Gazole/électricité : comment passer l'hiver sereinement ?
Publié par Nicolas Valeano le - mis à jour à
Entre augmentations tarifaires, risques de pénuries et injonctions aux économies d'énergies, les entreprises sont à la veille d'un hiver passé sous des conditions redéfinies. Voici quelques pistes pour mieux traverser cette période cruciale.
Comme dans nombre de périodes de crise, c'est une conjonction de solutions qui permet d'en limiter l'impact sur la vie d'une entreprise, surtout dans les moment les plus délicats. Et avec la crise de l'énergie, l'hiver approchant, c'est justement vers ce type de situations que nous allons tout droit... Les incertitudes déclenchées par la guerre en Ukraine, les déséquilibres de plus en plus criants au sein de l'Europe concernant les énergies, ainsi que les nécessaires adaptations à la transition énergétique et l'amélioration inéluctable du bilan carbone ont un mérite : elles avancent de concert. Ainsi, réduire ses besoins énergétiques est à la fois un réflexe de survie économique, vertueux pour l'environnement et qui peut présenter des avantages d'un point de vue géopolitique. Mais une fois cela posé, les postes en question sont nombreux et nécessitent des actions de différents types, alors que le plan de résilience économique et sociale est en place. Il prend la forme de subventions qui bénéficient aux entreprises dont les dépenses de gaz et d'électricité représentent une part élevée des charges, au moins 3 % du chiffre d'affaires, et qui du fait du renchérissement de leurs dépenses en énergie, deviendraient déficitaires en 2022.
Les dépenses énergétiques d'une entreprise
Prenons l'exemple d'entreprises de services, échappant à la lourde conversion d'un outil de production nécessitant des investissements très conséquents. Pour atteindre un objectif de 10 % de réduction des dépenses énergétiques, une entreprise doit faire feu de tout bois (si on peut dire...) et chacune doit établir son propre plan de sobriété et nommer un ambassadeur dédié. C'est l'occasion de passer en revue tous les postes de dépenses énergétiques de l'entreprise, les sources de gaspi n'étant pas forcément situées où on les croit. Rémy Bourdier, président de la Fédération Réseau Entreprendre, explique comment cette crise impacte la gestion des entreprises de son réseau : " Ce que je remarque en tant que président de la Fédération Réseau Entreprendre, mais aussi en tant que chef d'entreprise, c'est que cette crise de l'énergie permet surtout une prise de conscience exacerbée, au niveau collectif et individuel, des entrepreneurs que nous accompagnons, peu importe leur secteur et peu importe si leur production est directement ou indirectement touchée. Nos entrepreneurs regorgent d'idées pour aller vers la décarbonation et une transition énergétique durable, par exemple équiper l'entreprise d'une flotte automobile 100 % électrique ou a minima de véhicules hybrides. Certaines entreprises encouragent également leurs salariés à adopter le vélo comme moyen de transport pour se rendre sur leur lieu de travail par le biais de flotte d'entreprises ou en mettant à leur disposition des bornes de recharges pour vélos électriques qui fonctionnent avec de l'énergie photovoltaïque. D'autres favorisent le télétravail et les visios pour diminuer les trajets et de fait la consommation d'énergie et minimiser les émissions. "
Isolation et gestion de température
Parmi les postes de potentiel d'amélioration les plus évidents, l'isolation est un des points de départ : s'épargner de consommer ce que l'on peut éviter. Tout dépend des locaux en question, mais notamment dans des bâtiments vétustes, la pose de doubles vitrages ou simplement de fenêtres modernes peut améliorer nettement l'efficience énergétique. La fixation d'une température inférieure (typiquement : 19°C) a fait l'objet de beaucoup de communication à destination des particuliers, mais les gains que cela permet sont les mêmes en entreprise et il n'y a aucune raison de se priver de cette source d'économies facile à mettre en action. Les moyens de chauffage utilisés sont aussi naturellement des leviers, avec la possibilité d'un passage à un système de pompe à chaleur ou de chaudière biomasse. Le développement de bâtiments intelligents permettant une gestion fine de leur usage est une autre piste d'amélioration du bilan énergétique. Mais il s'agit aussi de convaincre les employés du bien-fondé des actions au quotidien et de leur incidence réelle, comme le précise M. Bourdier : " Ce n'est plus un sujet tabou entre les chefs d'entreprise et leurs salariés, ça peut par exemple passer par ouvrir le débat au sein de l'entreprise, rendre publique la consommation d'énergie en interne pour réaliser concrètement ce que l'entreprise consomme. Toutes actions de sensibilisation sont bonnes à prendre. Il y a aussi de petites actions très basiques qui permettent de réduire de 10 % notre consommation d'énergie : éteindre les lumières du bureau et son ordinateur le soir, débrancher sa multiprise, baisser la température du chauffage la nuit lorsque personne n'occupe les lieux... Il faut faire appel au bon sens et au pragmatisme pour que ces petits gestes deviennent des réflexes du quotidien. Les collaborateurs de la Fédération Réseau Entreprendre ont d'ailleurs participé à un challenge sur les éco-gestes au bureau. "
Les véhicules, sources de nombreux gaspis
Autre gros poste d'économies, les flottes de véhicules. De nombreux facteurs entrent là aussi en compte pour limiter les augmentations des factures, avant même de passer à l'investissement dans de nouvelles flottes plus vertueuses. "Le secteur du transport et de la logistique est parmi les plus gros consommateurs de carburant, avec 15 % partant en gaspillage, voire jusqu'à 35 % dans le secteur du BTP, la collecte et le transport de déchets," explique Eric Elkaim, PDG de l'entreprise Fleetenergies, qui défend sa spécialité : "un reporting précis et des mesures de ce qu'on consomme, qui permettent d'aller plus loin. Pour économiser il faut savoir mesurer." Par exemple, il explique que certaines entreprises, comptant de nombreux sites géographiques y encouragent les pleins à coups de compléments (pour rappel, un PL peut embarquer entre 800 et 1500 litres). Cette quantité de carburant en permanence dans réservoir se traduit en un poids mort représentant 6 à 7 % de la consommation, et donc de coûts supplémentaires et d'émissions de CO2, alors qu'il serait possible de ravitailler de manière plus stratégique, précisément en fonction des trajets à venir, comme le font les avions pour éviter toute surcharge inutile, incluant naturellement une indispensable marge de sécurité.
D'autres mauvaises pratiques sont à noter, parfois plus du côté des utilisateurs, comme l'usage du moteur à l'arrêt et autres formes de gaspillage, notamment l'absence d'éco-conduite (3 % de réduction potentielle après une formation adéquate). Autre problème, en hausse exponentielle ces temps-ci, la fraude et le vol de carburant, qui peuvent être eux aussi spécifiés par les solutions de quantification du carburant dans le réservoir proposées par Fleetenergies.
Au final, c'est donc bien un train de mesures qui permettra d'optimiser au mieux les consommations énergétiques. Une manière de passer au mieux le cap d'un hiver de tous les dangers, tout en préparant l'avenir à plus long terme au fil de la transition énergétique.