Amis à vendre
Sans doute avez-vous déjà entendu parler du phénomène Facebook... Sur ce réseau social virtuel, des millions d'«amis» (bien réels, eux) échangent leurs avis, contacts et bons tuyaux. Parti de rien il y a quelques années, le site est devenu une gigantesque nébuleuse de plusieurs centaines de millions de membres. Une manne pour les annonceurs. Carsur Facebook, les internautes racontent tout, persuadés d'être entre eux, à l'abri de toute logique mercantile!
STEFANIE MOGE-MASSON Directrice de la rédaction
Et pourtant, la logique mercantile, Facebook, lui, n'y a pas échappé. D'une part parce que les marques ont perçu sa puissance virale. Elles sont de plus en plus nombreuses à exploiter le pouvoir de recommandation de ce genre de réseaux virtuels. C'est ce que les experts appellent le «social shopping», par analogie avec le «social networking». Un phénomène de bouche à oreille virtuel qui ne cesse de grandir. Récemment, Usocial, une société australienne de marketing interactif, a même eu l'idée - pour le moins saugrenue - de commercialiser des listes d'amis destinés aux utilisateurs de Facebook. Utile si vous vous sentez l'âme esseulée... Mais aussi - et surtout - si vous êtes une marque et que vous souhaitez vous offrir des points de popularité. Le principe est désarmant de simplicité: pour 177 dollars, vous achetez 1000 amis... Bien sûr, l'initiative suscite une vive polémique. Pour se défendre, Usocial se montre rassurant: «Tout ce que nous faisons, c'est envoyer un message de bienvenue ou une demande d'ajout de la part du client», rétorque Leon Hill, le directeur général de Usocial. Les «amis» achetés par une marque seraient donc libres d'entrer dans son cercle, ou non. Ouf. Reste que dans ce cas, la marque a payé très cher ses pseudo-amis... Nul ne sait si la formule Usocial fera des émules. Mais une chose est sûre: si ce genre d'entourloupe était appelé à entrer dans les moeurs, c'est probablement la philosophie des réseaux sociaux qui serait altérée.