Transmissions de PME : priorité aux opérations externes à la famille et rejet massif de la loi Hamon
Publié par Charles Cohen le | Mis à jour le
Selon le dernier baromètre de l'observatoire CNCFA Epsilon, la France affiche un taux de transmissions intrafamiliales de PME largement en deçà de celui de ses voisins européens. Par ailleurs, la plupart des répondants manifestent un rejet massif de la loi Hamon, en cours d'adoption.
Exactement 5200. C'est le nombre de cessions-transmissions de PME (20-249 salariés) effectuées en 2013 selon le dernier baromètre de l'observatoire CNCFA Epsilon. Un nombre d'opérations légèrement en hausse (7 %) par rapport à 2012 (même si, en valeur, le marché tourne toujours au ralenti, stagnant à 2 milliards d'euros contre 4 milliards avant la crise). Parmi les opération réalisées, 75 % sont des cessions (soit 3900, dont 60 % s'opèrent dans des PME de 20 à 49 salariés). Les 25 % restants étant des transmissions intrafamiliales (soit 1300).
Faible part des transmissions internes à la famille
Si les dirigeants de PME privilégient les transmissions externes à la famille, 47 % anticipent comme premier repreneur potentiel un concurrent (pour ceux envisageant une telle opération dans les deux prochaines années), 47 % une personne physique hors de la famille, 37 % une autre entreprise et 26 % un salarié de l'entreprise.
Alors que la part des transmissions intrafamiliales envisagées à long terme (34 %) reste faible, les dirigeants anticipent davantage (50 %) une transmission aux descendants directs lorsque la PME a été héritée ou lorsqu'un autre membre de la famille (hors conjoint) y occupe un poste opérationnel. Par ailleurs, plus l'échéance de la transmission se rapproche, moins l'option d'une transmission interne à l'entreprise se réduit (de 34% à 25%).
Absence de repreneurs parmi les descendants
"Un taux de transmissions intrafamiliales largement en deça de celui de bon nombre de pays européens. Par exemple, en Allemagne, il est deux fois plus élevé, atteignant 51 %, et en Italie, le chiffre caracole à 80 % !, constate Grégoire Buisson, dirigeant-fondateur du cabinet Epsilon Research, et les causes d'un tel phénomène sont multiples : modèle de la famille française plus individualiste, pression fiscale plus importante, etc. ". Ainsi, pour 50 % des répondants, l'absence de repreneurs parmi les descendants constituerait le principal frein à la transmission intrafamiliale, suivie de la la difficulté d'assurer une transmission équitable (24 %) ou encore la nécessité de vendre pour vivre correctement par la suite (23 %).
Résultat notable de l'étude : 100 % des répondants considèrent que le projet de loi Hamon (imposant aux dirigeants une obligation préalable d'information du personnel quant à une opération de cession) n'augmentera pas le nombre de reprises de PME par des salariés, déjà très marginal aujourd'hui.
Rejet massif de la loi Hamon
Manifestant un rejet massif de la loi, 90 % des répondants jugent qu'elle va, en outre, remettre en cause la confidentialité au sein de l'entreprise, 78 % qu'elle va aggraver le retard des dirigeants à céder leur société, 62 % qu'elle va allonger la durée du processus de cession, et 37 % qu'elle va même baisser le nombre de cessions de PME en France ! Un phénomène qui pourrait avoir un effet plus néfaste encore : rallonger les cycles de renouvellement des dirigeants de PME (et, ainsi, leur âge moyen) à l'heure où l'économie française a plus de que jamais besoin d'être redynamisée.