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[Interview] Nicolas Naigeon (Aveine) "Avec l'alcool la limite entre travail et plaisir est très fine"

Publié par Julien Ruffet le - mis à jour à

À l'approche des fêtes de fin d'année, l'alcool peut parfois s'inviter en entreprise. Nicolas Naigeon, fondateur d'Aveine, nous explique son fonctionnement lorsqu'il s'agit de consommer du vin.

Nicolas Naigeon a créé l'aérateur de vin connecté Aveine en 2016. Sa PME compte 15 salariés et signera un chiffre d'affaires de 2 millions d'euros en 2022. À la veille de Noël, il explique à Be a Boss sa politique concernant la consommation d'alcool en entreprise.

Quelle est la politique d'Aveine concernant la consommation d'alcool en entreprise ?

Nous sommes dans le secteur du vin, donc les dégustations font partie de notre activité. En interne, elles ne sont pas obligatoires. Mais nos salariés qui veulent ont le droit de déguster. Avec les investisseurs et les clients, des dégustations peuvent avoir lieu à différents moments de la journée.

Notons que contrairement à des entreprises comme Pernod-Ricard, nous ne vendons pas d'alcool. Je n'ai donc aucun intérêt à ce que les clients consomment plus. La limite est très fine entre le travail et le plaisir. C'est sur ce point que la direction doit sensibiliser. La prévoyance passe notamment par la mise à disposition de crachoirs et d'éthylotests.

Comment fonctionnez-vous lors d'un pot de départ ?

Lors d'un évènement, nous buvons un verre tous ensemble dans les locaux, mais si certains veulent continuer la soirée, c'est hors de l'entreprise. Nous tentons de responsabiliser les salariés dans ces moments-là. C'est-à-dire que chacun doit se contrôler et les N + 1 sont responsables de ceux qui sont en dessous d'eux. Cela va de soi, mais ils ne doivent jamais encourager à la consommation.

Certes, la responsabilité morale du manager est difficile à définir. Mais il ne doit jamais être moteur d'une situation qui dérape, que ce soit dans l'entreprise ou en dehors.

Avez-vous déjà eu des débordements ?

Deux collaborateurs se sont disputés verbalement lors d'un pot. Ça n'aurait jamais dû avoir lieu. Dans ce cas, j'ai pis la décision de calmer le jeu et de les renvoyer chez eux. Le but à présent est de s'arrêter avant que chacun ne doive rentrer chez soi en taxi ou souffler dans un éthylotest. Si nous en arrivons là, c'est que les limites de l'entreprise ont été dépassées.

Comment sensibilisez-vous vos collaborateurs ?

Au-delà de la responsabilité individuelle, il y a la responsabilité de l'entreprise. Alors je le rappelle régulièrement. Cela passe par la responsabilisation des manageurs. Je leur mets une certaine pression sur ce point. Mais c'est également de la confiance.

Comment cultivez-vous votre culture d'entreprise ?

L'une des valeurs d'Aveine, c'est l'épicurisme. C'est une philosophie qui peut être appréhendée de la bonne comme de la mauvaise manière. Alors il faut cultiver cette culture tout en se méfiant de la limite entre le plaisir et le dérapage.

Lors du débordement, nous avons failli interdire l'alcool dans l'entreprise. Nous l'avons gardé car c'était une des valeurs de la société. Les règles orales que nous avons mises en place suffisent pour le moment. S'il y a un problème, la régulation deviendra plus forte. Nous pourrions aller jusqu'à interdire la consommation, même si cette répression serait triste pour la dynamique interne.

Cette gestion restera-t-elle possible si la taille l'entreprise double ?

Notre fonctionnement est adapté à une PME. C'est du management de proximité. Donc il y a un rapport avec la taille de la structure l'état d'esprit. Par ailleurs, les règles changeront certainement si l'entreprise change de taille. Dans ce cas de figure, la complexité sera de garder les valeurs d'Aveine.

Que dit la loi ?

Dans les locaux :

Les alcools qui peuvent être autorisés par l'employeur sont le vin, la bière, le cidre et le poiré. Aucun autre alcool ne peut être autorisé. Donc pas d'alcool fort.

Ainsi, la mise à disposition de spiritueux dans l'entreprise en présence de 50 salariés fait encourir une amende théorique maximale de 187 500 €.

L'employeur peut limiter ou interdire la consommation d'alcool sur le lieu de travail dans le règlement intérieur de l'entreprise. Sa responsabilité, mais aussi celle des salariés, peut être engagée en cas d'accident causé par un salarié ivre.

Hors des locaux :

Le règlement intérieur de l'entreprise ne s'applique pas. En cas d'accident, la responsabilité de l'employeur peut être engagée. L'INRS (Institut national de recherche et de sécurité) recommande à l'employeur d'appliquer les mêmes règles qu'au sein de l'entreprise.

Repères

Aveine

Aérateur de vin

Fondateur : Nicolas Naigeon (34 ans)

Fondé en juillet 2016

Paris Xe > SAS > 15 salariés

CA 2022 : 2 millions d'euros