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Le Moulin mise sur ses cookies pour sortir la tête de l'eau

Publié par Stéphanie Gallo Triouleyre le - mis à jour à

L'entreprise de restauration lyonnaise Le Moulin est en grande difficulté. Le télétravail remet en cause son modèle de livraison au pied des bureaux. Pour survivre, elle lance une opération "super cookies", pour assurer du travail à ses salariés en attendant la fin de la vague. Le succès est au rendez-vous.

En une semaine, il a déjà vendu plus de 3 100 paquets de cookies artisanaux. Soit le double de l'objectif quotidien que le restaurateur lyonnais Tom Thiellet s'était fixé pour atteindre, au terme de 8 semaines, un total de 12 000 paquets. « 12 000 paquets à 12 euros, ce sont 144 000 euros de chiffre d'affaires, une somme qui rémunèrera le travail de 10 de mes salariés pendant 2 mois. Cela permettrait, j'espère, de laisser passer la vague Omicron, avant de retrouver un niveau d'activité au moins correct », explique l'entrepreneur.

Cinq emplois, pour un mois, ont d'ores et déjà été sécurisés en une seule semaine grâce à l'opération « super cookies ». A la plus grande surprise du boss du Moulin, spécialiste de la restauration rapide élaborée à partir de produits sains et locaux, bio pour au moins la moitié d'entre eux.

Mobiliser autour d'un secteur en difficulté

L'idée de Tom Thiellet : remobiliser son équipe, depuis trop longtemps en activité partielle sur une opération fabrication/vente de « super cookies », donc, pour « retrouver une fierté, compenser la perte de chiffre d'affaires liée à la Covid et sortir les comptes du rouge. »

Il espère également attirer l'attention sur les graves difficultés rencontrées par son secteur d'activité, encore aggravées par la dernière vague Covid.

Cette opération, médiatisée sur les réseaux sociaux, a su s'attirer très vite la sympathie du public. Les super cookies s'arrachent comme des petits pains dans les boutiques, en livraison charrettes et en expédition aux quatre coins de la France. A tel point que l'équipe doit relever un nouveau défi qui ne consiste plus à faire face à l'absence de commandes, comme ces derniers mois, mais à l'afflux de la demande...

Cookies contre Omicron : qui sera KO ?

Sans tabou, et avec une émotion palpable, l'entrepreneur explique pourquoi son entreprise de 80 salariés qui affichait une croissance annuelle moyenne de 45% par an depuis 2014 est aujourd'hui en péril.

Créé en 2006, Le Moulin s'est lancé, en 2014, en plus de ses 2 boutiques et de son offre B to B, dans la livraison en points de retrait, au pied des bureaux, avec « ses charrettes » : des vélos à assistance électrique et des véhicules verts. Une nouvelle piste qui a donné un grand coup d'accélérateur à l'entreprise, avec une multiplication de son effectif par 10. Mais la pandémie et la vague de télétravail qui s'en est suivie sont venues rebattre complètement les cartes, remettant en cause son modèle de livraison au pied des bureaux et faisant chuter le chiffre d'affaires du Moulin à 2,6 millions d'euros alors qu'il aurait dû s'afficher à 4,5 millions.

Malgré ses deux PGE (650 000 euros au total) et un recours au dispositif d'activité partielle, les comptes de la PME lyonnaise sont dans le rouge et affichent des pertes de 500 000 euros. La trésorerie disponible est désormais peau de chagrin.

Partager ses recettes

Alors, lorsque Jean Castex est venu fin décembre demander aux entreprises de remettre massivement en place le télétravail pour contrer la vague Omicron, Tom Thiellet et son associée Mathilde Arrault ont vu le glas sonner. « Je nous donnais entre 3 et 6 mois... L'activité partielle ne permet pas de tout compenser. Ce n'est pas parce que nous vendons 2 fois moins que nous pouvons mettre 2 fois moins de livreurs. » Ou alors, il faudrait refuser des ventes, réduire drastiquement l'activité. Hors de question pour cette entreprise, très impliquée dans l'ESS lyonnaise en employant des profils fragilisés.

C'est de ce constat qu'a émergé en urgence, l'idée de l'opération super cookies. Une manière de donner du travail à ses salariés tout en attirant l'attention sur la situation des entreprises du secteur. « Beaucoup d'entreprises sont aujourd'hui en difficulté. Il ne s'agit pas que de nous... Je suis prêt à mettre à disposition mes recettes et mon savoir-faire pour aider d'autres structures en difficulté », propose Tom Thiellet.

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