Peut-on débaucher sans risque un salarié d'une société concurrente ?
Publié par Cyrille Catoire le - mis à jour à
La tentation de débaucher un salarié travaillant dans une société concurrente est fréquente pour tout chef d'entreprise. Pour autant, une telle action n'est pas sans risque, aussi bien pour le salarié débauché que pour le nouvel employeur. Faisons le point en la matière afin d'adopter les bons réflexes.
Si la liberté du travail est fondamentale en France, il n'en reste pas moins qu'un salarié, pendant toute la durée de son contrat de travail, n'a pas le droit d'exercer, pour son propre compte ou pour le compte d'une autre entreprise, une activité concurrente de celle de son employeur, et ce même en l'absence d'une clause expresse en la matière inscrite dans son contrat de travail.
De l'autre côté, un employeur peut en principe proposer un emploi à un salarié travaillant chez un concurrent. Le débauchage fait néanmoins face à plusieurs limites qui doivent être maitrisées en adoptant les bons réflexes.
Les réflexes à avoir
Avant de débaucher un salarié, il convient a minima de s'assurer des points suivants :
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La nécessité d'agir de manière loyale
En l'absence de clause non-concurrence ou de clause de non-sollicitation, le nouvel employeur n'en reste pas moins tenu d'une interdiction générale de toute concurrence déloyale.
A ce titre, il va sans dire qu'il commet une faute dès lors que le débauchage s'accompagne de manoeuvres déloyales entrainant la désorganisation de l'entreprise concernée (employeur ayant débauché la moitié de l'effectif d'un concurrent par exemple ou dénigrant son concurrent pour débaucher ses salariés).
Le nouvel employeur s'expose alors à des poursuites judiciaires visant à le condamner à verser des dommages-intérêts proportionnés au préjudice subi par l'ancien employeur.
Comment contourner la clause de non-concurrence du salarié désiré ?
La présence d'une clause de non-concurrence dans le contrat de travail du salarié attirant toutes les convoitises s'avère le cas le plus problématique dans le cadre d'un débauchage, dès lors que le nouvel employeur en est informé, l'embauche étant alors a priori impossible.
Pourtant, des possibilités existent pour contourner cette difficulté.
Tout d'abord, est-on certain que la clause de non-concurrence est licite ?
Il est courant de constater que la clause n'est pas licite, ne respectant pas les conditions posées par la jurisprudence :
Ensuite, il faut garder à l'esprit que dans une grande majorité des cas, l'ancien employeur prend la décision de « lever » la clause de non-concurrence lors de la rupture du contrat de travail, ne souhaitant pas verser de contrepartie financière au salarié sur le départ.
En renonçant à cette clause, le salarié se trouve alors libéré de toute obligation de non-concurrence.
Il n'en reste pas moins que cette levée n'est pas systématique et qu'il s'agit là d'un « pari » pris par le nouvel employeur.
Et pourquoi pas négocier avec l'employeur concurrent ?
Il s'agit d'une option trop souvent oubliée, un rachat de la clause de non-concurrence reste une possibilité.
Il peut ainsi être envisagé de proposer ainsi à l'ancien employeur une indemnisation liée à sa renonciation de voir appliquer la clause contractuelle. Nous sommes alors dans une négociation pouvant s'avérer indispensable pour certains profils rares.
Cyrille Catoire, fondateur de Catoire Avocat, cabinet spécialisé dans l'accompagnement des entreprises en droit social et de la protection sociale.