Le Royaume-Uni, l'eldorado des PME
Publié par Charles Cohen le - mis à jour à
Étape incontournable pour internationaliser votre activité, le Royaume-Uni s'impose comme un pays tremplin pour nombre de PME françaises. Conseils pour réussir dans ce pays à la fois si proche et si loin de la France.
Droit du travail flexible, politique fiscale peu contraignante, économie dynamique, les arguments ne manquent pas pour inciter les PME françaises à faire du business au Royaume-Uni. Et les chiffres parlent d'eux-mêmes, avec 2 000 sociétés françaises implantées outre-Manche ! " La France est le 1er pays européen (le 3e au niveau mondial) à investir au Royaume-Uni. L'année dernière, nous avons recensé 93 nouveaux projets d'implantation d'entreprises françaises, soit une augmentation de 43 % ", indique Hervé Grella, directeur du marketing et des relations publiques du bureau français de UKTI (UK Trade & Investment).
Taux d'imposition parmi les plus bas d'Europe
Il faut dire qu'avec un taux de croissance à 1,9 % en 2014 (2,7 % prévus en 2015), un taux de chômage de moins de 7,5 % et un taux d'imposition parmi les plus bas d'Europe, la patrie de Shakespeare a de quoi séduire.
" De manière générale, les chefs d'entreprise apprécient la proximité de la capitale londonienne, point d'entrée numéro un du marché britannique, qui regroupe une population démographiquement similaire à la nôtre, un accès au financement attractif et un grand nombre de sièges internationaux ", note Hervé Grella.
Savoir-faire créatif
À cela s'ajoute qu'en débarquant à Londres, une PME ne touche pas seulement les entreprises locales, mais aussi américaines, indiennes, australiennes et chinoises. " En effet, le Royaume-Uni est un formidable tremplin pour réussir à l'international. De par ses liens économiques avec les anciens pays du Commonwealth, il s'impose comme le pays pivot le plus exotique de l'Union européenne ", indique Hervé Ochsenbein, directeur d'Ubifrance Royaume-Uni. Résultat : la compétition y est des plus féroces !
Aussi, pour convaincre les importateurs et distributeurs, encore faut-il faire preuve de pragmatisme ! " Et ce, en développant au maximum sa fibre commerciale ", précise Hervé Ochsenbein, tout en conseillant aux PME de centrer leur argumentaire de vente sur l'aspect différenciant du produit et non sur sa prouesse technologique.
Quid des opportunités phare de business outre-Manche ? " Elles se conjuguent plus que jamais au pluriel, répond Simon Walker, directeur général de l'Institute of Directors, basé à Londres. Dans de nombreux secteurs, la France possède des compétences qui nous font défaut, de la gastronomie au vin, en passant par l'art de vivre, mais pas seulement. Dans les nouvelles technologies et autres secteurs innovants, la France détient un savoir-faire créatif qui trouve sa place dans notre pays. "
"SME Pack"
Ainsi, ce qui attire d'abord les PME françaises, c'est le dynamisme du marché dans des secteurs porteurs comme les biotechnologies, l'énergie, l'information/communication, le transport, les infrastructures, etc. Et pour élargir l'accueil au-delà des grands comptes, et ainsi bénéficier davantage du savoir-faire des PME étrangères, le gouvernement britannique leur déroule désormais le tapis rouge.
Son objectif : booster leur présence sur tout le territoire, au-delà du strict marché londonien, avec le lancement, il y a deux ans, des "enterprise zones", fiscalement attractives, implantées dans des territoires stratégiques (Sud du pays, pays de Galles, Écosse...).
Si David Cameron, le Premier ministre britannique, a déjà déployé un panel de mesures pour simplifier les procédures d'implantation de bureaux d'export ou filiales étrangères, il faut y ajouter un autre formidable coup de pouce : le lancement, en 2013, du SME(1) Pack par la Franco-British Chamber, en partenariat avec UKTI. L'objectif ? " Permettre aux PME dépourvues des ressources suffisantes pour bien calibrer en amont leur stratégie d'export de bénéficier d'une préparation adaptée pour un coût entre 600 et 2 000 euros, variant selon le degré de service proposé : aide à la prise de contact, estimation des marchés, etc. ", détaille Michel de Fabiani, vice-président de la Franco-British Chamber.
UKTI a référencé divers prestataires spécialisés pouvant prendre en charge de A à Z votre implantation : recherche de locaux, de partenaires adéquats, etc. De quoi vous aider sur ce marché concurrentiel aux pratiques de business radicalement différentes des nôtres. Et pour cause : " Le droit britannique diffère du droit français. Ainsi, il n'y a pas de code de commerce : tout doit donc être écrit dans les contrats. D'où la nécessité de se faire conseiller pour éviter les mauvaises surprises, notamment sur des aspects de la vie courante : contrat des employés, bail des locaux de l'entreprise sur place... ", développe Hervé Ochsenbein.
Misez sur les VIE
Pour les entreprises soucieuses de s'implanter en propre, l'autre gageure est d'ordre financier. " Certes, les taxes sont moindres au Royaume-Uni, mais les loyers et les charges courantes sont bien plus élevés, sans oublier les salaires ! ", lance Hervé Ochsenbein.
Pour recruter à moindre coût, une alternative s'impose : miser sur l'embauche d'un candidat en VIE (Volontariat International en Entreprise), le Royaume-Uni étant le troisième pays d'accueil de VIE dans le monde, avec pas moins de 700 recrues. Et pour trouver le profil bilingue adéquat, vous pourrez toujours faire votre marché au sein de la communauté française du pays, forte de quelque 250 000 âmes !
Christine Duval, directrice générale de Moissonnier
Depuis vingt ans déjà, l'ébénisterie Moissonnier, incarnation du luxe et de l'art de vivre à la française, fait de l'Angleterre un de ses marchés stratégiques. Il faut dire que la PME, créée en 1885, a su miser sur un savoir-faire particulièrement exportable. " Nous concevons du mobilier de belle facture largement apprécié par la clientèle étrangère. C'est pourquoi nous réalisons pas moins de 75 % de notre CA hors de nos frontières, l'Angleterre étant l'un de nos pays stratégiques avec la Russie ", développe Christine Duval, directrice générale de la PME. Et pour s'ouvrir les portes du marché britannique, la dirigeante a misé sur le pragmatisme, en nouant des partenariats avec des cabinets d'architecture basés à Londres " forts d'une belle audace créative typique de la culture anglo-saxonne?". Ainsi, l'ébénisterie travaille avec une quinzaine d'agences, " ce qui nous permet de nous imposer dans de gros projets, aussi bien résidentiels qu'hôteliers, pour une clientèle locale mais aussi internationale, notamment russe, saoudienne et chinoise, implantée dans le pays ". Car c'est bien là toute la valeur ajoutée du Royaume-Uni : favoriser le rayonnement de la PME au-delà du seul marché britannique. " Et ce, grâce au fait que Londres s'impose comme un véritable hub propre à favoriser notre ouverture sur le monde ", se réjouit la patronne de Moissonnier, qui prévoit d'ores et déjà l'ouverture, dans deux ans, d'un showroom dans la capitale anglaise.
Moissonnier
Activité : fabricant de mobiliers anciens;
Ville : Bourg-en-Bresse (Ain);
Forme juridique : SAS;
Dirigeants : Jean-François Perche, 63 ans et Christine Duval, 44 ans;
Année de création : 1885;
Effectif : 37 collaborateurs;
CA 2013 : NC.
(1) SME : Small and Medium Enterprises (en anglais) : PME.