Chef d'entreprise, chef de famille : deux missions (in)compatibles?
Publié par Stéphanie Gallo Triouleyre le - mis à jour à
Tout n'est pas toujours parfait, mais contrairement à ce qu'on pouvait supposer, les chefs d'entreprise, hommes ou femmes, semblent plutôt satisfaits de leur manière d'équilibrer vie familiale et vie professionnelle. Selon la toute récente enquête de Bpifrance Le Lab, ils réussissent plutôt bien ce délicat numéro d'équilibriste.
Chef d'entreprise et chef de famille, ces deux casquettes sont-elles cumulables dans des conditions acceptables ? Selon la dernière étude de Bpifrance Le Lab, dévoilée le jeudi 25 novembre 2021, la réponse semble définitivement oui. Même si c'est plus complexe pour certains profils, selon la taille de l'entreprise, selon le nombre et l'âge des enfants, selon le caractère de chacun. Et évidemment, sans surprise encore en 2021, selon le sexe du chef d'entreprise.
8 dirigeants sur 10 satisfaits de leur équilibre vie perso/vie pro
Sur les quelque 1 638 dirigeants interrogés par les experts de Bpifrance Le Lab, 79% des dirigeants de PME-ETI affirment être satisfaits de la manière dont ils concilient leurs vies familiale et entrepreneuriale.
S'ils reconnaissent devoir régulièrement sacrifier des week-ends ou des soirées familiales pour leur travail, ils mettent en parallèle cette liberté du chef d'entreprise, cette adrénaline permanente... qui leur permettent en quelque sorte d'accepter plus facilement certains renoncements familiaux. Dans ce numéro d'équilibriste, ils se disent d'ailleurs 51% à trouver facile la conciliation de leurs casquettes de père/mère avec celle de patron. Néanmoins tout n'est pas toujours si simple et certains dirigeants font état de quelques regrets. "C'est difficile à décrire, se confie ainsi Julien Miner, dirigeant des Etablissements Miner. La culpabilité de ne pas être à la maison auprès des siens pour assurer la bonne gestion et le développement de l'entreprise est pesante et quotidienne. Même en compensant financièrement, ça ne marche pas toujours."
Parmi les situations qui semblent réduire la satisfaction des dirigeants dans le cumul des casquettes : être une femme dirigeante, ne pas appartenir à un réseau de dirigeants, avoir des enfants de moins de 10 ans, être divorcé, travailler plus de 60 heures par semaine. Prise une à une, ces situations rendent la vie du dirigeant plus complexe. Et lorsqu'il les accumule, cela peut devenir très difficile.
A l'inverse, les caractéristiques qui semblent les plus favorables sont : une ancienneté de plus de 15 ans à son poste de dirigeant, des finances du ménage dépendant à moins de 50% des revenus de l'entreprise, avoir plus de 60 ans, pouvoir s'appuyer sur un bras droit et un comité de direction, diriger une entreprise de plus de 250 salariés, etc.
A noter : l'étude tord le cou aux idées reçues au sujet des divorces. Selon cette enquête, "seulement" 34% des mariages de dirigeants s'achèvent par un divorce, contre 45% en moyenne pour l'ensemble des Français. Elise Tissier, directrice du Lab, alerte néanmoins sur un biais éventuel : "Il est possible que les entrepreneurs ayant connu un divorce ne le soient plus aujourd'hui et n'entrent donc plus dans notre panel". En raison notamment de cette fameuse trilogie des 3 D : dépôt de bilan, divorce, dépression.
La famille : un soutien indispensable de l'entrepreneur
Autre enseignement de cette étude : la famille des dirigeants apparait comme un ingrédient indispensable de la réussite entrepreneuriale. 65% des interrogés estiment que c'est notamment grâce au soutien de leur famille que leur entreprise a pu connaitre un tel niveau de développement. Pour 61% d'entre eux, leur famille s'implique directement pour les aider à atteindre leurs différents objectifs. Et 56% sollicitent leur entourage familial pour enrichir leurs décisions professionnelles. "L'appui de ma compagne est considérable. Par ailleurs, au quotidien, mes enfants représentent une source de soutien intarissable", témoigne d'ailleurs Renaud Amory, p-dg de Star's Service.
Cependant, tout n'est toujours si rose. 42% des chefs d'entreprise sollicités indiquent ainsi que leur famille leur reproche d'accorder trop de temps à leur travail. Et même lorsqu'ils sont avec leurs proches, ces patrons reconnaissent pour les trois quarts d'entre eux avoir l'esprit régulièrement préoccupé par les enjeux de leur entreprise.
46% signalent enfin avoir déjà pensé au moins une fois à raccrocher les crampons de leur uniforme de dirigeant pour une vie familiale plus complète. Inversement 47% disent éprouver du bien-être lorsqu'ils retrouvent leur rôle entrepreneurial après des tensions dans leur vie de famille...