[Étude de cas] Stimergy réconcilie transition énergétique et transition numérique
Publié par Carine Guicheteau le | Mis à jour le
Dépenser de l'énergie pour refroidir des salles de serveurs, une aberration pour Christophe Perron, dirigeant de Stimergy, qui a donc conçu une chaudière numérique capable de capter la chaleur émise par les serveurs informatiques pour produire de l'eau chaude.
Alors qu'une étude vient de révéler qu'Internet pollue autant que les avions, selon la Global e-sustainability initiative, les data centers des géants du web étant responsables de 2% des émissions de CO2 dans le monde, l'initiative de la société Stimergy prend tout son sens. Son produit ? Une chaudière numérique qui utilise la chaleur émise par les serveurs informatiques pour produire de l'eau chaude sanitaire.
Concrètement, les serveurs sont plongés dans un bain d'huile, non conducteur de l'électricité, qui récupère les calories qu'ils émettent pour chauffer l'eau. "Le refroidissement par immersion existait déjà, admet Christophe Perron, fondateur et dirigeant de Stimergy. En revanche, c'est la première fois que l'on s'en sert en tant que source de chaleur pour l'eau chaude sanitaire. Cela peut aussi fonctionner pour le chauffage, mais l'avantage de l'eau chaude, c'est que l'on en a besoin toute l'année."
Un prototype a été installé dans un immeuble résidentiel de l'Opac38 à Grenoble et la commercialisation a réellement débuté en janvier 2015. La solution écologique de Stimergy équipe déjà l'université Jean Moulin Lyon 3 et, bientôt, une résidence étudiante de 110 logements sur Grenoble, qui peut ainsi espérer économiser la moitié de sa consommation en eau chaude. Universités, gestionnaires d'immeubles, hôtels ou encore entreprises peuvent bénéficier de la chaudière numérique, grâce à leurs propres serveurs ou à ceux de la start-up, ou tout simplement louer la capacité de calcul des grappes de serveurs responsables de Stimergy.
Fin du gaspillage énergétique et économies financières
L'avantage premier de la solution de Stimergy est financier. "Un serveur puissant peut produire 80 litres d'eau chaude par jour, soit la consommation de deux adultes et un enfant, illustre le dirigeant. Par ailleurs, la consommation en électricité de la salle dédiée aux serveurs est divisée par deux, la climatisation n'étant plus nécessaire."
Bénéfice complémentaire : la durée de vie des serveurs est allongée, grâce à l'absence de ventilateurs, qui émettent des vibrations sur les cartes et sont responsables du vieillissement prématuré du matériel, et à l'huile qui limite les variations de températures.
Des avantages qui ont valu à la start-up de remporter le concours HappyCity organisé notamment par Nexity et le Grand prix du concours Énergie intelligente d'EDF, en 2013. "Ces récompenses m'ont apporté crédibilité sur le marché et visibilité dans les médias, souligne Christophe Perron. Mais aussi des contacts avec des collaborateurs d'EDF qui m'ont permis d'avancer sur mon modèle d'affaires."
Frapper aux bonnes portes, l'entrepreneur sait faire et il a su s'entourer : l'organisme public de recherche INRIA l'a accompagné sur le développement logiciel de sa solution, le consortium européen Kic InnoEnergy lui fournit un écosystème business, un soutien financier et des locaux, le conseil général de l'Isère lui a accordé une subvention, l'Ademe est également de la partie...
Le dirigeant a également noué des partenariats industriels. Car, si les chaudières numériques sont écologiques, elles seront également fabriquées en France, à Grenoble plus précisément, grâce notamment à des entreprises locales.
Cap sur l'industrialisation, l'international et la rentabilité
Enfin, pour accélérer son développement commercial et mener à bien ses nombreux projets, la start-up est en train de finaliser sa première levée de fonds. "Cela nous permettra de continuer nos efforts en R&D, de passer un cap en termes de commercialisation et d'industrialisation, se félicite le dirigeant. Nous sommes également, en ce moment, en pourparlers avec un distributeur d'un pays limitrophe. 2016 devrait être l'année de nos premiers pas à l'international. Notre objectif est d'atteindre la rentabilité d'ici à trois ans."
Repères
Raison sociale : Stimergy
Activité : constructeur d'infrastructure numérique et écoresponsable
Ville : Monteynard (Isère)
Forme juridique : SAS
Dirigeant : Christophe Perron, 36 ans
Année de création : 2013
Effectif : 4 personnes
CA 2014 : NC