L'entretien d'embauche comportemental, le recrutement pragmatique
Publié par Juliette Plouseau le | Mis à jour le
Vous cherchez à recruter mais, échaudé par de précédents échecs, vous souhaitez tenter une nouvelle approche pour trouver la perle rare. Le guide "Réussir l'entretien d'embauche comportemental" propose une alternative concrète, pouvant concerner tous les types d'entreprises.
"Parlez-nous de votre parcours ?" "Quels sont vos principales qualités et vos principaux défauts ?" "Pourriez-vous nous parler de vos loisirs en dehors du travail ?" Voici quelques-unes des questions les plus récurrentes que vous, recruteurs, êtes amenés à poser lors d’entretiens d’embauche. Et le problème, d'après Nicolas Roulin, spécialiste en psychologie du travail et notamment sur le sujet du recrutement, c'est que ces questions sont très vagues. Il est ainsi très difficile de cerner quelles sont les compétences et les caractéristiques précises d'un candidat. Ce qui est évalué prête, d'après lui, souvent à interprétation. Par ailleurs, ces questions sont tellement courantes, que bien souvent, les candidats s'y sont préparés en amont.
Pour sortir de ce schéma récurrent, Nicolas Roulin, accompagné d'Adrian Bangerter et Urs Wüthrich, eux aussi spécialistes des méthodes de recrutement, ont décidé de proposer le guide "Réussir l'entretien d'embauche comportemental" (1). Car d'après Nicolas Roulin, cette approche, encore assez peu répandue en France, présente de bons taux de réussites dans les pays où elle est pratiquée. C'est le cas principalement aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, par exemple chez Nestlé ou Procter & Gamble. Mais l'entretien comportemental peut également trouver sa place dans de plus petites entreprises, TPE ou PME.
Un entretien qui repose sur du concret
D'entrée de jeu, Nicolas Roulin précise que l'entretien d'embauche comportemental n'a rien à voir avec l'analyse des gestes du candidat. Autrement dit, ce n'est pas en observant le postulant se gratter l'œil ou la manière dont il croise ses jambes que vous saurez, ou non, s'il fait l'affaire pour le poste. "L'entretien comportemental, c'est aller chercher des réponses dans le passé professionnel d'un candidat. L'objectif est de le mettre face à des situations critiques très concrètes, en faisant en sorte qu'il vous explique comment il a pu réagir", explique Nicolas Roulin.
Comme cette approche du recrutement est très pragmatique, "il n'est pas nécessaire de posséder un diplôme en ressources humaines pour faire passer un entretien comportemental", assure Nicolas Roulin. "L'essentiel, pour une entreprise qui décide de pratiquer un entretien comportemental, sera de bien définir les situations critiques face auxquelles elle veut confronter son candidat, en fonction de ses besoins. Et cela est propre à chaque société, à chaque domaine", ajoute-t-il. L'ouvrage présente d'ailleurs à la fin des exemples de questions à poser à un postulant pour des postes très différents :
"Vous êtes responsable d'un chantier et faites face à un problème de panne sur une machine nécessaire à la poursuite des opérations. La machine est quasi neuve et l'opérateur qui en est responsable vous suggère qu'il s'agit certainement d'un défaut de fabrication. Un technicien vient alors analyser le problème et vous explique qu'il s'agit en fait d'une mauvaise manipulation de la part de l'opérateur. Comment gérer vous cette situation?"
"Vous êtes responsable des programmes de formation dans votre entreprise. Vous venez de recevoir le rapport de l'enquête de satisfaction menée par le département RH auprès de l'ensemble des collaborateurs quelques semaines plus tôt. En parcourant le rapport, vous remarquez que la satisfaction est très faible pour l'aspect "apprentissage et développement". Ce résultat vous pousse à agir rapidement, mais vous n'avez à disposition qu'un budget limité pour mettre en place un nouveau projet. Comment procédez-vous?"
D'autres exemples de questions sont également présentés dans le guide, adaptés à d'autres types de postes. L'ouvrage fournit également des grilles d'évaluation. A noter qu'un entretien comportemental n'exclut pas de présenter au départ le poste à pourvoir et l'entreprise, pour mettre à l'aise le candidat. A la fin de l'échange, un temps de questions/ réponses peut aussi être mis en place.
Enfin, "il ne faut pas imaginer que l'approche présentée, encore une fois très pragmatique, soit incompatible avec la recherche de profils plus créatifs. Il faudra alors initialement avoir construit des questions allant dans ce sens, pour démontrer que la personne est à même de proposer des solutions alternatives", ajoute Nicolas Roulin.
C'est donc à chaque entreprise, quelque soit sa taille, son domaine d'activité ou le profil recherché, de construire son propre entretien comportemental. Et mettre, ainsi, un candidat face à des situations bien précises du monde du travail, qui en disent souvent plus sur un salarié potentiel, que sa passion pour la plongée ou la cuisine italienne.
(1) "Réussir l'entretien d'embauche comportemental", de Nicolas Roulin, Adrian Bangerter et Urs Wüthrich. Editions De Boeck Professionals, 190 pages, 27 euros.