Van Gogh, une source d'inspiration pour l'entrepreneur Charles-Dominique Janssens
Publié par Céline Tridon le - mis à jour à
Ancien directeur marketing, Charles-Dominique Janssens découvre, par hasard, le café qui fut l'ancienne demeure du peintre Vincent Van Gogh. Il décide de redonner vie au lieu et d'en faire une "PME culturelle".
Nous sommes en 1986. Je suis directeur marketing de Danone, lorsque je subis un grave accident de la route. Le temps de la rééducation, je découvre que l'accident a eu lieu devant la maison de Van Gogh. Plus précisément, devant sa dernière demeure, située à Auvers-sur-Oise, dans le Val-d'Oise : une chambre de quelques mètres carrés qu'il a occupée à l'étage d'une auberge. L'histoire me passionne, et je choisis de changer de vie en acquérant cette auberge alors à vendre. Mon objectif ? En faire une PME culturelle.
Je garde le restaurant et je choisis d'ouvrir la chambre de Van Gogh aux visiteurs. Pour cela, il faut restaurer l'ensemble, tout en conservant l'esprit du lieu?! Le chantier avoisine les 20 millions d'euros. Je mets alors en place un système de mécénat original : je fais fabriquer 4 700 clés, reproductions de celle de l'auberge. Je les vends à des entreprises ou à des particuliers fortunés, entre 500 et 5?000 dollars. Elles partent à travers le monde. Quatre ans plus tard, je renouvelle l'opération avec la clé qui donnait accès à la chambre de Van Gogh : j'en écoule 4 000 exemplaires.
Des clés précieuses. Depuis, l'établissement est ouvert neuf mois par an et il ne désemplit pas. Des visiteurs viennent de partout, non pour voir mais pour ressentir quelque chose dans cette chambre. Une quinzaine de personnes travaillent à mes côtés et veillent également à ce que tout soit soigné dans les moindres détails : les verres ornés de peintures de Van Gogh, les assiettes qui reprennent un extrait de ses lettres, la décoration de l'auberge qui évoque celle d'antan.
Certains peuvent critiquer mon projet et en dénoncer l'aspect trop "marketé". La communication apporte, en effet, 60?% des revenus de l'Auberge de Ravoux . Mais il s'agit de mon ancien métier et je suis sûr d'une chose : le marketing peut être utile s'il est fait correctement. D'ailleurs, il me permet d'avoir de nouvelles idées, en accord avec l'air du temps. La plus folle est d'orner la chambre d'une toile de l'artiste. Après tout, Van Gogh ne disait-il pas vouloir exposer dans un café...
J'ai donc fait sécuriser la pièce. Il ne me reste qu'à acquérir l'oeuvre : il faut compter 100 millions d'euros. Pour réunir cette somme qui ferait tourner la tête à plus d'un, je compte réaliser de nouvelles clés, digitales cette fois. Certaines seraient proposées dans un coffret, au prix de plusieurs milliers d'euros, d'autres seraient vendues 1 ou 2 euros. Ces dernières permettraient à des internautes du monde entier d'entrer un code pour visiter virtuellement le lieu. Van Gogh demeure l'un des peintres les plus connus de la planète.
Auberge de Ravoux / SA Ravoux - restauration et lieu culturel