Marketer sa levée de fonds, étape par étape
Publié par Marion Perroud le | Mis à jour le
Convaincre des investisseurs, rassurer les collaborateurs, informer les partenaires, attirer les médias… Mener à bien une levée de fonds est aussi un exercice de communication tant interne qu'externe. Voici quelques conseils pour marketer vos tours de table sur tous les tableaux.
Étape n°1 : Vendre votre projet auprès des investisseurs
Avant de séduire un investisseur, encore faut-il dénicher celui qui sera le plus à même d’accompagner votre projet ou votre entreprise et de répondre à vos besoins. Business angels, fonds de capital-risque, corporate ventures… Selon vos besoins, la somme que vous désirez lever, la phase de développement de votre entreprise, votre secteur d’activité, votre zone géographique et parfois même votre sexe, les interlocuteurs seront différents. Renseignez-vous donc bien en amont. « L’idéal est d’être introduit par une tierce personne ou un réseau. Pour notre dernière levée de fonds en janvier 2013, nous sommes passés par une banque d’affaires qui nous a ouvert son carnet d’adresses », témoigne Romain Roy, président du site de vente en ligne de produits bio, Greenweez.com (lire l’encadré ci-contre).
« Dans le cadre d’une levée de fonds, votre plan financier est certes important, mais votre démarche est avant tout marketing. Vous vendez votre projet à des investisseurs qui sont des acheteurs potentiels », insiste Olivier Ossipoff, directeur de participation chez Finarea, réseau spécialisé dans le capital-risque dans les TPE. Rédigez un executive summary (lire lexique ci-contre) d’une ou deux pages. Appuyez-vous également sur un document de présentation, type PowerPoint, où vous mettez en valeur l’entreprise, le marché et un business plan chiffré concis. Préparez par ailleurs votre présentation orale en n’occultant aucune zone d’ombre. « Chaque projet a ses faiblesses. L’important est de nous montrer comment vous allez les surmonter », affirme Olivier Ossipoff.
Si un investisseur décide de miser sur votre entreprise, ce n’est pas par philanthropie mais bien parce qu’il espère en tirer profit à moyen ou long terme. Lors des négociations, pensez donc à bien valoriser les retours sur investissement potentiels de son entrée au capital. « D’autres arguments non financiers peuvent également entrer en ligne de compte et vous différencier des autres, tels que votre démarche de responsabilité sociale d’entreprise », souligne Christian Baillet, consultant en stratégie marketing, vente et management.
LexiqueExecutive summary : ou résumé opérationnel de 2 pages maximum du business plan qui présente l’entreprise, le marché, la stratégie de développement, les perspectives financières, les bseoins de financement… |
Étape n°2 : Capitalisez sur les retombées de votre levée de fonds
« Ne pas communiquer sur la signature d’une levée de fonds est une grave erreur, affirme Christian Baillet. Cette posture attire les soupçons car votre silence peut être interprété comme une volonté de dissimuler quelque chose. Ce qui peut nuire à l’image de la société. » Pour autant, ne vous limitez pas à la simple annonce de la signature. Profitez de l’occasion pour expliquer dans quelle démarche stratégique elle s’inscrit.
Newsletter, note d’information, communiqué de presse... Quel que soit le canal choisi, un mot d’ordre, adaptez votre message à votre interlocuteur et l’impact qu’aura la levée de fonds sur sa situation :
Ce qu’il faut retenir |
Le témoignage de Romain Roy, président de GreenweezDepuis la création de sa société Greenweez, spécialisée dans la vente en ligne de produits bio, en 2008, Romain Roy a réalisé trois levées de fonds d'un montant total de 5,3M€ auprès de plusieurs types d’investisseurs (business angels et fonds d’investissement). Il explique comment il a marketé ces tours de table.
Avant : « Lors des deux premières levées de fonds à l’amorçage en 2008 (300K€) puis en 2010 (2M€), nous avons rencontré nos investisseurs par le biais du réseautage. Nous avons investi beaucoup plus de temps dans la préparation du processus et des supports de communication, que lors du troisième tour de table début 2013 (3M€) pour lequel une banque d’affaires nous a assistés. Avoir déjà convaincu des investisseurs nous a certes aidés, mais je pense que l’enjeu principal d’une levée de fonds réussie est de prouver la solidité de votre business. » Après : « Nous avons informé nos salariés tout au long des processus. La difficulté majeure est que les équipes ont tendance à penser que cela va forcément augmenter leurs rémunérations. Ce qui n’était pas nécessairement le cas pour ce qui nous concerne. Nous avons donc pris soin d’expliquer à chaque étape à quoi serviraient ses fonds et dans quels grands chantiers stratégiques ils s’inscrivaient. Par ailleurs, en plus d’une note à nos fournisseurs, nous avons communiqué, via notre agence de presse et celles de nos investisseurs, auprès de quelques titres de presse économique et sectorielle ciblés. |