coéquipiers, et de se priver de la richesse d'une équipe «métissée».

L'OEIL DU CONSULTANT
Il ne faut pas céder au copinage
JEAN-LUC POLLET, directeur du pôle recrutement d'Altedia, cabinet de conseil en recrutement

Pour Jean-Luc Pollet, «les profils issus de la cooptation sont souvent bien cibles» Pourtant, précise l'expert, Neos-SDI a raison de veillera la professionnalisation de sa démarche de cooptation. Ses conseils? «Faire preuve de vigilance quand on utilise ce mode de recrutement atypique et lui appliquer la procédure d'évaluation habituelle en comparant le curriculum vitae du coopté à d'autres CV». Quant à la prime, «elle n'est pas indispensable», selon Jean-Luc Pollet. Mais quitte à instaurer un bonus, le spécialiste préconise qu'il soit «fixe et indépendant du poste à pourvoir».

 
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Aurore Dohy

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