Réserve militaire : comment faciliter l'accès à vos collaborateurs
Publié par Barbara Prose le - mis à jour à
La réserve militaire, pour être appliquée sainement, nécessite une maîtrise du temps alloué aux collaborateurs hors de l'entreprise. Voici trois méthodes pour s'y retrouver.
Différente de la réserve citoyenne bénévole, la réserve opérationnelle militaire est rémunérée et contractualisée. Ce format d'engagement concernait en novembre 2015 près de 51 000 personnes (tous corps d'armée confondus) en France. Dans le cadre de l'Opération Sentinelle initiée au lendemain des attentats de janvier 2015, avec un renforcement des missions suite aux événements de novembre 2015, un plan national a été lancé pour trouver 40 000 nouveaux réservistes d'ici 2018.
Si la réserve militaire est un engagement avant tout personnel du collaborateur, pour le chef d'entreprise, la recherche de l'épanouissement de ces salariés dans leur activité extraprofessionnelle peut comporter des intérêts. Pour soutenir leur engagement dans ce qu'il signifie des valeurs positives défendues par le salarié, en premier lieu (engagement, loyauté, protection, abnégation...). Et pour participer à la bonne intégration du collaborateur dans l'entreprise et à son implication plus complète en prenant simplement en compte son univers et ses besoins, dans un second temps. Voici trois méthodes qui permettent d'instaurer des bases saines à l'intégration de réservistes dans ses rangs.
Signer une convention
Mercredi 19 octobre 2016, le groupe de Protection Sociale Klesia a signé avec la Mutuelle Civile de la Défense (MCDef) une convention avec le gouverneur militaire de Paris, le général Bruno Le Ray. Cette convention atteste du soutien à la réserve militaire par Klesia et inscrit dans le marbre la possibilité pour ses salariés de prendre trois jours en plus des cinq jours légaux requis, tout en conservant leur rémunération.
La signature de ce type de convention est particulièrement efficace pour favoriser la souplesse des salariés dans leur engagement et fixer les règles dès le départ. Pour le Colonel Benoît Brulon, chargé de la communication auprès du Gouverneur de Paris, signer d'office ce type de convention est un indice de fiabilité pour les recruteurs : "On peut compter sur les réservistes recrutés. Ils ont ainsi l'esprit plus libre pour organiser leur temps de travail."
Anticiper les périodes
L'anticipation est la clé d'une réserve militaire réalisée dans de bonnes conditions, pour le collaborateur, le dirigeant et pour l'employeur, côté armée. Chaque année, le réserviste transmet ses périodes de disponibilité à son service et définit le temps qu'il pourra consacrer à la réserve. "Être réserviste est complexe, surtout avec le cumul de son activité professionnelle. Les deux sont très prenants, il faut gérer son agenda et sur certaines périodes de crise, les plages horaires deviennent plus difficiles à gérer", explique le Colonel Brulon.
La meilleure solution est ainsi de prévoir avec le collaborateur les périodes les plus adaptées et le temps maximal qui peut être consacré à la réserve sur le temps de travail. Le collaborateur puise également dans ses périodes de congés, de RTT ou ses week-ends pour l'accomplissement de missions.
Jérôme Moreau, réserviste dans la gendarmerie nationale et directeur associé chez Whaller et Thomas Fauré, p-dg.
Conserver de la transparence
"La gestion de l'engagement du réserviste auprès de son employeur est une question intime. Certains sont encouragés par leur entreprise et valorisés dans cet engagement. D'autres refusent de le faire savoir et n'utilisent que leurs périodes de congés pour accomplir leur service", précise le Colonel Benoit Brulon. Néanmoins, la solution n'est pas idéale et lorsque le salarié a l'impression de faire sa réserve "sous le manteau", il lui est plus difficile de s'épanouir pleinement dans son engagement et dans son entreprise.
Pour Thomas Fauré, p-dg de la start-up Whaller (conceptrice d'une plateforme de réseaux sociaux privatisés pour les entreprises), cet engagement au service militaire fait partie des valeurs de l'entreprise au même titre que le soutien à l'engagement dans des associations de quartier ou tout autre type d'engagement citoyen. "On le paye sur les heures où il sert le pays. C'est un effort que j'ai toujours trouvé normal", affirme Thomas Fauré.
Son directeur associé, Jérôme Moreau, a 42 ans et est réserviste dans la gendarmerie nationale depuis plusieurs années. Gradé adjudant, il exerce son emploi auprès de l'État-major de Poitou-Charentes dans l'intelligence économique et le conseil en entreprise pour la préservation de l'emploi et de l'industrie, dans la continuité de sa compétence en informatique chez Whaller.
La transparence vis-à-vis de la réserve ne s'est pas toutefois pas imposée d'office pour lui : "Au départ, on était discrets, on s'était dit que les autres salariés pouvaient être jaloux de jours octroyés et considérés comme des jours de repos. Puis 2015 est arrivé. C'est une chose qu'il ne faut pas cacher à mon sens, mais mettre en valeur. Le travail dans la société aussi important que le travail en entreprise", explique le p-dg de Whaller.
Au sujet de l'apport de la réserve à l'entreprise, il ajoute:"Il y a des intérêts que l'on ne pouvait pas deviner. Cela donne un exemple aux autres salariés et ouvre l'esprit sur d'autres façons de travailler et de gérer son temps."
Conditions d'accès
La réserve militaire opérationnelle fait l'objet d'un contrat spécifique de 1 à 5 ans (renouvelable) où le civil est intégré aux rangs du corps d'armée qu'il a choisi, à raison de trente jours par an, pour un minimum de cinq jours légaux incompressibles. Il s'engage à participer à des missions de protection aux populations sur le territoire français ou dans le cadre de missions d'assistance aux services publics. La réserve militaire est soumise aux grades de l'armée, ce qui n'est pas le cas dans la réserve citoyenne où les grades sont uniquement donnés à titre honorifique.
Pour être recruté, l'aspirant réserviste doit remplir les conditions suivantes : être volontaire, être de nationalité française, avoir au moins 17 ans, être en bonne condition physique, avoir un casier judiciaire vierge et ne pas avoir fait l'objet d'une condamnation en justice. Il n'y a pas de qualification ou de minimum de diplôme requis à l'exception de certains postes.