Hugo Meunier (Merci Raymond) : « Habiter la ville ne sera plus pareil »
Publié par La rédaction le | Mis à jour le
Comme toutes les sociétés qui ont traversé la crise, certaines ont dû changer, se réinventer et s'adapter. C'est le cas bien évidemment des start-up, plus fragiles. Portrait de la société Merci Raymond.
Créée en 2015, Merci Raymond est une start-up rassemblant jardiniers et créatifs déterminés à redonner place au végétal dans le milieu urbain. Elle incite aussi les citadins à prendre part à la révolution verte. Merci Raymond mène des actions de végétalisation à de multiples échelles dans différents lieux (espaces publics, rooftops, stores, bureaux), tant pour leur redonner du vert ou y créer des espaces d'agriculture urbaine, que pour fédérer autour du jardinage.
Comment avez-vous vécu cette crise ?
Notre activité s'est vue directement impactée. La nature même du métier de jardinier urbain nécessite d'être en extérieur, aux contacts des citadins, pour stimuler les mains vertes. Une mission qui s'est vue stoppée avec l'annonce du confinement. Cette mise à l'arrêt a également concerné nos activités événementielles, en ce que nous travaillons avec des restaurants et hôtels qui ont fermé leurs portes. En revanche, notre bureau d'étude – visant à conceptualiser les espaces de la ville de demain - a continué. Nous avons également poursuivi l'activité de nos sites productifs urbains (houblonnière, jardin d'aromates...), bien que la fermeture de notre restaurant « Le Relai » ne nous ait pas permis de maitriser la chaine alimentaire de bout en bout.
Le confinement a-t-il changé la donne ?
Dès le début du confinement, nous avons senti que notre métier avait plus d'importance qu'il n'en avait jamais eue. La crise a accéléré la prise de conscience autour de l'importance de la nature en ville. Elle n'a fait que confirmer notre vision. Cela nous pousse à réfléchir au développement de nouvelles offres à destination du grand public. Nous avons d'ailleurs lancé une offre solidaire via l'ouverture d'un Hôpital des Plantes juste après le déconfinement, visant à récupérer les végétaux ayant soufferts dans les logements inoccupés pendant de longues semaines.
Avez-vous pivoté ou songé à le faire ?
La crise nous a, au contraire, conforté dans le choix de notre business model. Celui-ci est basé sur les préceptes de la permaculture : un modèle agricole qui vise à inventer la meilleure association possible entre les cultures pour que chaque plantation puisse avoir un effet positif maximal sur ce qui l'entoure. En ce sens, notre modèle est construit autour de 3 axes : nous développons des scénographies végétales pour contribuer au bien-être des citadins dans leurs lieux de vie, de travail ou de loisirs ; nous concevons des jardins partagés pour contribuer à rendre nos villes plus vertes et plus gourmandes ; et nous créons de nouveaux circuits alimentaires allant de la graine à l'assiette. En préférant ne pas être « monoproduction », nous tirons profit de plusieurs sources de revenu. Un choix stratégique qui a su montrer son efficacité, en nous permettant d'être résilients!
Comment voyez-vous l'avenir pour les 12 prochains mois ?
Les crises ne font qu'accélérer les tendances de fonds et ne manquent pas de bouleverser la ville dans ses modes d'organisation. Le confinement a permis à tous d'observer la ville de l'intérieur et de repenser nos rapports avec elle. A l'échelle du bâtiment, la mixité d'usages est une solution pour façonner des lieux de vie inclusifs. Des jardins partagés sur les toits pourraient permettre une production locale de fruits et légumes pour les habitants et alimenter un restaurant locavore. Des murs et toitures végétalisés serviraient d'îlots de fraîcheur, sources de bien-être... Demain, habiter la ville ne doit plus être pareil. Prenons le temps de réinventer nos espaces de vie, comme la forêt se régénère après le feu. Prenons soin de la Terre et des autres. Tels sont les principes de la permaculture qui font germer un avenir désirable : la ville des fertiles.
Pour en savoir plus
Hugo Meunier, (à gauche) Guillaume Hadjigeorgiori (au centre) & Antoine Baume (à droite) cofondateurs de Merci Raymond