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Formation, licenciement, dialogue social... Comment les patrons veulent réformer le travail

Publié par Amélie Moynot le | Mis à jour le

Dans un livre blanc rendu public en août 2017, 80 chefs d'entreprise livrent leurs recettes pour améliorer la situation de l'emploi et libérer la croissance dans leurs organisations. Morceaux choisis.

Comment améliorer la situation de l'emploi et libérer la croissance des entreprises ? C'est l'une des questions sur lesquelles se sont penchés 80 patrons de TPE, PME et grandes entreprises de tous les secteurs d'activité réunis sur le Queen Mary II pour une traversée événementielle, fin juin 2017.

Fruit de leurs réflexions, un livre blanc1, rendu public fin août, révèle, sur seize thématiques, leurs recommandations pour optimiser la situation vécue au quotidien dans leurs entreprises et, surtout, réduire leur difficulté à recruter dans une période marquée par le chômage.

Un document visant également à influencer les acteurs politiques, économiques et parlementaires parties prenantes dans la réforme actuelle du Code du travail.

Formation

Pour améliorer la formation des candidats et des salariés, les dirigeants préconisent de créer des passerelles entre les mondes de l'école et des entreprises. Favoriser les initiatives de dialogue entre les deux milieux, faire venir les enseignants dans les entreprises et faire entrer les entrepreneurs dans les conseils d'administration des lycées, faciliter les jobs d'été pour les adolescents constituent autant de pistes pour atteindre cet objectif.

Apprentissage

Pas assez valorisé ni développé dans certaines filières, l'apprentissage doit devenir plus attractif et emprunté selon les patrons. Ils préconisent d'abaisser le seuil à 14 ans et d'assouplir certaines interdictions (aujourd'hui, il n'est pas possible pour un jeune couvreur en apprentissage de monter sur une échelle...), de diminuer le coût de l'alternance et de favoriser la venue des enseignants dans les entreprises où sont formés leurs élèves. Ils appellent aussi de leurs voeux la création d'un service entreprise, inspiré par le service civique.

"On n'aura des gens compétents que si on prend le soin de les former", souligne Patrick Neau, p-dg de Vertal, PME de 35 salariés spécialisée dans les produits bio pour l'agriculture, interrogé dans le livre blanc. Si les dirigeants sont prêts à prendre leur part dans cette mission, ils souhaitent que la législation et les pratiques évoluent pour que ces efforts ne soient pas vains.

Licenciement

Si les dirigeants sont prêts à recruter, ils auraient besoin de davantage de souplesse pour gagner en sérénité. "La difficulté de licencier freine les entreprises pour embaucher", souligne le livre blanc. Leurs préconisations : donner de la visibilité sur le coût induit par une rupture de contrat, simplifier les modalités permettant de mettre fin à un contrat, permettre aux entreprises engagées dans un plan de redressement de garder en priorité les salariés jugés les plus à même de contribuer à la reprise de l'activité.

Prudhommes

Sans remettre en cause la nécessité des prudhommes, les chefs d'entreprise aspirent à une réforme en profondeur du système. A leurs yeux, il faudrait harmoniser les jugements rendus sur le territoire pour que les mêmes causes aient les mêmes effets quelle que soit la localisation de la société en France, et pénaliser les procédures "injustifiées".

"Il y a d'autres sujets aux prud'hommes que le motif de la rupture. On a tous connaissance de certaines façons d'agir, dans certaines entreprises. Sur certains sujets, je suis content que les prud'hommes soient là. Un des grands problèmes c'est qu'il y a une grande variabilité des jugements d'un prud'homme à l'autre", témoigne dans le livre blanc Yann Madec, dirigeant de VAL PG, une société d'imprimerie comptant 40 salariés.

Dialogue social

Les dirigeants regrettent les modes de représentation des salariés actuels, jugés "obsolètes et non représentatifs". Ils souhaiteraient des syndicats et des représentants du personnel représentant "une proportion significative" des salariés. Ces syndicats pourraient, par ailleurs, être financés par les cotisations des salariés.

Leur idée serait aussi que les débats se centrent sur les problématiques de l'entreprise et de ses salariés plutôt que des problématiques nationales. Enfin, le digital pourrait permettre de mettre en place de nouveaux moyens de participation directe.

1 " Livre blanc pour l'emploi ", réalisé par le groupe Actual, réseau d'agences d'emploi et de cabinets de recrutement et fournisseur de solutions RH, en collaboration avec le Club des 100, club d'entreprises participant à The Bridge, traversée anniversaire du Queen Mary II sur l'Atlantique. Le livre blanc est principalement constitué de verbatim de dirigeants (mais aussi managers et entrepreneurs) recueillis lors de 25 ateliers organisés lors de l'événement. Il synthétise ensuite des propositions thématique par thématique.

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