Station F décryptée par les entrepreneurs
Publié par Amélie Moynot le | Mis à jour le
Ces entrepreneurs ont fait partie des premiers à intégrer Station F, en juillet 2017. Entre avantages pour leur business et leur image, ils témoignent de leur expérience après bientôt une demi-année passée dans l'incubateur géant.
Faciliter la vie des entrepreneurs, favoriser leur croissance, faire en sorte de créer des champions. C'est l'ambition de Station F, l'incubateur imaginé par Xavier Niel et dirigé par Roxanne Varza, inauguré fin juin 2017 à Paris. Une véritable fourmilière, qui a vocation à accueillir un millier de start-up et 3000 entrepreneurs, et à les accompagner au travers de programmes d'incubation "maison" et via une vingtaine de partenaires (Facebook, Microsoft, Vente Privée, etc.).
Rencontres
En rassemblant tous les acteurs de l'écosystème entrepreneurial au même endroit (start-up, investisseurs, experts, services publics, etc.), Station F favorise le partage. "Ce que je préfère, ce sont les échanges avec les autres boîtes, témoigne Laure Bouguen, dirigeante de la start-up Ho Karan, qui propose des soins et produits de beauté à base d'huile de chanvre. L'écosystème nantais [où la jeune pousse a son siège social, ndlr] est hyper bienveillant et solidaire, mais c'est à Paris que tout se passe. Si vous avez un problème, quelqu'un aura la clé, si vous cherchez un contact, il y aura quelqu'un pour vous le donner".
À lire aussi :
- Start-up : Station F ouvre (enfin) ses portes
- De la start-up à la scale-up : 4 clés pour réussir sa transformation
- Start-up : comment bien choisir son incubateur ?
Les guilds, rassemblements réguliers de start-up aux stades de développement différents, permettent aux entrepreneurs de se retrouver pour échanger. "Hyper intéressant", pour Laure Bouguen. "Toujours bien pour ouvrir ses chakras, abonde Jérémie Toledano, directeur des opérations de Self-Med, logiciel de comptabilité dédié aux professionnels de la santé. Toutefois, vu la maturité de l'entreprise créée en 2013, je ne m'attends pas à ce que ça révolutionne mon canal commercial".
Un avis partagé par Florian Laroumagne, cofondateur de Prevision.io, qui propose une plateforme de machine learning automatisée, et a récemment levé 1,5 million d'euros. "L'écosystème est très bien pour les jeunes start-up. Dans le cadre des guilds, nous conseillons sur la levée de fonds".
En parallèle, l'incubateur donne aussi accès à des entrepreneurs plus accomplis, qui viennent partager leur expérience. "Je rencontre des gens incroyables, comme Céline Orjubin, la cofondatrice de My Little Paris, raconte Laure Bouguen. Elle m'a conseillé sur la façon de construire une marque forte. Moi, j'étais très focalisée sur le e-commerce. Je me suis rendu compte qu'il ne fallait pas négliger l'histoire de la marque". Une façon aussi de lever les inhibitions en rendant accessibles des dirigeants ayant déjà fait leurs preuves, sources d'inspiration pour les plus candidats à la réussite.
Accès à des expertises
D'autres types d'experts sont également conviés à livrer leurs retours, à travers des conférences -pas toujours fréquentées par les entrepreneurs interrogées, selon leurs centres d'intérêt- ou dans le cadre de rendez-vous individuels. Jérémie Toledano a, par exemple, suivi une intervention sur le RGPD et rencontré une personne en one-to-one pour discuter design d'applications.
Une offre également déclinée, selon des modalités qui leur sont propres, par les partenaires écoles, entreprises ou organisations de Station F. "En ce moment, j'échange régulièrement avec deux experts, un directeur artistique qui nous aide sur les problématiques de design, et un spécialiste en marketing qui nous oriente sur la construction d'une image de marque vis-à-vis des bailleurs", illustre Thomas Reynaud, incubé par HEC et dirigeant de GarantMe, un service de garantie de loyer dédié aux étudiants (à gauche sur la photo d'ouverture, avec les autres associés).
Une collaboration permanente, qui crée de l'émulation. "L'avantage, c'est aussi la confiance dont vous témoignent les acteurs sur place, poursuit l'entrepreneur. Le fait d'avoir été pris, la confiance qu'on vous transmet à propos de votre produit, l'énergie globale, l'optimisme qui se dégage..."
Avancées business
Pour les start-up en plein essor, des investisseurs sont également présents sur place (Daphni, Ventech, Kima Ventures) - d'autres passent périodiquement. "L'accès aux investisseurs est rapide. Ils sont joignables sur Slack, explique Paul Lê, dirigeant de La Belle Vie, épicerie en ligne, accompagnée Shakeup Factory, programme dédié aux foodtech. Il est ainsi possible d'accéder aux top VC de la place parisienne du matin pour l'après-midi, contre sept à dix jours actuellement pour obtenir ce genre de rendez-vous". Sans compter que Xavier Niel lui-même visite de temps en temps les bureaux.
Station F constitue, par ailleurs, un terreau idéal pour semer des graines pour des projets collaboratifs. C'est le cas par exemple pour Self-Med. "On discute avec des start-up du médical pour voir si on peut faire de la promotion croisée", illustre Jérémie Toledano. Et même aussi pour développer sa clientèle. "Notre solution est adressable aux start-up : nous rencontrons des prospects", témoigne Florian Laroumagne.