Ce que les jeunes pensent de l'entreprise
Publié par Amélie Moynot le - mis à jour à
Les attentes des jeunes changent à l'égard de l'entreprise. Pas facile pour les dirigeants de s'adapter. Quelques clés avec une étude CGPME/Agefa PME sur les relations intergénérationnelles de juin 2015.
71 % des jeunes estiment que les entreprises ne leur font pas suffisamment confiance. C'est le constat, peu réjouissant, que dresse une étude CGPME/Agefa PME/Opinion Way sur les relations intergénérationnelles en entreprise, réalisée en juin 2015. Les sociétés seraient notamment peu enclines à leur confier des responsabilités du fait de leur âge.
Une critique accentuée par d'autres réserves des jeunes à l'égard du monde du travail. 63 % d'entre eux estiment que l'entreprise est un modèle daté - dénonçant "l'entreprise à la papa" et 60 % entrevoient un décalage à cause de leur écart d'âge avec ceux qui sont généralement aux commandes des sociétés. De façon plus globale, 52 % estime que le fonctionnement de l'entreprise n'est pas adapté à leur génération.
Pas de quoi, pourtant, parler de divorce entre les deux parties selon Laurent Bernelas, directeur de l'activité Corporate et management d'Opinion Way : "Le mot est un peu fort. Ces chiffres montrent plutôt, selon moi, que les jeunes ont des attentes fortes vis-à-vis de l'entreprise et espèrent davantage que ce qu'elle leur offre actuellement".
Plus envie de se sacrifier pour l'entreprise
Ces attentes ont largement évolué ces dernières décennies. Selon l'étude, 80 % des jeunes se pensent davantage prêts à se reconvertir et à changer de métier que les seniors, qu'ils croient, par ailleurs, plus fidèles (74 %) et plus attachés à la valeur travail (57 %) qu'eux-mêmes ne le sont. Les jeunes sont également moins d'un sur deux à se dire prêts à se sacrifier pour l'entreprise. "Révolution numérique, chômage de masse... L'environnement a changé et a fait naître, chez les jeunes, un mode de fonctionnement plus pragmatique", analyse Laurent Bernelas.
Que faire pour intégrer ces nouveaux profils ?
Si les efforts doivent venir des deux côtés, les dirigeants ont aussi à s'adapter à ces nouvelles attentes. "Les dirigeants devraient davantage écouter les jeunes de leur point de vue à eux et non pas en fonction de l'image (datée) qu'ils ont de la jeunesse. Il s'agit pour un patron de s'intéresser aux codes de la nouvelle génération et de voir comment les concilier avec les objectifs de son entreprise, ou encore de déterminer dans quelle mesure ce qu'il offre à un candidat répond à ses véritables attentes", explique Laurent Bernelas.
Un exemple ? Aujourd'hui, la possibilité d'une évolution de poste rapide ou des perspectives de mobilité interne sont plus motivantes que la promesse d'un plan de carrière sur trente ans.
Des raisons d'espérer
En dépit des efforts qui restent à faire, l'expert note aussi le fait que les jeunes n'ont jamais perdu une certaine bienveillance à l'égard de l'entreprise. "Ils ont conscience de ses avantages : elle leur donne un emploi, leur permet de progresser, de grandir, de renforcer leurs connaissances". Il relève aussi que, d'après l'étude, les jeunes s'entendent bien avec leurs aînés [à 90 % bien voire très bien, ndlr]. "Ils n'ont pas une attitude de rejet", observe-t-il.