Accès au crédit : le CAE veut (notamment) former les dirigeants aux problématiques financières
Publié par Antoine Pietri le | Mis à jour le
Dans une note visant à améliorer l'accès au crédit des PME, le Conseil d'analyse économique (CAE) préconise la création de formations financières pour les dirigeants, mais aussi la démocratisation de l'affacturage inversé, ou encore l'instauration d'un "fichier positif".
Selon un document publié le 1er décembre par le Conseil d'analyse économique (CAE), les défaillances d'entreprise ont bondi de 25% depuis le début de la crise économique. Faut-il y voir la conséquence directe des problèmes d'accès au financement pour ces entreprises ? "Dans un contexte de transformation majeure de la régulation bancaire, l'avenir du financement des PME suscite des interrogations légitimes", écrivent les auteurs de ce rapport.
D'après les conclusions du CAE, les difficultés sont ciblées : elles touchent davantage les petites entreprises, notamment dans le secteur du BTP, et concernent les financements de trésorerie plutôt que d'investissement (seules environ trois PME sur quatre obtiennent en totalité leur crédit de trésorerie, selon une enquête de la Banque de France). Enfin, toujours selon les auteurs, ces difficultés ne sont pas sans lien avec l'allongement des délais de paiement.
Un manque de formation des dirigeants
Parmi les recommandations visant à remédier à cette situation, le CAE appelle au développement d'un outil de formation qui préparerait le dirigeant de PME aux problématiques financières et comptables de base. "De l'aveu même des représentants des associations de PME, les difficultés financières des TPE s'expliquent en grande partie par un manque de formation financière de leurs dirigeants", font valoir les auteurs de la note. "Cette formation pourrait être validée par un examen en ligne et les banques participantes pourraient offrir (en toute transparence) un traitement favorable aux entrepreneurs qui participent au programme", détaillent-ils.
Des informations plus détaillées pour rassurer les créanciers
Les propositions du CAE ne s'arrêtent pas là : les auteurs préconisent également la fluidification de l'information financière. L'objectif étant de permettre aux entrepreneurs de montrer la qualité de leur projet afin d'accéder plus facilement au crédit bancaire. Pour ce faire, les auteurs souhaitent notamment l'élargissement de l'accès aux données FIBEN (Fichier bancaire des entreprises) à l'ensemble des acteurs économiques. Ces données, aujourd'hui uniquement accessibles par les établissements de crédit, pourraient être vendues ou mise dans le domaine public au titre de l'open data. L'ouverture de ces données au plus grand nombre pourrait "faciliter de nouvelles relations de financement en dehors du secteur bancaire."
Pour les entreprises de moins de 750 000 euros de chiffre d'affaires, qui ne figurent pas dans le fichier FIBEN, le CAE souhaite également la mise en place d'un "fichier positif". Celui-ci évaluerait les variables relatives au comportement du dirigeant d'entreprise, ainsi qu'à sa situation personnelle. Son but serait de desserrer la contrainte de crédit des TPE sans historique ni collatéral. Selon les auteurs, "l'établissement d'un fichier de type 'FICO score' qui évalue la capacité de remboursement de l'individu sur la base de son historique de crédit pourrait sécuriser et standardiser l'octroi de prêts aux TPE."
L'affacturage inversé pour diminuer les délais de paiement
Autre axe avancé par le CAE : le développement de l'affacturage inversé pour remédier aux problèmes de financement. La démocratisation de ce procédé, très répandu aux États-Unis mais peu répandu en France, viserait à assurer les PME contre le risque de délais de paiement excessifs de leurs grands donneurs d'ordres. "Les modalités de l'affacturage inversé paraissent parfaitement adaptées à la situation dans laquelle un donneur d'ordres important est en relation avec de nombreux fournisseurs PME", concluent les auteurs de la note.