Les leçons de Tony Soprano pour (bien) décider
Publié par Carine Guicheteau le - mis à jour à
Pour rester à la tête de son organisation mafieuse, Tony Soprano, de la série télévisée Les Soprano, ne s'embarrasse pas d'états d'âme. Prendre des décisions rapidement, c'est le secret de sa longévité. Voici quelques conseils pour en faire de même.
"Il est possible de faire des parallèles entre une organisation mafieuse et une entreprise, sourit Yaël Gabison, fondatrice du cabinet conseil en leadership international Smartside et auteure de Devenez le héros de votre vie - 30 leçons de leadership des héros de séries. Ce sont deux types d'organisation avec leur fonctionnement, leurs process, leur règlement interne, des collaborateurs à manager..."
En tant que leader de la famille mafieuse DiMeo, dans la série Les Soprano, Tony Soprano est confronté à des problématiques comparables à celles de tout dirigeant de PME : se faire respecter, fédérer, se dépasser, évaluer les gens et savoir trancher...
Le risque est dans l'indécision
Si la violence et la peur sont des armes managériales que Tony Soprano manie comme personne, elles n'expliquent pas à elles seules la capacité du mafieux à se faire respecter. "Un leader permet aux autres d'avancer, commente Yaël Gabison. Il doit les mettre en mouvement, leur donner envie d'aller de l'avant, les responsabiliser. Être capable de prendre des décisions est donc une qualité indispensable."
Car, l'indécision refroidit les ardeurs, bloque les projets, paralyse l'entreprise et fait perdre du temps, dans un monde où les lents ne survivent pas. "L'inaction, c'est se mettre en danger, assure Michel Barabel, professeur en management à l'université Paris-Est et auteur de Manageor. Aujourd'hui, l'indécision comporte plus de risques qu'une mauvaise décision."
"Ne pas prendre de décisions, c'est laisser les autres, ou la vie, décider à notre place", complète Yaël Gabison (Smartside).
Échouer, et alors ?
Mais, si les décisions sont salutaires, il n'en reste pas moins qu'elles sont parfois difficiles à prendre... La pression des enjeux, l'incertitude et la peur d'échouer immobilisent "La clé, c'est d'arriver à dédramatiser et à s'autoriser l'échec, souligne Yaël Gabison. L'échec fait partie de la réussite !"
"Le droit à l'erreur doit primer sur l'inaction", ajoute Michel Barabel. D'ailleurs, les exemples d'entrepreneurs à succès ayant rebondi après un ou plusieurs échecs sont nombreux : de Bill Gates à Walt Disney, en passant par James Dyson ou Richard Branson. Le tout est de tirer des enseignements des sorties de route.
4 conseils pour prendre des décisions
1) Dédramatiser. Yaël Gabison (Smartside) propose parfois un exercice à ses clients : "Je leur demande de lister les conséquences d'un échec, explique-t-elle. Ils doivent également imaginer ce qui pourrait être entrepris pour que leur projet échoue. Cela permet de relativiser, de voir les choses autrement et de faciliter le passage à l'action. "
2) Lutter contre la procrastination. Acter une décision difficile peut amener à reporter, encore et encore, le moment où il faut se confronter au problème. "Le dirigeant n'est pas obligé d'affronter la décision dans sa globalité, il peut privilégier les micro-décisions", incite Michel Barabel (université Paris-Est). Commencer sa journée, quand la jauge d'énergie est à son maximum, par les décisions les plus difficiles est une bonne solution, selon Yaël Gabison (Smartside) : "ensuite, on est libéré pour la journée !".
3) Des réunions efficaces. De nombreuses réunions se soldent par un statut quo plus qu'insatisfaisant. Pour y remédier, Yaël Gabison conseille "d'y associer des objectifs clairs et précis, de les préparer en amont, et de limiter le temps de travail à 18 minutes". Michel Barabel (université Paris-Est), quant à lui, préconise "de définir des rôles [voir ci-dessous], de soigner et de restreindre le casting en privilégiant la diversité des profils et des personnalités, en préservant un temps de parole similaire à chaque participant, et de clore la réunion en actant des décisions".
En début de réunion, il est possible d'attribuer les rôles suivants à certains participants :
L'animateur suit l'ordre du jour et organise les échanges.
Le scribe - pousse décision prend des notes en vue de la rédaction d'un compte-rendu et stimule la prise de décision.
Le méta fait respecter les règles de bonne conduite et rappelle à l'ordre les participants.
Le gardien du temps s'assure que le timing est respecté et indique l'heure à intervalle régulier.
4) Écouter ses émotions. Rationaliser, analyser, poser le pour et le contre... Chercher la solution parfaite -qui n'existe pas, soit dit en passant- peut prendre du temps et il n'est pas dit que la raison et la réflexion aboutissent à la meilleure option. Il ne faut pas hésiter à faire confiance à son intelligence émotionnelle. Si les émotions, incontrôlées, peuvent être mauvaises conseillères, apprivoisées, elles peuvent néanmoins compléter une analyse hyper rationnelle et aider à faire le tri entre différentes possibilités. Elles permettent aussi le passage à l'acte. "Une décision prise avec envie ne sera jamais une mauvaise décision", conclut Yaël Gabison (Smartside).