ACHETER «VERT», C'EST ETHIQUE ET ECONOMIQUE
Fournitures, impression, vêtements professionnels: bien s'équiper tout en respectant l'environnement, c'est possible. Plus qu'une tendance, le développement durable est un marché à part entière où les prestataires s'appliquent à innover.
Je m'abonneVotre stylo vous semble bizarre? Normal, il est en carton. Quelle est cette touche verte sur l'imprimante? Elle règle le mode d'impression pour réduire l'encre... « Le développement durable devient un réflexe pour l'entreprise. Et les achats éco-responsables s'inscrivent dans cette démarche », affirme Pierre Ravenel, directeur de Factea Durable, cabinet conseil spécialisé dans les achats durables. En 2009, d'après un baromètre HEC/EcoVadis, plus de 80 % des services achats des entreprises françaises considèrent cette problématique comme une priorité. Acheter éco-responsable présente plusieurs avantages. D'abord, pour une majorité d'entreprises, il s'agit de soigner son image et de respecter les réglementations environnementales. Par ailleurs, pour 41 % d'entre elles, le développement durable peut être un levier pour réaliser quelques économies. Comment? En économisant l'énergie, en évitant les suremballages et en réduisant la consommation de certains frais généraux (papiers, consommables...). Pour Pierre Ravenel, « l'idée est de repenser ses habitudes de consommation ». Evitez les articles à usage unique. Choisissez des équipements peu gourmands en énergie. Privilégiez les produits fabriqués à partir de matière recyclée. Pour vous aider à vous repérer, vous pouvez vous appuyer sur les labels. Acheter avec une certaine éthique demande, en effet, de l'attention et de la vigilance mais c'est pour la bonne cause: votre entreprise.
A CONSULTER
Le guide du bureau éco-responsable
Pour vous aider à mettre en place une gestion environnementale de votre activité, l'Ademe (Agence de l'environnement et la maîtrise de l'énergie) publie un Guide du bureau éco-responsable, disponible sur cédérom. Vous y trouverez des informations utiles, des outils pratiques ainsi que de nombreuses idées d'actions: gestion de l'énergie, des déchets, des transports, achats éco-responsables... Est également inclus un kit de communication interne pour mieux rappeler, à chacun de vos collaborateurs, les bons gestes au bureau. A commander sur www.ademe.fr, 80 euros HT.
1 - FOURNITURES: STYLOS EN AMIDON DE MAIS ET AUTRES TROUVAILLES
Désormais, la plupart des revendeurs de fournitures proposent une gamme large et variée de produits du quotidien (stylos, papier, colle, bloc-notes...), estampillés «verts».
Stylo-bille en papier recyclé, agrafeuse sans agrafe, clé USB en bois, colle sans solvant... Même les fournitures se conjuguent en vert! Que ce soit les vépécistes, comme JM-Bruneau et Staples Direct, ou les revendeurs en magasin, comme Office Dépôt et Bureau Vallée, aucun ne passe à côté de gammes de produit 100 % développement durable. « Le développement durable s'inscrit dans la stratégie d'entreprise, assure Thomas Colombié, chef de marché achat responsable chez Manutan, société de vente à distance de fournitures et de matériel. Malheureusement, il n'existe pas encore de référentiels clairs et communs à tous les produits. D'où la nécessité d'un accompagnement pédagogique, via un étiquetage transparent. » L'argument lié au développement durable doit être explicitement justifié sur le catalogue ou directement sur l'emballage du produit. Il répond à un ou plusieurs critères écologiques comme la proportion de plastique dans l'objet. Le plastique est-il remplacé par des matières premières renouvelables comme le bois ou le carton? Est-il recyclé? Sinon, quels sont ses composants (sachant que le polyéthylène et le polypropylène sont les plus nocifs pour la planète)? Par exemple, pour un stylo: quelle est sa part de matière recyclée? Est-il rechargeable? Quelle est la toxicité de son encre? Tous ces éléments doivent être fournis de manière transparente sur l'emballage. Ce dernier devant, bien sûr, être réduit au maximum!
Des déchets comme matière première. Certains prestataires ont fait du développement durable leur spécialité. C'est le cas de Manutan, qui a ouvert sur le Web une e-boutique 100 % dédiée, ou encore d'Un bureau sur la terre, d'Ecoburo, de Definov avec sa marque GreenDesk. « Les produits écologiques demandent beaucoup d'explications, notamment parce qu'ils sont nouveaux. A nous alors de mettre en avant des fiches produits claires et transparentes », insiste Sandrine Demonceaux, directrice générale de Definov. Ce fabricant propose, en plus des fournitures recyclées, des produits bio. Autrement dit, des produits composés de biomatériaux (amidon de maïs, amidon de pomme de terre, feuilles, tiges...). Haut de gamme (8,10 euros HT le pot à crayons), la marque GreenDesk se différencie de ses congénères par des formes futuristes et des couleurs acidulées. « Il faut arrêter de croire que le produit éco-responsable doit forcément être marron », clame Sandrine Demonceaux.
L'innovation en matière de fournitures écolo, c'est aussi chercher à réduire l'utilisation de papier en entreprise. Par exemple, adieu les paperboards! Optez plutôt pour un tableau effaçable. Le papier est en effet de loin le premier consommable en entreprise. Selon Copacel (syndicat de l'industrie papetière), une entreprise d'une centaine de salariés dépense en moyenne de 10 000 à 25 000 euros HT par an, rien qu'en consommation de papier d'impression. Par conséquent, le choix de supports papiers plus écologiques, leur utilisation rationnelle et leur recyclage contribuent à réduire significativement aussi bien les impacts sur l'environnement que les coûts pour l'entreprise. Deux choix s'offrent à vous: le papier recyclé et le papier éco-labellisé. Dans le premier cas, ce sont des feuilles fabriquées à partir de fibres vierges ou de fibres recyclées. Le papier éco-labellisé est, quant à lui, issu de forêts à gestion contrôlée (dites FSC ou PEFC). Côté prix, comptez en moyenne de 2,99 à 4,69 euros HT la ramette A4 de 500 feuilles.
2 - IMPRESSION: IMPRIMANTES VERTES, CARTOUCHES RECYCLEES: FAITES BONNE IMPRESSION
Pas facile pour les fabricants d'imprimantes de surfer sur la vague verte. Il s'agit de fournir des appareils peu gourmands en électricité et d'organiser la gestion des déchets que sont les cartouches d'encre vides.
Le poste impression n'échappe pas à la tendance écolo. « Une imprimante écologique, c'est un produit peu gourmand en énergie, fonctionnant avec des composants électroniques qui peuvent être recyclés ou remis à neuf », définit Patricia Abbas, responsable de la communication externe chez Xerox, fabricant d'imprimantes. Dans ce secteur, la norme Energy Star fait office de référence. Elle assure que l'imprimante consommera un niveau fixe d'énergie par semaine (il s'agit de l'indicateur «TEC», présent sur la fiche technique de l'appareil) ou passera automatiquement à un niveau de veille prédéterminé. Dell, Epson, Hewlett-Packard, Konica Minolta, Panasonic, Ricoh, Samsung, Xerox... La plupart des constructeurs proposent désormais une liste de matériels estampillés Energy Star (lire l'encadré).
Quid des consommables? Aux imprimantes est lié le problème des consommables, comme les cartouches d'encre. Qu'elles soient à jet d'encre ou laser, la vraie problématique réside dans le traitement des déchets. Pour une démarche axée sur le développement durable, la plupart des constructeurs, mais aussi des revendeurs de fournitures de bureau, proposent un programme de récupération et de recyclage des cartouches vides. Ce service est généralement gratuit. Une fois les cartouches d'encre collectées, elles sont démontées, les pièces défectueuses sont remplacées. De l'encre 100 % compatible est réinjectée et la cartouche est remise sur le marché. D'autres prestataires, comme GreenPrint.fr ou le réseau de boutiques Pigmenta (1 500 agences à travers la France), proposent le remplissage de vos cartouches vides, sous trois à six jours. Ce qui permet 50 % d'économie en comparaison à l'achat d'une cartouche neuve. Sans oublier l'atout écologique considérable! Enfin, il existe des encres dites solides, sous forme de bâtonnets, qui nécessitent beaucoup moins de composants et d'emballage. Encore peu démocratisées et uniquement réservées aux imprimantes Xerox, leur coût reste assez élevé. C'est-à-dire au minimum 16 euros HT le bâtonnet, contre 6 euros HT la cartouche d'encre traditionnelle.
Des conseils ciblés. Enfin, les constructeurs accompagnent souvent leur offre de quelques services, comme par exemple un audit pour réaliser un état des lieux de la consommation, via un service client personnalisé. Konica Minolta, par exemple, organise des Journées du bureau éco-responsable, à Paris. « Le but de cette rencontre annuelle est d'apporter des réponses aux problématiques quotidiennes des entreprises, comme les émissions de carbone au niveau du poste de travail, détaille Daniel Mathieu, directeur du marketing, de la communication et du développement durable de Konica Minolta Business Solutions France. Les chefs d'entreprise ont encore beaucoup à faire en matière d'éco-responsabilité Il faut être à même de leur proposer des solutions globales et, par exemple, leur apprendre à mieux gérer leurs déchets. » En attendant l'imprimante fonctionnant au marc de café ou de thé! Une innovation signée Riti, plutôt réservée au marché domestique. Dommage.
SUR LE WEB
> LES APPAREILS LES PLUS SOBRES EN UN SEUL COUP D'OEIL
Comparer les appareils homologués Energy Star, c'est facile, grâce au site internet Eu-energystar.org. Ce dernier liste les modèles les plus efficaces en termes de rendement énergétique. Vous y trouverez même un calculateur d'énergie qui vous permettra d'estimer la consommation d'énergie de votre parc informatique.
3 - TEXTILE: BIO ET VERT, DE LA TETE AUX PIEDS
Avec des vêtements à l'image de votre entreprise, bio ou issus du commerce équitable, faites la différence! Bien que ce marché soit encore timide, de plus en plus de labels veillent à certifier la bonne provenance de la matière première.
Peu de professionnels font le choix de vêtements écologiques, fabriqués en coton bio ou équitable. Généralement de bonne qualité, ces produits souffrent toutefois d'un prix excessif, jusqu'à 20 % plus cher que les produits classiques. Cette différence de prix, d'une part, vient compenser la perte de rentabilité liée à l'utilisation de techniques agricoles biologiques (pour ce qui est du coton biologique). D'autre part, pour le coton équitable, elle sert à mettre en place des projets communautaires: écoles, puits, infrastructures, etc. « C'est un marché encore frileux car si elle doit payer 5 à 10 % plus cher, l'entreprise se tourne immédiate ment vers du coton classique, convient Sandy Baumgarten, responsable qualité chez Mulliez-Flory, spécialisé dans le vêtement professionnel. Pourtant, les vêtements en coton bio ou équitable sont plus valorisants notamment aux yeux des salariés. »
Aujourd'hui, deux types de prestataires se partagent le marché. D'une part, les revendeurs de matériel de bureau, comme Manutan, qui proposent des produits homologués développement durable. Vous y retrouverez des équipements de protection individuelle (EPI): des vestes polaires recyclées (à partir de 66 euros HT), des blousons et des combinaisons en coton bio équitable (à partir de 57,50 euros HT) et même des chaussures de protection (à partir de 27,75 euros HT). Des produits qui respectent des critères écologiques stricts tout au long de leur cycle de vie: conception, matières premières, fabrication, emballage... D'autre part, des acteurs du secteur du vêtement professionnel: Armor-Lux, Fairwell-Importexa, Cepovett, Mulliez-Flory ou Walomo vous permettent de choisir des modèles standards, mais personnalisables. Vous devrez commander un minimum de pièces (à partir de 50 unités, 24 euros HT le polo chez Cabiola). Après avoir choisi, bien sûr, la qualité de coton de votre choix.
Des labels sûrs. Pour s'assurer de l'aspect écologique et/ou équitable, le plus sûr est de vous référer à certains labels. Le plus courant? Celui de l'association Max Havelaar. Il atteste que les fabricants utilisent du coton fabriqué avec quelques principes fondamentaux: prix juste payé aux producteurs, prime de développement versée aux coopératives, rotation des cultures pour l'autosuffisance... La plupart des fournisseurs ont signé une convention avec Max Havelaar, garantissant la traçabilité du coton. « Cette signature sous-entend une transformation éthique de la matière première à chaque maillon de la fabrication », confirme Grégoire Guyon, directeur de la communication d'Amor-Lux.
De même, 85 % du secteur du vêtement professionnel en France s'est engagé auprès du programme Fibre citoyenne de l'ONG Yamana, dont l'objectif est d'appliquer des critères sociaux et environnementaux à l'ensemble de la filière textile. Autre label à surveiller: Ecocert, qui certifie la qualité bio du coton.