Délégation : comment ne plus vous rendre indispensable
Publié par Charles Cohen le | Mis à jour le
Votre entreprise pourrait-elle survivre en votre absence ? En effet, vous n'êtes pas à l'abri d'un accident de vie pouvant mettre à mal la pérennité de votre société. Et pour anticiper un tel scénario, un prérequis s'impose : maîtriser l'art complexe de la délégation.
C'est le 29 mars 2008 que la vie de Vincent Ferry, patron de Clair de Lorraine, une PME qui fabrique des produits gastronomiques régionaux, a basculé : une chute de moto qui le rend tétraplégique. Six ans plus tard, il est toujours handicapé, mais est resté à la tête de son entreprise. Comment a-t-il réussi à relever ce défi ? En ayant su profiter d'un levier trop souvent ignoré : celui du management participatif et de la délégation. " L'année de mon accident, et en pleine crise économique, nous avons pu accroître notre chiffre d'affaires de 20 %, a-t-il confié dans les médias nationaux durant l'été 2012. Mes salariés sont devenus mes bras et mes jambes. "
Voilà une histoire coup de poing qui devrait inviter à réfléchir plus d'un dirigeant de PME : face à un accident de vie personnel, sauriez-vous préserver la pérennité de votre entreprise en vous appuyant sur les bonnes ressources en interne ? " Dans les faits, il s'agit d'un challenge bien souvent difficile à affronter, prévient Alix de Saint-Denis, coach et conseil chez CSP Formation, tant nombre de dirigeants, peu conscients de l'importance de l'enjeu de la délégation en termes de gestion de risques, ne jouent pas la carte de l'anticipation. "
Lâcher du lest
Structure pyramidale, décisions centralisées, non-partage du pouvoir..., autant d'écueils qui peuvent mettre en péril votre entreprise durant vos absences, qu'elles soient ou non prolongées : accident, problème familial, vacances plus longues que prévues, etc. " C'est dire la nécessité, pour les patrons de PME habitués à tout faire par eux-mêmes, de savoir lâcher du lest. Une configuration que l'on observe plus encore dans les petites entreprises familiales où le dirigeant, souvent une figure patriarcale, est habitué à tout contrôler ", poursuit la coach. Mais comment faire, dans la pratique, pour ne plus se rendre indispensable ? " Déjà, en apprenant à déléguer en toute sérénité, ce qui suppose une condition sine qua non : savoir identifier les bons relais managériaux en interne ", répond la spécialiste. Un travail complexe qui s'organise largement en amont. Car, une fois que vous êtes absent, il est trop tard pour opérer un tel chantier ! " Exit la désignation de tels relais dans l'urgence, confirme Annette Chazoule, responsable des formations management et leadership chez Cegos, organisme de formation. La délégation doit s'inscrire dans le temps, tant la gageure est de pouvoir s'appuyer, in fine, sur une garde rapprochée faisant preuve d'une réelle autonomie. " Vous l'aurez compris, s'appuyer sur des collaborateurs consciencieux et de confiance ne suffit pas, encore faut-il qu'ils aient démontré leur capacité à gérer seuls des situations complexes et surtout inédites. Exemple concluant : lors de la visite inopinée d'un inspecteur du travail, durant votre absence, l'un de vos adjoints a été en mesure d'accompagner l'institutionnel en trouvant les bons registres.