Entretien des véhicules de votre flotte : attention aux dérives
Publié par Jean-Philippe Arrouet le | Mis à jour le
Différer des opérations d'entretien courant sur ses véhicules peut avoir des répercussions en cascade pour l'entreprise, sécuritaires comme financières. C'est ce que montre la dernière édition du baromètre Wash&Check.
Quels sont les défauts mécaniques et les dommages de carrosserie les plus fréquents? Pour répondre à cette question, il fallait jusqu'à présent se plonger dans les données de l'Utac (Union technique de l'automobile, du motocycle et du cycle), issues des centres de contrôle technique. Cependant, ces informations concernent des véhicules âgés de quatre ans et plus, soit davantage que la durée moyenne de location souscrite par les entreprises, qui est voisine d'une quarantaine de mois.
D'où l'intérêt du baromètre créé au début de l'année 2016 par Ecowash Mobile, prestataire spécialisé dans le lavage à sec des véhicules, puisqu'il se fonde sur l'observation des véhicules que les entreprises lui confient. À chaque prestation, les techniciens, équipés de tablettes sous Android, relèvent des informations concernant l'état visible du véhicule qu'ils transmettent en temps réel au client via un extranet. Lavage après lavage, cette masse de données anonymisée aboutit à une caractérisation assez fidèle de l'état des parcs automobiles d'entreprises.
Nous voyons les véhicules plusieurs fois, donc nous avons la preuve que certains dommages n'ont pas été réparés. Olivier Couly, Ecowash
Ainsi, la deuxième édition du baromètre Ecowash&Check, publiée en septembre 2016, se fonde sur 309 162 données collectées sur un parc d'un millier de véhicules, soit plus de 5000 contrôles effectués, certaines voitures ayant été lavées à plusieurs reprises.
Ecowash a élaboré des indices qui permettent d'identifier des seuils à partir desquels un défaut devient inacceptable. "Nous avons fait une enquête auprès de nos clients en leur demandant par exemple leur niveau de tolérance à l'égard des véhicules dont le pare-brise comporte un impact", explique Olivier Couly, directeur général d'Ecowash Mobile France. En l'occurrence, les entreprises interrogées ont jugé critique un tel défaut lorsqu'il concerne au moins 20% des véhicules.
Autre intérêt de ces indices: leurs variations dans le temps renseignent sur d'éventuelles dérives dans l'entretien des parcs automobiles. Comme l'observe Olivier Couly, "nous voyons certains véhicules plusieurs fois, donc nous avons la preuve que certains dommages n'ont pas été réparés".
Renforcer sa vigilance
Les dommages aux véhicules constituent d'ailleurs une des dérives les plus nettes enregistrées par le baromètre Wash&Check entre les mois de mai et de septembre 2016. Deux tiers d'augmentation pour cet indice qui s'appuie sur cinq points de mesure: les chocs sur la carrosserie, les rayures, les impacts sur le vitrage, les jantes abîmées et les optiques hors service. En tête des défauts constatés, les rayures, devenues plus nombreuses que les chocs, qui sont présentes sur les flancs d'un véhicule sur cinq. Autre dérive, des optiques en mauvais état dans 9% des cas alors que cet équipement de sécurité paraît indispensable à l'approche de l'hiver pour les déplacements professionnels des collaborateurs.
En croisant les différents points de contrôle entre eux, le baromètre apporte d'autres renseignements utiles au pilotage des flottes, notamment un indice des risques construit à partir des défauts constatés sur les optiques, sur les essuie-glaces, l'absence de lave-glace, un état d'usure ou de dégradation des pneumatiques ou encore leur sous-gonflage. Malgré une forte amélioration de l'indice risques au cours des derniers mois, plus de 15% des véhicules examinés roulent avec des enveloppes sous-gonflées (au-delà du seuil critique de 10%). Quant aux 9% d'optiques hors service, ils se situent également au-delà d'un seuil acceptable fixé à 5%. Dernier point: un quart des véhicules circulent sans lave-glace ce qui traduit, là encore, un risque pour la visibilité, particulièrement en période automnale ou hivernale. Certains véhicules circulent également avec des voyants d'alerte allumés au tableau de bord ou avec un contrôle technique périmé. Un faisceau de défaillances ou d'oublis susceptibles en cas d'accident de la route impliquant un salarié de mettre en jeu la responsabilité du chef d'entreprise au titre de son obligation générale de sécurité.
Maîtriser les dépenses à temps
Ces indices ont également des répercussions financières. Ainsi, la présence de rayures sur les carrosseries impacte négativement l'indice de valeur résiduelle (VR) du baromètre. Les entreprises concernées devront en effet supporter des coûts de remise en état avant la restitution de leurs véhicules aux loueurs ou en cas de vente directe. Selon le Syndicat national des loueurs de voitures en longue durée, toute rayure d'une longueur supérieure à trois centimètres doit faire l'objet d'une réparation. Quant aux jantes, elles ont souffert dans 10% des cas. Enfin, près de 8% des défauts sont des chocs sur la carrosserie. Des dégradations qui peuvent se cumuler si l'on se réfère aux données des loueurs qui comptabilisent en moyenne neuf dommages sur les voitures particulières ou de société qui leur sont restituées et onze dans le cas des utilitaires.
Preuve que ces défauts traduisent un laisser-aller, 234 contrôles ont révélé que les carnets de bord ne sont pas tenus à jour. Même constat avec les kilomètres parcourus qui s'avèrent supérieurs à 2500 mensuels dans plus de 42% des cas. Des facteurs qui se répercutent logiquement sur le TCO. D'autant que ce dernier, mesuré par le baromètre, reste impacté par le sous-gonflage des pneumatiques qui augmente la consommation de carburant ainsi que les émissions de CO2. Autant de points qui dégradent à leur tour le bilan environnemental de la flotte même si le baromètre ne mesure pas directement ces données.