Entreprendre dans la restauration en 2025 !
Publié par Yves Cebron de Lisle (Transgourmet) & Romain Amblard (Service Compris et salon Foodorama) le - mis à jour à
Dans l'indispensable quête de sens que traverse l'ensemble des secteurs économiques du pays, et qui bouscule dans le même temps l'ensemble de nos carrières, la restauration ne fait bien entendu pas exception. Impulsée par une toute nouvelle génération de chefs, d'entrepreneurs, mais aussi de clients, elle revêt pour ce secteur une multitude de réalités parfois difficiles à saisir, à mesurer, et à financer.
Une restauration responsable est une restauration qui prend des engagements forts vis-à-vis de la planète, des animaux, et des Hommes. Et le premier de ces engagements concerne assez logiquement le choix des produits qui seront cuisinés et servis. Mais alors qu'est-ce qu'un sourcing responsable aujourd'hui ?
Avant toute chose, il est fondamental d'accepter le fait que la notion même de responsabilité soit un concept à géométrie variable, notamment du point de vue du consommateur, qui dispose d'une sensibilité qui lui est propre autour de ces enjeux : respect des conditions animales, de la disponibilité de la ressource, logique de circuit court et de saisonnalité des produits, réduction du gaspillage alimentaire et des déchets, juste traitement social des collaborateurs, soutien à une filière locale, choix des labels (agriculture raisonnée ou biologique, commerce équitable...), etc.
Aussi, dans un métier comme celui-ci, qui ne répond pas à une organisation dite « ligne à ligne », définir l'engagement de sa responsabilité commence par l'instauration de marqueurs cohérents, pour l'établissement comme pour le client final, qu'il s'agira d'atteindre.
Ensuite, il est tout aussi capital de comprendre que ces produits deviennent de véritables médias à part entière pour les structures. Ils impliquent donc des efforts de communication, notamment basée sur la pédagogie. Une communication qui serve au producteur (lui permettant d'être valorisé dans ce partenariat), au client final (qui saura apprécier la plus-value de son plat, et de son expérience), ainsi qu'aux équipes de service (qui pourront ainsi relayer avec justesse ces messages en salle). Un sourcing responsable et engagé n'est donc pas seulement un choix éthique, c'est aussi un levier économique non négligeable pour les restaurateurs : un levier d'attractivité de clientèle, de recrutement du staff, de différenciation et de qualité.
Du nouveau paradigme de cet investissement
Le restaurant est aussi un lieu important dans l'éducation du grand public à l'écoresponsabilité. Aujourd'hui, la RSE ne doit donc plus être considérée comme un poste de coût, mais bel et bien comme un levier de valorisation de notre travail. Cette nouvelle vue de l'esprit permettra de lever toute sensation de « dépense superflue ou non maîtrisée ».
A noter d'ailleurs que l'État (via l'ADEME) comme les collectivités locales encouragent cette transition vers une démarche plus écoresponsable à travers divers dispositifs, tels que des subventions et des réductions fiscales. Par ailleurs, il existe de nombreux leviers qui permettent de s'engager à coûts limités. Acheter des produits de saison permet d'optimiser les coûts en accédant à des matières premières à un prix plus compétitif.
La proximité avec les producteurs locaux réduit quant à elle l'impact carbone de l'approvisionnement, les coûts logistiques, et permet de contourner la complexité liée à la livraison du dernier kilomètre, le tout dans des délais restreints. Par ailleurs, la mise en avant de produits de qualité via une carte évolutive favorise la fidélisation des clients et augmente la fréquentation d'un établissement. Citons également les portions.
Nous ne sommes plus dans une époque d'opulence où les clients attendent des assiettes qui débordent de nourriture et se moquent de gaspiller. Ces dernières peuvent encore, dans de nombreux établissements, être raisonnées. Or une meilleure gestion des stocks et une réduction du gaspillage alimentaire permettent de réaliser des économies substantielles. Même sujet concernant l'ajout de protéines animales : il nous faut réinterroger les recettes et mieux utiliser le végétal. Enfin, les innovations digitales sont également à considérer davantage par notre secteur, dans l'optimisation des stocks, dans l'antigaspi, et même dans la formation des salariés du secteur.
Nous pouvons être confiants. S'il ne faut pas nier certaines réalités économiques actuellement très dures pour les acteurs de la restauration commerciale, nous sommes dans le même temps portés par toute une génération d'entrepreneurs - parfois reconvertis - qui choisissent ce métier précisément pour l'innovation qu'il porte et la responsabilité sociale et environnementale qu'il est en mesure d'engager !
Yves Cebron de Lisle
De formation école supérieure de commerce et de marketing, Yves Cebron de Lisle intègre le groupe Danone en 1994 pour 2 ans à la fonction de responsable de secteur en GMS pour la marque Volvic. Fin 1995, il rejoint la société Aldis. En 2001, il est nommé au poste Directeur du marketing du groupe Aldis, puis Directeur du marketing et de la communication en 2004. Il devient Directeur marketing et communication des sociétés Aldis et Prodirest, après le rachat en 2006 de Prodirest par le groupe Aldis. Il est ensuite nommé Directeur commercial, marketing et communication du groupe Transgourmet France en 2010. Membre du Comité de direction du groupe Transgourmet France depuis 2014, il prend en charge en janvier 2016 la Direction de l'Offre du groupe. En juin 2024, Yves Cebron de Lisle est nommé Directeur général délégué du groupe Transgourmet France.
Romain Amblard
Après avoir débuté sa carrière en agence de communication, Romain Amblard s'est tourné vers la restauration. En 2012, il ouvre son premier restaurant au Puy Notre-Dame dans le Maine-et-Loire, puis reprend le restaurant L'Auberge des Isles. En parallèle, Romain Amblard met à profit sa passion pour le vin. En 2014, Romain Amblard consolide son parcours dans le domaine de l'innovation et devient le directeur du premier programme d'accélération de startups en France, NUMA. Cette expérience le mène ensuite à un rôle de Senior Innovation Manager chez AXA Partners. Fort de ces expériences, Romain Amblard décide ensuite de mettre ses compétences en accompagnement et mentorat des entrepreneurs. En 2018, il co-fonde ainsi Service Compris, avec Julien Fouin et Ludovic Dardenay, un accélérateur dédié aux food-entrepreneurs. Romain Amblard - via Service Compris - créée en 2024 le salon FOODORAMA.