Les patrons veulent "décadenasser" leurs entreprises
Publié par Julien van der Feer le | Mis à jour le
Près de 10 000 dirigeants ont manifesté leur ras-le-bol dans les rues de Paris et Toulouse, lundi 1er décembre 2014, à l'appel de la CGPME. Une première depuis le vote de la loi sur les 35 heures, il y a 15 ans.
"L'heure est grave. Les patrons nous disent depuis des mois qu'ils n'en peuvent plus. C'est à leur demande que nous sommes descendus dans la rue." Voilà comment Jean-François Roubaud, président de la CGPME, organisation patronale à l'origine de la manifestation des dirigeants de TPE et PME qui a eu lieu lundi 01 décembre 2014 à Paris et Toulouse, décrit l'état d'esprit de ses militants.
Malgré le temps froid et maussade, l'appel à la manifestation n'a pas découragé les petits patrons. Bien au contraire! La CGPME estime avoir mobilisé près de 10 000 dirigeants, environ 6 000 à Paris et 4 000 à Toulouse. Au total, près de 50 fédérations professionnelles étaient dans la rue. Parmi les manifestants, deux dirigeants du bâtiment, membre de la FFB, à la tête d'entreprises d'une quarantaine de salariés, affirmant "être au bout du rouleau" et souhaitant "être enfin entendus par le gouvernement".
Il faut dire que cet appel à descendre dans la rue est rarissime. La dernière manifestation patronale de cette nature date de la loi sur les 35 heures, il y a 15 ans. Si les petits patrons ne sont pas habitués à arpenter le bitume, ils avaient tout de même à leur disposition tout l'arsenal du bon manifestant : mégaphones, pétards, sono, gilets fluorescents... et surtout des slogans forts sur leurs banderoles ("Mettez nous aux ministères, nous, on saura gérer vos affaires!" ou bien encore "Quand vous aurez fini de plumer ceux qui bossent, qui paiera vos salaires?").
Décadenasser les entreprises
Pour symboliser leur ras-le-bol, les dirigeants ont pris pour symbole le cadenas. La raison ? "Les entreprises sont entravées par des mesures inapplicables, comme le compte pénibilité, la loi Hamon sur la transmission des PME ou bien encore l'impossibilité d'embaucher une personne à temps partiel à moins de 24 heures hebdomadaires (sauf accord de branche, NDLR)", grogne Jean-François Roubaud. Une analyse partagée par deux militants de la CGPME d'Aix-Marseille, souhaitant "défendre leurs valeurs pour faire avancer l'économie française."
Ces revendications ont été portées directement à Emmanuel Macron, ministre de l'Économie, à l'issue de la manifestation. Parallèlement, les cadenas ont été installés sur les grilles de Bercy.
"Nous n'avons pas la même culture"
Pour leur part, le Medef et l'UPA ont préféré mener d'autres actions, chacun de leur côté. Une décision que regrette Jean-François Roubaud qui aurait préféré "un consensus autour de la manifestation", mais qui admet "ne pas avoir la même culture syndicale".
Ainsi, le Medef souhaite "une mobilisation qui se veut à la fois positive, républicaine et pédagogique" avec des réunions de militants et une mobilisation sur les réseaux sociaux. Quant à l'UPA, l'organisation patronale publiera une lettre à François Hollande dans 60 quotidiens le mardi 2 décembre, et organisera un tour de France, en autocar, dans sept grandes villes. Par ailleurs, Croissance Plus, le Centre des jeunes dirigeants d'entreprise ainsi que le syndicat des ETI formulent au gouvernement cinq propositions pour créer un environnement favorable au retour à la confiance. La grogne des patrons ne semble pas prête de retomber.