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Ré-engager ses collaborateurs après la parenthèse estivale

Publié par Arthur de Carpentier le | Mis à jour le

Comme n'importe quel salarié en entreprise, les militaires prennent des congés durant la période estivale ou au retour de mission, à moins d'être déployés en opération. A ce titre, le retour à la vie de régiment est un sujet qui n'est pas sous-estimé par les chefs militaires.

La période estivale marque une rupture significative dans la continuité du travail, et c'est bien le but recherché. L'enjeu du retour est donc de ne pas générer une perte de cohésion et un affaiblissement des dynamiques de groupe.

Dans les Armées, l'encadrement est particulièrement attentif aux retours des permissions, attendu que c'est le collectif qui permet l'action efficace et la résilience dans l'épreuve. Plus concrètement, les unités doivent réapprendre à mettre en oeuvre les automatismes collectifs et individuels qui fondent l'exercice de leurs spécialités, les moins expérimentés ayant parfois tendance à "oublier" certains actes réflexes fondamentaux.

De la même manière, en entreprise, les congés peuvent entraîner un écart dans la communication et la collaboration, ainsi qu'une perte temporaire des objectifs et des priorités. Cette déconnexion doit donc être abordée avec une stratégie précise pour maintenir l'esprit d'équipe et la productivité.

Un enjeu à part entière

Le mois de septembre pose des défis uniques pour les chefs, qu'ils soient militaires ou civils. La principale difficulté est de restaurer un niveau homogène de motivation et d'engagement au sein d'une équipe après une période de repos. En tant que chef, il est crucial de rétablir rapidement les priorités et de rappeler les objectifs communs.

Après des semaines de détente auprès de leurs proches, les équipes reviennent parfois démotivées, mais surtout avec des objectifs qui peuvent sembler lointains. Le risque majeur auquel le chef doit faire face est un niveau d'engagement hétérogène au retour. Sommairement, cela peut se traduire au sein des armées par des militaires qui ont profité des vacances pour s'entraîner physiquement, tandis que d'autres ont privilégié un repos total des corps.

Il est donc important de faire preuve de flexibilité et d'adaptation, pour ramener chaque protagoniste au même degré d'investissement. Il faut d'ailleurs garder en tête que les membres de l'équipe peuvent avoir des ajustements personnels ou professionnels à réaliser à la rentrée. Il est donc fondamental de communiquer clairement et régulièrement, et de mettre en place des actions concrètes pour revitaliser l'énergie collective.

De bonnes pratiques militaires

Les méthodes militaires pour réengager une équipe après une période de pause peuvent offrir des leçons précieuses pour les entreprises. Les unités de l'Armée de Terre ont pour habitude de marquer le temps en mettant en place des moments de convivialité et de dépassement de soi: les challenges sportifs ou encore la marche sont ainsi des coutumes ancrées afin de faire vivre la cohésion des troupes, notamment à la charnière entre deux séquences, comme à la rentrée.

En entreprise, planifiez un moment centralisé, autour de sessions d'informations par exemple, si possible d'une activité de team building en extérieur, en bref un mini-séminaire, qui permettra aux équipes de se retrouver. Les moments informels, comme les repas, sont essentiels en milieu militaire pour renforcer les liens entre les membres. Favorisez des événements sociaux en entreprise pour reconstruire les relations et encourager la collaboration.

Les prises d'armes et autres cérémonies font partie des rituels militaires ayant pour vocation à resserrer les rangs : c'est en ces circonstances que les héros du passé sont honorés, les plus méritants décorés, ou les jeunes recrues intégrées. Le retour d'une unité absente en mission ou la fin de permissions ne dérogent pas à cette règle, qui permet au chef de redonner clairement et à tous, sa vision, déclinée en objectifs opérationnels.

En parallèle des moments de cohésion, les managers en entreprise doivent, eux aussi, sanctuariser des moments particuliers du calendrier pour ré-impulser une énergie et valoriser les accomplissements réalisés. Une simple plénière de 45 minutes permettra de réengager chacun autour du chef, sans pour autant grever le temps de travail des uns et des autres. Il rassemblera aussi les équipes dans une expérience commune, ciment de la cohésion.

Plus globalement, un maître mot : la proximité

Les chefs militaires se préparent et entraînent leurs troupes à affronter l'incertitude inhérente au "brouillard de la guerre". Ils doivent l'affronter avec des idées bien conçues et clairement énoncées, d'après le mot de Boileau. Dès leur quotidien, et notamment à l'occasion des prises de paroles rituelles, ils s'attachent à définir des objectifs limpides et adaptés aux différents niveaux.

A l'armée, les leaders prennent le temps de s'assurer de la capacité opérationnelle de chaque soldat, laquelle dépend autant de sa formation et de son équipement, que de sa situation personnelle. Soucieux d'une certaine discrétion, il leur revient néanmoins de se tenir au courant de celle-ci : un professionnel dont l'enfant est malade sera moins performant et/ou moins disponible que son camarade sans préoccupation de cet ordre. Les chefs militaires accompagnent sur ce terrain les hommes et les femmes dont ils ont la responsabilité.

Quel que soit le niveau de l'audience en entreprise, il est fondamental pour un manager de s'assurer que chaque membre de son équipe comprenne les attentes et les objectifs à court et moyen terme pour éviter toute confusion. Mais en période de transition en particulier, le soutien individualisé est lui aussi crucial.

Ainsi, le manager en entreprise se doit d'être attentif aux besoins individuels et d'offrir un soutien approprié pour faciliter une réintégration réussie. Une vigilance accrue est de mise vis-à-vis des collaborateurs fraîchement recrutés, de ceux qui ont dû déménager significativement et des plus jeunes. Il ne s'agira pas de paternalisme mal placé, mais du souci vrai de nos collaborateurs, en vue de leur bien-être au travail et, in fine, de la performance collective.

Arthur de Carpentier est un ancien officier de l'Armée de Terre, où il a servi pendant 9 ans à la tête de 10 à 160 légionnaires lors de missions en Afghanistan, en République Centrafricaine, au Tchad, en Côte d'Ivoire et au Gabon. Après sa carrière militaire, il s'est tourné vers le secteur privé, devenant dans un premier Country Director d'une entreprise de F&B au Vietnam et aujourd'hui Senior Account Manager dans le secteur du cloud computing. Il a rejoint en 2021 l'aventure [Pépite.] en qualité d'investisseur et de Conseiller.