[Interview] Alexandre Prot (Qonto) : "La banque est une brique de ce que l'on propose"
Publié par Julien Ruffet le - mis à jour à
La banque à destination des professionnels, Qonto, a levé 104 millions d'euros en janvier 2020. Quelques mois après avoir clôturé la série C, Alexandre Prot, le co-fondateur, revient sur le parcours de la start-up au plus de 75 000 clients.
Qu'est-ce que Qonto ?
Alexandre Prot : C'est une néo-banque à destination des entreprises et des indépendants. Qonto offre un service de compte courant avec Iban, Rib, carte de paiement, virement et encaissement de chèque, afin de gérer une activité seule ou en équipe. Les clients sont des entreprises qui vont d'une à 500 personnes. Plus globalement, cela regroupe tout le segment TPE, PME.
La néo-banque compte aujourd'hui plus de 75 000 clients dans 4 pays : la France, donc, et l'Italie, l'Espagne et l'Allemagne lancés en 2019. Notre objectif est de faciliter le quotidien bancaire, financier et comptable de ces entreprises.
Pouvez-vous retracer votre évolution depuis la naissance de l'idée ?
Steve Anavi, mon associé, et moi-même avons eu l'idée en 2016. Cela émanait d'une expérience entrepreneuriale commune. En 2013, nous avons lancé notre première entreprise, Smokio. C'était une cigarette électronique connectée, utilisée comme un outil d'aide au sevrage tabagique. Notre entreprise a été rachetée en 2015. Durant cette expérience, nous avons ouvert un compte en banque, géré nos finances, payé des fournisseurs et des salariés, fait de la comptabilité, des déclarations de TVA, ... C'était très compliqué. Les produits auxquels nous avions accès (les sites internet et les applications mobiles), tout comme les échanges avec notre conseiller bancaire de l'époque, n'étaient pas du tout fluides. Aussi, les prix étaient très élevés, mais surtout très peu compréhensibles.
C'est pour répondre à cette frustration que nous avons lancé Qonto, en prenant le contre-pied de ses éléments. Nous offrons un outil facile d'accès (application mobile, site web), un support client réactif (7j/7, objectif de réponse en 15 minutes et en 5 langues sur tous les canaux) et une tarification claire (3 abonnements sans frais cachés et sans commissions de mouvements).
Qui sont vos concurrents ? Les banques classiques n'entrent pas en compte, car elles ne s'adressent pas uniquement aux professionnels, n'est-ce pas ?
Les banques classiques sont encore très présentes sur le marché. Dans les 4 pays où évolue Qonto, il y a 15 millions de PME : cela représente l'ampleur notre potentielle clientèle. 99% du marché réside dans les banques traditionnelles, nous avons donc encore énormément de marge.
Nous avons remarqué que les banques traditionnelles se focalisent sur les particuliers d'un côté, qui sont assez simples à servir, et de l'autre, les grandes entreprises, car elles ont des moyens très importants qui permettent de faire du sur-mesure. Dans ce dessein, les PME sont entre deux eaux, trop petites pour être rentables et pas assez uniformes pour avoir un produit unique. C'est pour cela que les banques ont du mal à s'adresser aux TPE, PME.
Vous avez réalisé votre première levée de fonds moins d'un an après votre création (1,6 M€ en janvier 2017), quelle est la recette du succès ?
Le fait que nous ayons monté une première entreprise avec mon associé et que nous nous relançons ensemble est de nature à rassurer les investisseurs. Lors d'une première levée de fonds, on dit souvent que les investisseurs misent uniquement sur l'équipe. Une équipe qui a déjà monté une entreprise, qui l'a fait grossir et qui l'a revendue.
Une des principales raisons d'échec, en tout cas au début, c'est la mésentente, le manque de coordination et de coopération entre les membres de l'entreprise. Avec des profils qui ont déjà fonctionné par le passé, on peut plus facilement se dire que ça peut marcher une seconde fois.