Les petites entreprises forment toujours aussi peu leurs salariés
Publié par Mallory Lalanne le - mis à jour à
Seuls 27 % des salariés des petites entreprises ont suivi une formation sous forme de cours et stages. Ils sont 42 % lorsqu'ils travaillent dans une structure de 50 à 249 salariés. Parmi les mauvais élèves, figurent les secteurs du bâtiment et de la restauration.
Malgré les résolutions répétées dans les accords nationaux interprofessionnels (ANI) pour développer la formation dans les petites entreprises, leurs salariés restent donc bien moins lotis. C'est ce que révèle une étude publiée fin mai par le Centre d'études et de recherches sur les qualifications (Céreq). 27% des salariés des petites entreprises (de 10 à 49 salariés) ont eu accès en 2010 à au moins un cours ou un stage, contre 42% des employés des entreprises de 50 à 249 salariés et 56% au-delà. Cette situation est souvent expliquée par la préférence que les petites entreprises accorderaient à d'autres types de formation : formations en situation de travail, rotations de postes, autoformation... Plus modulables, en lien direct avec leurs besoins, permettant aux salariés de ne pas s'absenter, elles auraient donc leurs faveurs. Or, l'accès à ces autres formes d'apprentissage n'est généralement pas comptabilisé dans les sources administratives ou fiscales.
Le bâtiment et la restauration à la traîne
Pour autant, les pratiques des petites entreprises ne sont pas homogènes. Le Céreq établit cinq typologies d'entreprises de 10 à 49 salariés, des moins formatrices aux plus actives. 28 % des entreprises de petite taille sont non formatrices. Elles n'ont formé aucun salarié sous quelque forme que ce soit durant l'année 2010. La situation de 2010 n'étant pas conjoncturelle. Elles sont notamment surreprésentées dans les secteurs du bâtiment et de l'hôtellerie-restauration. Pourquoi une telle carence? Les dirigeants invoquent souvent l'absence de besoins. 80 % d'entre eux considèrent que les compétences et les qualifications de leurs salariés sont suffisantes. Plus de la moitié (63%) recrutant des personnes ayant déjà les profils requis.
Près d'un tiers (32%) ensuite ont été "peu formatrices", avec un quart des salariés formés, "dans un but essentiellement d'adaptation au poste de travail". Il n'existe pas de réelle politique de formation au service d'objectifs bien définis. Très rares sont celles ayant mis en place les entretiens professionnels. Si leur investissement est faible, c'est avant tout parce qu'elles éprouvent des difficultés à évaluer leurs besoins.
Le secteur tertiaire bien plus formateur
Regroupant 28 % des entreprises, la 3e typologie se caractérise par un recours important à la formation et une politique structurée en la matière. Fait notable, les écarts de taux d'accès selon les catégories socioprofessionnelles y sont plus réduits que dans l'ensemble des petites entreprises. Dans le groupe 4 (représentant 6% des entreprises), la politique de formation "est totalement intégrée à la politique de gestion des ressources humaines et à la stratégie économique", constituant "un outil de gestion des carrières et des mobilités". Les techniciens, ingénieurs et cadres y sont surreprésentés.
Enfin, les entreprises du type 5 (6%) sont celles qui forment le plus. Elles appartiennent en grande partie au secteur tertiaire. Les employés y sont surreprésentés (54 %), et constituent la catégorie la plus formée dans les entreprises de ce type. La diffusion de l'information est une pratique courante, ainsi que celle des entretiens individuels. Le recours au DIF (droit individuel à la formation) est important, et la formation hors temps de travail assez fréquente.
Pour cette enquête, le Céreq a interrogé en 2012 un échantillon représentatif de 5 400 entreprises de plus de 10 salariés, sur leurs actions menées en 2010.