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Présidentielle 2017 : le programme complet de Marine Le Pen pour les TPE-PME

Publié par Amélie Moynot le | Mis à jour le

Dans le cadre de l'élection présidentielle, Chef d'Entreprise présente les programmes économiques de tous les candidats. Marine Le Pen (FN) a officiellement dévoilé le sien lors d'un meeting à Lyon, dimanche 5 février 2017. Voici toutes ses propositions pour les TPE et PME.

Cet article sera mis à jour régulièrement en fonction des nouvelles annonces de la candidate. Dernière mise à jour : 7 mars 2017.

"Je vais prioritairement axer ma politique sur les TPE et les PME. Les grands groupes n'ont pas besoin de nous". Voilà ce que déclarait Marine Le Pen en visite au Salon des Entrepreneurs, mercredi 1er février 2017 à Paris.

En course pour la présidentielle, la patronne du Front National, haut placée des sondages en dépit des soupçons qui pèsent sur elle dans une affaire d'abus de ressources issues du Parlement européen, a distillé ses idées au cours de conventions en région ces derniers mois, puis lors de ses Assises présidentielles à Lyon dimanche 5 février, en même temps qu'Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon. Elle a également formalisé ses principales propositions en 144 points développés dans un livret accessible sur son site de campagne.

Si elle est élue à la tête de la France, la dirigeante du parti frontiste entend recréer les conditions de la croissance en mettant en oeuvre plusieurs grands principes : la préférence nationale, aussi bien pour les salariés que les marchandises, le patriotisme économique, ce qu'elle appelle un "protectionnisme intelligent" et le retour à la souveraineté monétaire.

Pour financer ces mesures,"les baisses d'impôts et les dépenses nécessaires ne seront pas financées par des hausses d'impôts", assure la candidate dans un court document de chiffrage de son projet, également en ligne.

En revanche, 60 milliards d'euros devraient être dégagés en cinq ans grâce aux économies réalisées par ailleurs, en premier lieu via une meilleure gestion revendiquée de la Sécurité sociale reposant, par exemple, sur la lutte contre la fraude sociale.

Des économies doivent également être réalisées en luttant contre l'évasion fiscale. Marine Le Pen souhaite, pour cela, créer une taxe sur l'activité des grands groupes en France et les profits qui auraient été détournés. Pour elle, le manque à gagner total s'élève à 85 milliards d'euros, confie-t-elle dans L'Émission Politique de France 2, dont elle était l'invitée jeudi 9 février 2017.

Enfin, la réforme territoriale que le FN appelle de ses voeux, consistant en la suppression de l'intercommunalité obligatoire et des régions, devrait aussi, selon le parti, permettre de dégager des fonds, notamment en évitant les doublons.

Compétitivité des entreprises

Marine Le Pen veut par ailleurs mettre en place des actions pour favoriser les entreprises françaises face à la concurrence mondiale. "Clairement, je veux faire du patriotisme économique, que la nationalité de l'entreprise et donc la préservation de l'emploi national fasse partie des critères autorisés pour pouvoir choisir une entreprise", a-t-elle déclaré au Salon des Entrepreneurs.

Ce projet se traduit par la volonté d'interdire l'importation et la vente des produits étrangers ne respectant pas les normes imposées aux producteurs français. À cela s'ajoute que la commande publique devra être réservée aux entreprises tricolores - dont une partie aux PME - à condition toutefois que "l'écart de prix soit raisonnable". En matière agricole, il s'agira de développer les circuits courts moyennant une réorganisation des filières existantes.

Par ailleurs, afin de soutenir les produits "made in France", la présidente du FN propose aussi la création d'une taxe de 3 % sur les importations (elle est appelée "contribution sociale" et doit pour la candidate servir à financer une prime pour les bas revenus et petites retraites) ainsi que la mise en place d'un étiquetage " Fabriqué en France " "obligatoire, clair et loyal sur l'origine des produits" concernés.

Pour ce qui est des personnes, la candidate milite pour la suppression de la directive européenne sur le détachement des travailleurs. Cette directive fixe les règles de travail applicables pour les salariés envoyés par leur employeur afin de travailler dans un autre pays. Dans cette situation, ils peuvent bénéficier d'une série de droits (salaire minimal...) en vigueur dans l'État d'accueil. Elle plaide, par ailleurs, pour que les entreprises faisant travailler des travailleurs étrangers paient une taxe sur leurs salaires. Cette contribution pourrait s'élever à "10 % du salaire brut par mois", a-t-elle affirmé sur France 2.

Marine Le Pen souhaite, enfin, confier à une Autorité de Sûreté Économique le contrôle des investissements étrangers considérés comme préjudiciables aux intérêts nationaux.

Ces dispositions s'inscrivent dans un contexte de retour à la souveraineté nationale en matière de monnaie, et à la sortie de la zone euro. Une idée qui pose, notamment, la question du maintien de la compétitivité des entreprises françaises sur le plan mondial. Marine Le Pen veut aussi sortir de l'espace Schengen et récuser les traités de libre-échange notamment le Tafta et le Ceta. Deux dispositions qui obligeraient les entreprises hexagonales à revoir leurs relations avec leur écosystème à l'étranger et auraient notamment pour effet de complexifier les importations et les exportations.


Fiscalité

Marine Le Pen a promis une baisse de l'impôt pour les TPE-PME. Dans son programme, elle précise que le dispositif à taux réduit à 15 % de l'IS sera maintenu pour les TPE-PME et qu'un taux intermédiaire à 24 %, au lieu de 33 %, sera créé pour les PME, sans toutefois indiquer quelles typologies de PME entreront respectivement dans le premier et le deuxième cas. Une baisse de neuf points "qui leur redonnera 5,5 milliards d'euros", assure la candidate dans le document de chiffrage de son projet. Par ailleurs, Marine Le Pen exclut toute hausse de la TVA ou de la CSG.

Elle promet aussi une baisse des charges sociales. Les dispositifs d'allègement de charges seront fusionnés de manière dégressive. De son côté, le CICE, qualifié de "véritable usine à gaz" lors d'un meeting devant les petits patrons organisé lundi 6 mars 2017 au siège francilien de la CPME (confédération générale du patronat des petites et moyennes entreprises), et accusé de bénéficier notamment aux grandes entreprises sans contrepartie de créations d'emplois, "sera transformé en allègement de charges et entrera dans le dispositif", affirme-t-elle dans son programme. "Je vais transformer les 20 milliards du CICE en baisse pérenne de charges en priorité à destination des TPE-PME", affirme-t-elle devant les dirigeants.

En matière de recrutement, la première embauche d'un jeune de moins de 21 ans sera totalement exonérée de charges pour un délai maximum de deux ans.

Sur un autre plan, Marine Le Pen prône aussi le maintien des heures supplémentaires majorées. C'est la première mesure concrète qu'elle a annoncée après s'être posée en défenseuse " réso[lue] " du travail lors de ses Assises présidentielles. "Le travail, nous l'encouragerons et le récompenserons par le maintien des heures supplémentaires majorées que mes adversaires veulent supprimer et l'instauration de leur défiscalisation", a-t-elle déclaré. Une façon, pour elle, de redonner du pouvoir d'achat au salarié (500 euros par an en moyenne aux personnes concernées, promet-elle) tout en apportant "la garantie d'une certaine souplesse pour l'entreprise". Coût budgétaire de la mesure : 4,5 milliards d'euros.

Au total, elle promet, sur France 2, 50 milliards d'euros de baisses de charges pour les entreprises.

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