Les tatouages restent mal perçus en entreprise
Publié par Colin de Korsak le - mis à jour à
Pas sérieux ou inappropriés, les tatouages restent un sujet tabou en entreprise. Ces a priori mettent mal à l'aise les salariés comme les employeurs, qui peuvent inconsciemment discriminer leurs collaborateurs à cause de certains préjugés.
Des discriminations physiques persistent dans le monde professionnel. C'est le cas des tatouages qui sont certes mieux acceptés qu'auparavant, mais qui constituent toujours un frein pour leur porteur. En effet, les individus tatoués font l'objet d'a priori négatifs, selon une étude qualitative auprès d'une vingtaine de salariés tatoués et de recruteurs réalisés entre 2021 et 2023 par l'EM Normandie.
Les résultats montrent que les tatoués peuvent être associés à des personnes extrémistes, moins compétentes et peu sérieuses. Afin d'obtenir davantage de réponses, une nouvelle étude quantitative est en cours. Elle recense déjà les résultats d'environ 300 répondants tatoués. Celle-ci révèle que 30% des sondés ont subi des remarques ou des comportements inappropriés au travail liés à leur tatouage.
De plus, 5 à 7% du panel avoue être discriminé en raison de ses tatouages. Souvent discrètes et inconscientes, ces discriminations peuvent aller de la dévalorisation des compétences au refus d'embauche ou de promotion. Par ailleurs, la perception des tatouages est différente selon le secteur d'activité : " dans le monde artistique ou de la nuit, ils sont au contraire valorisés ", explique Vincent Meyer, professeur assistant en gestion des ressources humaines à l'université EM Normandie.
Un phénomène d'autocensure
Dans les faits, les tatouages ne dérangent que s'ils sont visibles par les clients : « tant que les tatouages ne sont pas visibles, ils sont bien acceptés », constate le professeur. Par conséquent, les salariés tatoués sont contraints de s'autocensurer et sont donc moins à l'aise et moins productifs. Surtout, contrairement à d'autres discriminations connues de tous, les tatouages restent un non-sujet en entreprise : « il n'y a pas de règles définies », analyse Vincent Meyer.
Ainsi, pour les personnes tatouées il est plus difficile d'être pleinement engagé dans leur travail : « Les tatoués sont davantage susceptibles d'être moins épanouis dans leur vie professionnelle », décrypte l'universitaire.