Près d'un patron sur 5 exposé au burn-out
Publié par Stéphanie Gallo-Triouleyre le - mis à jour à
Deux experts de l'observatoire Amarok, spécialisés dans la santé du dirigeant, mettent en avant la nécessité pour les pouvoirs publiques de s'intéresser au risque de burn-out du chef d'entreprise.
17,5% des dirigeants français présentent un risque de burn-out. " Ce chiffre est inquiétant. Car dans une entreprise, et encore plus dans une PME, la santé du dirigeant est primordiale. Plus l'entreprise est petite, plus un pépin de santé du patron peut avoir des conséquences dramatiques. Pourtant, les chefs d'entreprise sont complètement exclus des champs de la Santé au travail ", regrette Olivier Torres, enseignant-chercheur spécialisé dans la santé du dirigeant et fondateur, en 2009, d'Amarok. Au sein de cet observatoire, une quinzaine de chercheurs étudient les liens entre la santé des entreprises et celle de leur dirigeant.
Olivier Torres vient de publier, avec Charlotte Kinowski-Moysan, " Dépistage de l'épuisement et prévention du burnout des dirigeants de PME : d'une recherche académique à une valorisation sociétale ", dans " La Revue Française de Gestion ", publication scientifique sur le sujet des pratiques de gestion. " Il s'agit de la publication la plus importante de ma carrière car elle synthétise plus de 10 ans d'études et de recherches sur le sujet ", indique-t-il.
Une exposition forte à la surcharge de travail
" Ce chiffre de 17,5% peut surprendre ceux qui imagineraient que les chefs d'entreprise travaillent moins que leurs salariés en raison de leur statut de patron. C'est faux. Pour cette population, la place du travail est centrale dans leur vie, pointe Olivier Torres. Selon nos statistiques, ils travaillent en moyenne 50,5 heures par semaine. C'est quand même 11 heures de plus que les salariés. Ils travaillent aussi plus de semaines dans l'année ! "
Olivier Torres évoque par ailleurs le manque de sommeil, corrélé positivement au risque de burn-out. " Ils dorment moins pour travailler plus. C'est le phénomène que j'appelle la rogne du sommeil..."
Quelles solutions ?
" Les chefs d'entreprise n'aiment pas parler de ce sujet du burn-out, c'est un peu tabou. Beaucoup sont dans le déni. Mais ce n'est pas une raison pour les laisser seuls face à cette problématique. Il faut absolument que les pouvoirs publics prennent en considération ce danger ", martèle l'expert.
Pour lui, les chefs d'entreprise ne doivent plus être exclus des réflexions des organismes d'Etat quant à la santé au travail. " Attention, il ne s'agit pas de créer un service de visite médicale payant pour les TNS (Travailleurs Non Salariés). Ils estiment pour la plupart être en excellente santé et ne veulent pas perdre de temps. " Olivier Torres préconise plutôt de faire confiance aux syndicats patronaux et aux chambres consulaires. " C'est à l'écosystème entrepreneurial de prendre la main sur le sujet, en comprenant enfin qu'un grand nombre de leurs adhérents/ressortissants sont en danger. " L'expert propose ainsi que la santé des dirigeants devienne une prérogative régalienne des chambres consulaires.