Réseau : comment s'inspirer du travail collaboratif du Rotary
Publié par Joël Rumello le - mis à jour à
Le Rotary apparaît souvent comme un club de notables oscillant entre actions de bienfaisance et réseautage, il fonctionne en fait sur des principes originaux, entre prise ponctuelle de responsabilités, souci constant du travail collaboratif et éthique sociale. Un cocktail qui peut vous inspirer.
"Le Rotary n'est pas un club de copains mais de professionnels, prévient d'emblée Chantal Guedon, gouverneur du district Aquitaine-Charentes. Nous fonctionnons sur une classification par professions et nous essayons de réunir tous les corps de métiers qui comptent sur le territoire. Par exemple, des viticulteurs dans le Bordelais, des représentants de la filière bois dans les Landes, etc. Nous cherchons également à avoir des représentants des métiers manuels. Cette diversité est essentielle car chacun va ensuite apporter ses compétences propres pour monter les actions de la manière la plus complète." En clair, un notaire et un petit patron du BTP apporteront chacun une part différente de la réponse à un même défi. Un souci constant de la complémentarité susceptible de vous inspirer: lorsque vous confiez un nouveau projet à une équipe, mieux vaut additionner les compétences que mettre en compétition des profils identiques.
La responsabilité sociétale avant tout
À chaque fois qu'il doit présenter le Rotary devant une assemblée, Yves Kherkove, gouverneur du district Provence, insiste sur le point 5 de son code de déontologie. "Il dit clairement qu'en tant que rotarien, on s'engage à ne pas solliciter de passe-droits auprès d'un autre rotarien, souligne-t-il. Croyez-moi, on vient au Rotary pour agir concrètement, par exemple pour vendre des clémentines sur les marchés au bénéfice des enfants malades. Celui qui vient pour se faire un réseau s'est trompé d'adresse et il ne reste pas longtemps chez nous..." Une philosophie qui renvoie directement à la Responsabilité sociétale des entreprises (RSE) et à l'impact que votre action de dirigeant a sur le monde qui vous entoure, tant d'un point de vue social qu'environnemental. Et respecter une certaine éthique apporte un supplément d'âme... particulièrement motivant pour ses équipes.
Les présidences du Rotary sont tournantes, pour éviter que le pouvoir ne soit confisqué par une seule personne.
Un leadership tournant
Le Rotary a pour symbole une roue dentée. Ce qui illustre, entre autres, une règle absolue: les présidents de club et les gouverneurs de district changent chaque année, et ne peuvent assumer cette responsabilité qu'une seule fois, pour éviter que le pouvoir ne soit confisqué par une seule personne. "Nous préférons d'ailleurs parler de leadership que de pouvoir, ajoute Chantal Guedon, gouverneur du district Aquitaine-Charentes. Un président de club va vouloir imprimer sa marque, et c'est bien normal. Mais pour ça, il a besoin d'entraîner les autres, de les convaincre. De leur côté, tous les membres du Rotary doivent se mettre au service de projets qui ne sont pas les leurs. Même s'ils sont des leaders dans leur domaine professionnel propre, ils doivent adopter des habitudes de travail collaboratif pour que ça marche." Ce qui, en entreprise, revient à privilégier la délégation de responsabilité ponctuelle et à favoriser la cohésion d'équipe, loin, très loin des organisations pyramidales.
L'origine du Rotary
Le 23 février 1905, Paul Harris, un jeune avocat de Chicago, jette avec trois amis les bases d'un club dont l'ambition est de créer des liens de camaraderie entre hommes d'affaires. Les réunions sont organisées dans les bureaux de chacun des membres, d'où le nom de Rotary. Apolitique et neutre sur le plan religieux, le club se donne bientôt la mission de mener des actions de bienfaisance. Très vite, son succès dépasse l'Illinois, puis les États-Unis. Le premier Rotary français est créé à Paris en 1921.
À savoir
La France compte environ 33 000 rotariens et 1 057 clubs, eux-mêmes regroupés dans 18 districts. Chaque club s'administre librement mais une partie des cotisations - de 300 à 1 500 € par an selon les clubs - est reversée au Rotary international. Lequel, par le biais de la Fondation Rotary, finance des opérations comme PolioPlus, vaste campagne d'éradication de la polio lancée en 1985. Localement, les clubs mènent des actions locales très variées, à caractère éducatif ou humanitaire.