Comment les patrons français se préparent à affronter les enjeux du XXIe siècle
Publié par Marion Perroud le | Mis à jour le
Situation économique du pays, mondialisation, RSE... Comment les dirigeants français intègrent-ils les enjeux actuels à leur stratégie d'entreprise ? L'Association progrès du management et Oprinion Way ont mené l'enquête. Tour d'horizon des principaux enseignements de l'étude, publiée le 21 octobre.
Conquérir de nouvelles parts de marché, monter en gamme, exporter, développer son écoresponsabilité, transformer son organisation managériale... Face aux nombreuses mutations économiques actuelles, les chefs d'entreprise français ne se laissent pas abattre.
Certains innovent, d'autres bousculent leur business model. Tous repensent leurs modes de fonctionnement pour saisir les opportunités et rester compétitifs. Voici ce qui ressort de l'enquête "Les nouvelles voies pour entreprendre", réalisée par l'Association progrès du management (APM), en partenariat avec Opinion Way, publiée le 21 octobre 2013.
Quelle est leur perception de leur écosystème ? Quelles sont leurs priorités stratégiques pour se développer ? Sur quels leviers de croissance investissent-ils ? Intègrent-ils leur responsabilité sociétale et le bien-être de leurs salariés dans leurs choix ou restent-ils focalisés sur les seules performances financières de leurs sociétés ? Réponses détaillées point par point.
Des patrons confiants pour leur entreprise mais pas pour la situation économique du pays
Si plus de la moitié des dirigeants (57 %) s'estiment confiants concernant les perspectives d'évolution de leur entreprises pour les six prochains mois, ils sont quatre sur cinq à se déclarer inquiets, voire très inquiets, pour l'économie du pays sur cette même période.
À noter que les entrepreneurs à la tête de petites entreprises se montrent nettement moins optimistes que les autres. À titre d'exemple, seuls 42 % des chefs d'entreprises de 10 à 49 salariés se montrent confiants pour leur secteur d'activité contre 70 % des dirigeants de sociétés de 50 à 249 collaborateurs.
Consolider son offre plutôt qu'innover
Le renforcement de l'offre de produits et de services apparaît comme la priorité n°1, pour rester compétitif dans une économie mondialisée. L'amélioration de la qualité des produits et services et la diversification de l'offre arrivent ainsi en tête des préoccupations de plus de quatre dirigeants sur cinq.
La course au prix le plus bas ne semble pas, en revanche, représenter un axe de croissance viable pour la grande majorité des dirigeants français interrogés. Ils sont en effet à peine un sur dix à miser en priorité sur le développement d'une offre low cost pour consolider leur activité.
Par ailleurs, si le développement de la politique sociale de l'entreprise représente un enjeu important pour près de neuf dirigeants sur dix, un sur cinq le considère comme réellement prioritaire.
Les patrons préfèrent dans l'ensemble d'abord privilégier la simplification de l'organisation (76 %) et la recherche de nouveaux marchés nationaux (68 %).
La stratégie de la grande majorité des dirigeants est donc plutôt de renforcer son modèle et son organisation (pour 82 % des sondés) que de se repositionner en cherchant de nouveaux modes de production, de nouveaux process ou en innovant.
L'international n'est pas une priorité
Un positionnement qui explique en partie le faible intérêt des patrons français pour la conquête de parts de marché à l'international. 60 % ne la considèrent pas comme un levier de développement important ou prioritaire pour l'avenir. Ils ne sont d'ailleurs que 32 % à générer une partie de leur chiffre d'affaires à l'étranger.
Contrairement à une idée reçue, les PME (moins de 250 salariés) ne sont pas les moins frileuses concernant le développement à l'export. Elles sont en effet plus de trois sur dix à être présentes à l'international, au même titre que les ETI de 250 à 499 salariés (32 %).
Développer de nouveaux marchés, recruter des profils internationaux et devenir sous-traitant d'entreprises étrangères, voici les trois priorités stratégiques les plus courantes des entreprises exportatrices. Parmi les marchés les plus visés, on retrouve en tête les économies de l'Union européenne (67 %), suivis des pays frontaliers (57 %), de l'Afrique (24 %) ou encore de l'Asie (23 %).
Responsabiliser davantage les salariés
70 % des chefs d'entreprise affirment avoir dû adapter leur stratégie managériale à la conjoncture économique actuelle. Renforcement de la formation des salariés, amélioration de l'autonomie de travail des collaborateurs, information interne plus régulière sur la situation économique de l'entreprise et plus grande implication des managers à la stratégie de la société arrivent en tête des actions mises en place.
Peu de dirigeants investissent dans l'instauration de services pour leurs salariés (28 % des sondés) ou dans l'amélioration de la flexibilité de leurs horaires via des dispositifs comme le télétravail (30 %).
Recherche de profit VS intérêt général : un difficile équilibre à trouver
Si pour la majorité des chefs d'entreprise (63 %), la création de valeur économique est globalement compatible avec la création de valeurs au sens moral (utilité sociale, intérêt collectif, démocratie interne...), la situation semble plus mitigée à l'échelle de leur propre société.
En effet, la moitié des dirigeants interrogés avouent rencontrer des difficultés assez importantes, voire très importantes, à concilier leur recherche de profit et l'intérêt général.
Les PME plus sensibles à la RSE
Améliorer ses pratiques sociales ou environnementales représente un gage de performance pour l'entreprise, selon 58 % des sondés. Ainsi, près de 70 % des sociétés ont fait évoluer leurs process sur le plan de la gestion des déchets, des économies d'énergie ou des déplacements des salariés. 32% d'entre eux notent que ces changements ont eu un impact positif sur leur productivité.
Lorsqu'il s'agit d'évaluer les performances de leur entreprise, la majorité des dirigeants affirment d'ailleurs s'attacher autant aux bénéfices financiers qu'aux bénéfices environnementaux et sociaux. Un tiers déclare privilégier l'analyse des performances financières tout en contrôlant tout de même leur impact social et environnemental, tandis que 18 % n'accorde de l'importance qu'aux seuls résultats financiers.
À noter que les PME se montrent plus sensibles aux enjeux RSE que les ETI et grands groupes. En effet, 54 % des dirigeants d'entreprises de 10 à 49 salariés et 48 % de celles de 50 à 249 salariés déclarent accorder autant d'importance aux bénéfices financiers qu'environnementaux et sociaux. Ils ne sont que 23 % parmi les chefs d'entreprise de 250 à 500 salariés et 44 % parmi ceux de 500 salariés et plus à affirmer de même.
Échantillon de 304 chefs d'entreprise représentatifs de l'ensemble des dirigeants français d'entreprises de 10 salariés et plus au regard des critères de taille, de secteur d'activité et de régions. L'échantillon a été interrogé par téléphone sur système CATI (Computer Assistance for Téléphone Interview). Les interviews ont été réalisées du 19 septembre au 4 octobre 2013.