Les 5 secrets qui expliquent la réussite économique des entreprises familiales
Publié par Amélie Moynot le | Mis à jour le
En interrogeant des propriétaires d'entreprises familiales, le cabinet d'audit KPMG a dégagé, dans une étude datée de novembre 2016, ce qui fait la force de ce type de sociétés. Une vision à long terme, une bonne gouvernance ou encore un recrutement ouvert comptent parmi leurs atouts.
40 % des 250 plus grandes entreprises en France et en Allemagne sont détenues par des familles. C'est du moins ce qu'avance KPMG dans une étude1 sur la croissance cachée des entreprises familiales datée de novembre 2016. C'est dire non seulement le poids, conséquent, dans l'économie, de ces sociétés, mais aussi leur faculté à se hisser et à se maintenir à un haut niveau.
Une place qu'elles ne doivent pas au hasard mais à certaines bonnes pratiques détaillées par l'étude. " Si toutes les entreprises familiales placent la croissance au premier rang de leurs objectifs, leur manière d'y parvenir obéit à un certain nombre de caractéristiques qui leur sont propres ", écrit KPMG dans le document. Voici lesquelles, et comment s'en inspirer.
1. Elles se projettent sur le long terme
Des décennies, voire des générations, plutôt que des mois ou des trimestres. Voilà l'horizon des entreprises familiales selon KPMG. "Raisonner sur le long terme fait partie de l'ADN des entreprises familiales, c'est le fil conducteur de chacune de leurs actions", relève le cabinet. Pour elles, un ralentissement de la croissance à un moment donné est davantage acceptable, pourvu qu'il s'inscrive dans une stratégie tournée vers un avenir lointain, visant la pérennité de la structure créée par des ascendants. "Assurer le rendement de demain est plus important que la rentabilité au jour le jour".
Un renversement de situation compliqué à opérer pour nombre d'entreprises soumises à la pression concurrentielle, et pourtant avantageux à plus d'un titre, car non seulement bénéfique à long terme, mais aussi "générateur de pensée positive" car "sans remise en cause lors d'éventuelles baisses de résultats"...
2. Elles modèrent leur prise de risque
Si le rendement de demain prime, pas besoin pour elles de prendre des risques pour tirer à tout prix vers le haut leur croissance immédiate. Dans ce contexte, il est plus facile pour leurs dirigeants de se laisser le temps nécessaire pour prendre les bonnes décisions. "Les entrepreneurs familiaux (...) mettent la notion de rendement à terme devant celle de profit immédiat. Ils privilégient la stabilité et réinvestissement activement leurs profits. Ces stratégies leur procurent à la fois une assise financière solide et une indépendance qui leur permettent de traverser moins difficilement les période de régression économique", analyse l'étude.
3. Elles adaptent leur gouvernance
Pour ne pas se mettre en danger, les entreprises familiales sont soumises à la nécessité de faire clairement la différence entre la famille et l'entreprise. De fait, elles ont tendance à porter un soin particulier à leur gouvernance et à mettre en place des mécanismes adaptés pour, notamment, "garantir la séparation entre actionnaires et direction".
L'étude insiste aussi sur le fait qu'"une bonne gouvernance ne sert pas uniquement à séparer la gouvernance de famille et la gouvernance d'entreprise, mais permet aux deux groupes de réaliser leur objectif commun : préserver et accroître le patrimoine familial". L'un des répondants français note que "si la priorité est donnée aux intérêts de l'entreprise, alors tout se passera bien du côté de la famille, et non le contraire". Une manière d'établir l'équilibre des forces en présence.
4. Elles optimisent leur recrutement
Pour perdurer, autant les entreprises veillent à garder le capital dans la famille, autant elles n'hésitent pas à confier le management à des personnes extérieures à ce cercle. Ainsi, pour 85 % des répondants, la réussite passe par le recrutement de dirigeants issus d'autres réseaux. Et ils sont près de trois sur quatre à avoir déjà confié des fonctions managériales à des personnes autres que des parents (au sens large du terme). "Cette stratégie permet de maintenir l'entreprise entre des mains professionnelles sans perte de contrôle familial", explique KPMG. Un recrutement centré sur les compétences, et non pas sur les liens de parenté.
5. Elles cultivent leur facilité à innover
Si toutes les entreprises sont capables de privilégier l'innovation, les entreprises familiales sont sur ce terrain privilégiées à plus d'un titre : "leur orientation à long terme [les] rend plus agiles dès lors qu'il s'agit de décider en matière d'innovation" et "les membres de la famille propriétaire faisant partie du management disposent du pouvoir nécessaire pour prendre rapidement des décisions qui vont dans le sens des intérêts à long terme de l'entreprise".
Sans compter que la cohabitation de deux générations, au moins, permet la confrontation fructueuse de points de vue et le partage de nouvelles pratiques.
Les entreprises familiales peinent (aussi) à recruter
Les entreprises familiales ont des secrets mais aussi des points faibles. C'est ce que pointe l'étude. En premier lieu, ces sociétés sont comme toutes les autres exposées au risque d'une mauvaise gestion stratégique. "A la différence près, que dans une société familiale, la direction est souvent plus proche du personnel et que les employés font davantage confiance à la direction. Ce contexte peut exacerber les conséquences d'un management médiocre", affirme l'étude.
Par ailleurs, si c'est dur pour toutes les entreprises de trouver la perle rare, les sociétés familiales peinent aussi à recruter. Elles sont plus d'une sur trois à mettre la guerre des talents en tête de leurs préoccupations. Une difficulté qui tient cependant plus à des facteurs généraux (secteur d'activité, situation géographique, taille), qu'à leur image, plutôt bonne dans l'esprit des candidats.
Autre facteur de risque, l'instabilité politique et réglementaire, que les entreprises familiales citent aussi parmi les principaux obstacles à leur croissance.
1 Étude de novembre 2016 réalisée en collaboration avec European Family Businesses (EFB), fédération européenne des associations nationales représentatives des entreprises familiales. Elle résume les réactions de 26 propriétaires d'entreprises familiales de huit pays dont la France, collectées lors d'interviews en face à face ou par téléphone.