Report des baisses des cotisations: une "catastrophe" selon certains experts
Publié par Mallory Lalanne le - mis à jour à
Après que Michel Sapin ait annoncé que les baisses de cotisations prévues sur les salaires entre 1,6 et 3,5 Smic dans le cadre du pacte de responsabilité ne prendraient effet qu'au 1er avril 2016, trois mois après la date prévue, les experts s'alarment.
"Cette annonce me pousse à demander à mon directeur financier d'attendre décembre avant de chiffrer précisément les charges 2016. En espérant y voir plus clair". Cette réaction d'Alexandre Pham, dirigeant du cabinet de recrutement Lynx RH, inquiet suite aux déclarations de Michel Sapin de repousser de trois mois la baisse de cotisations prévues dans le cadre du Pacte de Responsabilité, risque de se répéter dans les semaines à venir. "C'est une catastrophe de faire ça alors que les entreprises attendaient cette baisse de charges", confie Eric Heyer, directeur du développement analyse et prévision de l'observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).
Si le ministre du Travail a assuré que l'enveloppe du pacte était respectée et que les aides aux entreprises représenteraient 33 milliards d'euros en 2016 et 41 milliards d'euros en 2017, ce report représente tout de même selon Gilles Koléda, maître de conférences au sein du département Gestion des entreprises de l'IUT de Tours "25% d'allègement de charges en moins". Une décision prise par le gouvernement "pour financer le dispositif du sur-amortissement, qui a un impact rapide et immédiat", a confié jeudi 17 septembre 2015 Louis Gallois, lors de la conférence sur les effets des allègements du coût du travail sur la compétitivité et l'emploi organisée par la Fabrique de l'Industrie, dont il est le co-président.
Une vive émotion parmi le patronat
"Comment croire un gouvernement qui change d'avis en huit jours ? (...) Il y a un énorme problème de confiance", a réagi Geoffroy Roux de Bézieux, vice-président délégué du Medef. Stanislas de Bentzmann, Président de CroissancePlus regrette également le pas en arrière du gouvernement. "Notre économie semble vouloir repartir et cette décision vient perturber un redémarrage que nous espérons tous", confie-t-il. Pour Jacques Chanut, président de la Fédération française du bâtiment (FFB), cette décision laisse aussi un goût amer. "Ces baisses ont eu un effet très positif dans nos entreprises. Elles représentent 800 euros par emploi. L'annonce faite par Michel Sapin crée beaucoup d'angoisses et découragement".
Le patronat appelle à une plus grande stabilité fiscale et règlementaire. "Il y a eu un tournant pro entreprise, pro business, depuis deux ans, c'est indiscutable, relève Geoffroy Roux de Bézieux. (...) Arrêtons ces changements de cap, c'est terrifiant pour les patrons".