Frédérique Clavel : "Non à l'inquisition, oui à l'encouragement des entrepreneurs"
Publié par Marion Perroud le | Mis à jour le
Pendant trois mois, Frédérique Clavel a coordonné les Assises de l'entrepreneuriat. Résultat : 44 propositions remises à Fleur Pellerin début avril. Alors que le gouvernement est sur le point de dévoiler ses mesures pour doper la création d'entreprise, elle défend les ambitions de ces assises.
D'ici début mai, le gouvernement doit dévoiler les grandes mesures qu'il a retenues des Assises de l'entrepreneuriat, lancées en janvier dernier. Fiscalité, accompagnement du chef d'entreprise, développement à l'international, aide au financement, sensibilisation des jeunes à la création d'entreprise... Pendant trois mois, plus de 350 experts (entrepreneurs, syndicats, représentants des ministères...), ont ainsi planché au sein de neuf groupes de travail, sur comment stimuler l'entrepreneuriat français et améliorer l'accompagnement du créateur d'entreprise. Résultat : 44 propositions remises le 9 avril dernier à Fleur Pellerin, ministre déléguée chargée des Petites et Moyennes Entreprises, de l'Innovation et de l'Économie numérique.
À la veille de l'annonce du gouvernement, la coordinatrice des Assises de l'entrepreneuriat revient pour Chefdentreprise.com sur le déroulé, les débouchés et les enjeux de ces trois mois de débats. Pour elle, il n'y a plus de temps à perdre. Après la réflexion, "il faut rapidement passer à l'action", martèle-t-elle.
Quel bilan tirez-vous de ces trois mois de discussions ? Dans quel cadre les 44 propositions remises au gouvernement ont-elles émergé ?
Frédérique Clavel, coordinatrice des Assises de l'entrepreneuriat : Les débats ont été animés, ce qui est plutôt bon signe et très constructif. Il y a bien sûr des injonctions contradictoires entre, d'un côté, un gouvernement qui a besoin d'argent et, de l'autre, des entrepreneurs qui ne veulent pas être pénalisés alors qu'ils prennent des risques. Ces propositions ne sont pas pour autant le fruit d'un consensus mou. Face à la gravité de la situation économique, nous devions sortir des polémiques stériles en alliant nos forces. Chaque mesure a ainsi été préemptée par l'ensemble des participants. La balle est désormais dans le camp du gouvernement, qui devrait se prononcer d'ici le mois prochain.
Justement, sur quels leviers prioritaires le gouvernement devrait-il s'appuyer aujourd'hui pour soutenir les chefs d'entreprise et atteindre le "choc de compétitivité" défendu par François Hollande ?
F. C. : La croissance et l'emploi ne reviendront que par un entrepreneuriat conquérant et pérenne. Le chef d'entreprise représente, selon moi, le chevalier des temps modernes. Il a besoin qu'on le soutienne dans sa prise de risque et, plus simplement, qu'on l'aime. L'aide au financement, l'accompagnement du créateur, la fiscalité, la simplification administrative... Ces dimensions sont bien sûr très importantes mais elles intègrent un tout. Elles reflètent un état d'esprit d'ensemble qui pour moi se résume en une phrase : "Non à l'inquisition, oui à l'encouragement". Les assises s'inscrivent tout à fait dans cette dynamique.
Ne craignez-vous pas que ces propositions débouchent au final sur des mesurettes et des effets d'annonce sans suite ?
F. C. : L'objectif des assises n'est pas de publier un livre blanc de 44 suggestions, mais bien de mettre en oeuvre des actions concrètes dans le cadre d'une politique globale de l'entrepreneuriat et d'un calendrier précis. Chaque proposition a été objectivée et budgétée afin d'être immédiatement appliquée. Par ailleurs, tous les entrepreneurs qui ont participé au débat, ont investi du temps et de l'énergie dans ce projet. Ce n'est certainement pas pour que cela débouche sur des "mesurettes". Ils sont d'ailleurs très motivés pour que le résultat de leur travail aboutisse sur du concret. Selon moi, le vrai travail des assises ne fait que commencer.
Pour aller plus loin
- Frédérique Clavel, une pionnière au chevet des créateurs d'entreprise