Présidentielle : l'ultime assaut des petits patrons avant l'élection
Publié par Marion Perroud le - mis à jour à
Accès au financement, relance de la compétitivité, refonte du code du travail, simplification des tâches administratives… Les appels aux candidats des chefs d'entreprise et de leurs représentants se sont multipliés ces dernières semaines. État des lieux des principales propositions avancées.
« Nous votons pour nos entreprises, elles ne sont ni de gauche ni de droite », interpelle le titre du manifeste du Mouvement Ethic (Entreprises de taille humaine indépendantes et de croissance). Publié le 24 avril, il présente 20 mesures d’urgence à prendre durant le prochain quinquennat, qui s’articulent autour de trois axes : la performance des entreprises, la compétitivité de l’État et l'équilibre entre vie privée et vie professionnelle pour les salariés. Parmi les propositions, la mise en place d’un contrat de travail unique, le plafonnement des dommages et intérêts à 3 fois le plafond de la Sécurité sociale, la modification de l’assiette des taxes assises sur les salaires en les calculant sur la valeur ajoutée ou encore la généralisation de la garantie risques locatifs à tous les salariés…
L’appel du mouvement Ethic rejoint ainsi la longue liste des Livres blancs, manifestes, propositions et pétitions en faveur des TPE/PME. Une chose est sûre, dans ce contexte économique, budgétaire et politique incertain, la mobilisation des porte-voix des TPE/PME est plus forte que jamais. Syndicats patronaux, réseaux d'accompagnement, associations de dirigeants… Les appels sont multiples mais le constat reste le même : les doléances des petites entreprises ne sont concrètement portées par aucun candidat.
À quelques jours de l’élection présidentielle, voici quelques-uns de leurs fronts d’action et de réflexion (non exhaustifs) développés lors de la campagne :
Ceux qui plaident pour une réforme globale du système économique en faveur des PME :
- La CGPME a adressé aux candidats “Cap France PME 2012-2017”, qui liste 40 mesures pour instaurer un climat favorable aux PME.
- Dans ce même esprit, 100 patrons de TPE/PME se sont mobilisés en avançant 33 propositions concrètes pour booster la compétitivité des PME françaises.
- L'association Croissance Plus a également avancé 30 propositions « pour changer la France, pour restaurer notre compétitivité fiscale et sociale, favoriser l’émergence d’entreprises de taille intermédiaire afin de dynamiser notre tissu économique et faire de la France le pays de la connaissance, de l’innovation et de l’entrepreneuriat ».
- Le Mouvement des entrepreneurs sociaux défend, entre autres, le soutien du “made in France” comme réponse à la crise. Pour cela, explique son président Christophe Chevalier, « il faut créer les conditions d’accueil pour faire revenir les industriels en France ».
- Avec son livre programme “Besoin d’aire”, Laurence Parisot, la patronne du Medef, appelle plutôt à inscrire le développement des entreprises françaises au cœur d’un fédéralisme européen assumé.
- Une compétitivité qui, selon l’Ordre des experts comptables, doit aussi passer par une refonte des régimes fiscaux des entreprises. Dans leur Livre blanc, ils en appellent à une simplification, une clarification et une harmonisation des démarches administratives.
Ceux qui défendent la création d'entreprise :
- Frédéric Cameo Ponz, président du réseau des Boutiques de gestion (BGE), l’affirme, les TPE sont la clé de la croissance de demain. Pour développer ces entreprises, il est urgent selon lui de les considérer à leur juste valeur. Démonstration en huit étapes.
- Le comité Richelieu soutient quant à lui la création un statut d’Entreprise d’Innovation et de Croissance (EIC) pour miser sur la création de start-up innovantes.
- Les TPE sont également défendues par le Conseil du commerce et l’Union professionnelle artisanale (UPA) qui n’ont pas manqué de faire entendre leur voix.
- L’Union des auto-entrepreneurs propose de son côté de faire évoluer le régime de l’auto-entrepreneur à travers six axes d’actions. Les buts : mieux encadrer le statut d’auto-entrepreneur tout en incitant à l’auto-entrepreneuriat.
- Face au durcissement de l’accès au crédit bancaire et à l'insuffisance des aides publiques, la Fédération nationale des business angels suggère de développer un large réseau d’investisseurs privés.
Ceux qui soutiennent le développement d’une entreprise plus solidaire et citoyenne :
- « Nos propositions permettent d’entrer, sans tabou, dans un cycle vertueux remettant en question l’ensemble de nos politiques économiques, écologiques, sociales et fiscales, pour une croissance de la qualité de la vie dans le respect de la nature et de la dignité humaine… », précise le Livre blanc du Cercle des jeunes dirigeants (CJD), qui plaide pour une croissance durable et des entreprises respectueuses de l’homme et de l’environnement.
- L’association de dirigeants Entreprise et Progrès promeut quant à elle un rééquilibrage entre valeur actionnariale et entrepreneuriale.
- Le groupement PME finance propose par ailleurs l’adoption d'une Déclaration universelle des droits et devoirs de l’entrepreneur. L’idée étant de replacer l’utilité sociale de l’entreprise au centre du processus de production.
Pour l’heure, les deux candidats en lice, François Hollande et Nicolas Sarkozy, se sont chacun engagés à prendre des mesures symboliques pour soutenir les TPE/PME. Reste à savoir si ces promesses seront suivies d’effet. Pour que cette dynamique ne s’essouffle pas au lendemain du second tour, certains redoublent d’efforts. Ainsi la CGPME a lancé une e-pétition qui restera ouverte après le 6 mai. L’objectif : mobiliser les internautes pour sensibiliser le futur président au rôle-clé des petites entreprises dans la France de demain.