[Tribune] Que pouvez-vous faire ou ne pas faire avec l'argent de votre entreprise?
Publié par Thomas Rivoire le | Mis à jour le
Le dirigeant peut penser à tort qu'il dispose librement des fonds qu'il a investis dans sa société. C'est notamment pour cette raison que la répression de l'abus de biens sociaux est mal comprise par les chefs d'entreprise. Quand une dépense est-elle qualifiée de litigieuse? Quels sont les risques?
Si certaines dépenses peuvent être prises en charge par votre entreprise, d'autres ne peuvent pas l'être. En tant que dirigeant de TPE ou de PME, vous êtes confrontés à une législation stricte que constitue le délit d'abus de biens sociaux (ABS). Pour éviter d'être sanctionné pénalement, il est donc essentiel de vous prémunir contre les risques de commettre une telle infraction.
Qu'est-ce que l'abus de biens sociaux ?
Pour éviter de commettre un abus de biens sociaux, il convient de bien en comprendre la définition. Le délit d'abus de biens sociaux concerne les dirigeants de sociétés de capitaux (SA, SARL...). Concrètement, il s'agit des gérants, présidents, administrateurs, directeurs généraux, membres du directoire et du conseil de surveillance, ainsi que toute personne qui exerce la gestion, la direction ou l'administration de la société. Il ne peut s'agir que de personnes physiques.
La loi, et plus précisément le Code de commerce, définit l'abus de droit comme le fait, pour les dirigeants d'une société, "de faire de mauvaise foi, des biens ou du crédit de la société, un usage qu'ils savent contraire à l'intérêt de celle-ci, à des fins personnelles ou pour favoriser une autre société ou entreprise dans laquelle ils sont intéressés directement ou indirectement".
En d'autres termes, il faut retenir trois éléments cumulatifs pour qualifier un acte anormal de gestion :
Les sanctions
Que risque le chef d'entreprise en se rendant coupable d'un abus de bien social ? La loi prévoit une sanction pénale très sévère, pouvant aller jusqu'à 5 ans de prison et 375 000 euros d'amende pour le dirigeant, quand bien même il restituerait les sommes dépensées.
Mais la sanction peut également prendre une dimension fiscale : dans la mesure où la dépense litigieuse réduit le bénéfice imposable de la société, cette dernière sera par conséquent moins imposée sur ses revenus. L'administration fiscale, dans un souci d'égalité, sanctionne ces dépenses qu'elle considère comme "anormales", parce qu'elles sont contraires à l'intérêt de la société. Dès lors, elle les réincorpore dans la masse imposable de l'entreprise et prélève l'impôt comme si la dépense n'avait pas été engagée. En effet, il serait inéquitable qu'une société n'ayant pas engagé de dépenses abusives soit plus imposée qu'une société litigieuse. Cette procédure de l'acte anormal de gestion est donc la répercussion fiscale directe de l'abus de biens sociaux.
L'auteur
Thomas Rivoire, est diplômé HEC et Diplômé Notaire, directeur Général de LegaLife, une société d'accompagnement en ligne pour les particuliers et les entrepreneurs.