Management : les enseignements du général Michel Yakovleff
Publié par Mickaël Deneux le | Mis à jour le
Dernier général français à avoir débuté en tant qu'appelé du contingent, Michel Yakovleff possède une inestimable expérience dans la menée de troupe. Son credo ? Créer de la confiance.
Tout au long de sa carrière militaire, Michel Yakovleff s'est rarement trouvé au repos. Pendant 40 ans, il a été successivement lieutenant, capitaine, commandant et colonel à la Légion étrangère. L'homme, qui est toujours général de corps d'armée (2S), ne cesse de multiplier les casquettes.
Expert indépendant à l'Otan et professeur vacataire au PSIA - Science Po, il est aussi actionnaire d'une entreprise naissante dans la robotisation militaire et moniteur fédéral en parachutisme, avec la bagatelle de 2240 sauts à son actif. En tant que lieutenant, il menait 25 hommes, 130 lorsqu'il était capitaine ou commandant et 936 dans ses fonctions de colonel. Pourtant, Michel Yakovleff fait la distinction entre commandement et management: "Dans le management, l'autorité est fonctionnelle. Dans le commandement, nous avons une autorité sur des hommes que nous pouvons envoyer à la mort."
Confiance totale
Au moment d'évoquer la façon de mener ses troupes, ce militaire chevronné insiste beaucoup sur la notion de confiance. Un réel fondement selon lui: "Les gars iront au combat sans trop discuter parce que le lieutenant y va aussi. Nous allons tous mourir mais ce n'est pas grave, nous sommes ensemble", abonde le haut gradé. Avant de poursuivre : "Face à 25 ennemis, il y a des moments où les hommes suivent leur chef car la confiance est là. Et non pas parce qu'ils sont sûrs que c'est la meilleure solution".
Un précepte utilisé par un de ces prédécesseurs, symbolisé par une phrase peinte sur une porte de garage du peloton: "Si tu ne sais pas, on t'apprend. Si tu ne peux pas, on t'aide. Si tu ne veux pas, on te force !" Le général a très souvent utilisé cette expression, notamment dans l'application d'une sanction. "Quand tu n'as pas suivi la consigne, est-ce que tu ne savais pas, est-ce que tu ne pouvais pas ou est-ce que tu ne voulais pas" Reste que Michel Yakovleff n'est pas jusqu'au-boutiste. Lorsqu'un ordre est mal accepté par un soldat, il ne négocie pas mais privilégie plutôt une écoute active pour dénouer la situation.
Effet levier du chef
Au cours de son fructueux parcours, Michel Yakovleff a décerné un certain nombre de récompenses. Un process très formalisé lors des montées en grade d'un soldat : "Lorsqu'on veut dire que quelque chose est bien et qu'on souhaite souligner une bonne initiative, il faut le faire devant tout le monde", poursuit le militaire. Le haut gradé explique aussi qu'il existe un effet levier du chef, qui est toujours observé par ses hommes, d'une façon ou d'une autre. Ses humeurs et son attitude ont une véritable incidence.
Ce pourquoi il se remémore souvent un texte de Michel Menu, appris à l'école d'officier de Saint-Cyr: "Chef, souviens-toi: si tu ralentis, ils s'arrêtent. Si tu t'assieds, ils se couchent. Si tu doutes, ils désespèrent. Si tu critiques, ils démolissent. Mais si tu marches devant, ils te dépasseront. Si tu tends la main, ils donneront leur peau." La leçon majeure de sa carrière ? Le primat absolu de l'humain. "On n'obtient le meilleur des gens qu'en les plaçant avant les indicateurs de performance. Il s'agit d'un point absolu de la légitimité", conclut-il. Pour lui, optimiser la performance, c'est s'entourer de la meilleure équipe. Le reste découlera alors d'une suite logique.