[Tribune] Placer le dialogue social au coeur de chaque entreprise
Publié par Richard Thiriet, président, et Laurent Bazin, vice-président du CJD le - mis à jour à
Une société qui a confiance dans ses PME et où la relation employé-employeur n'est plus régie par la lutte des classes ne peut plus être gouvernée par des principes obsolètes. Il est aujourd'hui urgent de changer les règles du dialogue social dans notre pays.
L'entreprise est une communauté d'acteurs aux intérêts parfois différents. Ils doivent ensemble trouver des équilibres permettant d'atteindre la performance globale de l'entreprise. La recherche de ces équilibres se fait naturellement avec les salariés dans les PME. Or le dialogue social en France est contraint et confisqué par des instances extérieures à l'entreprise, au niveau des branches ou au niveau interprofessionnel.
Ceux qui prennent des décisions engagent des centaines de milliers d'entreprises. Ils dépossèdent chacune d'entre elles du pouvoir de s'auto-organiser. Circonstance aggravante : côté employeur, comme côté salarié, la représentativité de ces «décideurs» est souvent fragile.
Jeudi 13 novembre, la CGT a émis une proposition visant à aggraver ce phénomène. Peu présente dans les PME, mais désireuse d'y exercer son influence, la centrale syndicale souhaite mettre fin à l'élection obligatoire des Délégués du Personnel dans les entreprises de plus de 11 salariés pour la remplacer par l'instauration de commissions paritaires territoriales. Les missions de ces commissions couvriraient la mise en place des activités culturelles et sociales, ou encore la négociation des droits à la santé et à la sécurité.
Que penser de cette proposition, sinon que l'on dépouille encore les individus qui composent l'entreprise de leur droit légitime à décider de leurs propres conditions de travail ? Et ce pour confier ce droit à des professionnels du dialogue social membres d'organisations déconnectées du monde de la PME.
Il faut placer le dialogue social au cour de chaque entreprise, quelle que soit sa taille. Celui-ci ne doit pas être accaparé par des personnes étrangères à l'entreprise. Les PME et leurs salariés doivent se réapproprier leur devenir. Cela ne veut évidemment pas dire faire n'importe quoi dans son coin, mais respecter un cadre réglementaire dans lequel les entreprises sont libres de trouver les solutions aux problèmes qui se posent à elles. Tout cela entre personnes de bonne volonté, syndiquées ou pas, au sein d'une instance unique de représentation du personnel. Il s'agit là d'une exigence démocratique.