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La Brosserie Française parie sur les vertus du made in France

Publié par Charles Cohen le - mis à jour à

Dernier fabricant de brosses à dents de France, la Brosserie Française a échappé in extremis à la liquidation judiciaire. Comment? En proposant un modèle de relocalisation pertinent et surtout rentable.

Olivier Remoissonnet a de quoi se réjouir. Dirigeant de la Brosserie Française, dernier fabricant de brosses à dents de l'Hexagone, il a réussi un tour de force que nombre de PME ont raté : celui de relocaliser sa production sur le territoire national.

Un modèle stratégique qui lui a permis, en décembre 2012, de sauver l'entreprise de la liquidation judiciaire. Alors directeur industriel de la société, il propose in extremis un plan de reprise, avec deux associés, incluant 26 salariés de l'entreprise.

Son leitmotiv? "Perpétuer un savoir-faire vieux de 160 ans grâce à un business model basé sur le made in France." Et ainsi relancer une activité plus que centenaire qui, si elle était en perte de vitesse, avait connu ses heures de gloire.

Créée en 1846, l'entreprise de 400 salariés, nichée au coeur de la vallée du Thérain, berceau historique de la brosserie, est devenue, dans les années 1980, le fleuron de La Brosse et Dupont, alors filiale de LVMH.

Rachetée en 2005 par Duopole, elle est frappée de plein fouet par le ralentissement de son marché : en quelques années, sa production passe de 50 à 17 millions de brosses par an, ­tandis que l'effectif se réduit à 150 salariés. Malgré la ­délocalisation de la ­moitié de son activité en Asie, la PME enregistre des pertes colossales... Jusqu'à la reprise de décembre 2012.

Rapatrier dix machines de Chine

L'objectif de la nouvelle équipe se veut ambitieux : "Ne plus rivaliser avec les pays low cost." L'entreprise rapatrie donc son appareil de production de Chine. "Pas moins de huit moules à injection sont déjà rentrés à la maison courant 2013. Il en reste encore deux", confie Olivier Remoissonnet.

Coûteuse et chronophage, l'opération s'avère indispensable. "En abandonnant la production de marques de distributeurs (MDD) et les solutions sourcées dans l'empire du Milieu, nous ciblons dorénavant les clients, produits et process en adéquation à nos valeurs, celles du made in France."

Au-delà de son activité en marque blanche pour les enseignes de pharmacie qu'elle continue à pérenniser et la production de brosses à cheveux, visage et ongles, l'entreprise cherche surtout à moderniser Bioseptyl, sa marque en propre de brosses à dents.

"Elle englobe toutes nos innovations produits, centrées autour de l'hygiène bucco-dentaire, surtout celles adaptées aux appareils dentaires, dédiées aux gencives sensibles ou encore conçues pour les bébés."

Et pour concilier prix compétitifs et fabrication française de qualité, Olivier Remoissonnet joue la carte du pragmatisme. "En 2013, à coup d'investissements financés sur fonds propres et via des prêts bancaires, nos outils de production ont gagné en modernité et en efficacité."

ZOOM

Une démarche d'innovation continue...

Pour chacune des références de la gamme Bioseptyl, "nous opérons de la même façon, en planchant d'abord sur la tête de la brosse, afin d'adapter la coupe des filaments à la pathologie ciblée", rappelle le dirigeant.

Une stratégie qui permet la conception de produits inédits tels que la brosse "Ultimum", dotée de filaments en lamelles en élastomères et protégée par un brevet.

... incluant le respect de l'environnement

Privilégiant une politique d'éco-citoyenneté, la Brosserie Française recherche les meilleures solutions techniques afin de diminuer son empreinte écologique : la fabrication française pour limiter les émissions de CO2 liées au transport, l'impression, à base d'encres végétales, sur carton PEFC ou encore la réduction du poids du plastique utilisé pour la production des manches de brosses à dents.

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