Burn-out : détectez les signes avant-coureurs
Publié par Charles Cohen le | Mis à jour le
Le burn-out, ou syndrome d'épuisement professionnel, constitue une réalité dans nombre de PME. Si tous vos salariés ne sont pas égaux face un tel fléau plurifactoriel, quelques signaux d'alerte peuvent vous aider à vous en prémunir.
Dirigeants de PME, savez-vous qu'au moins un dixième de votre effectif est exposé au risque de burn-out ? Notion, certes, galvaudée et utilisée souvent à outrance, le burn-out, ou syndrome d'épuisement professionnel, menacerait 3 millions de salariés en France (12,6% des actifs) à en croire une étude réalisée début 2014 par le cabinet Technologia, spécialisé dans l'évaluation et la prévention des risques psychosociaux.
Faute inexcusable
Si une telle affection peut conduire à la dépression, voire dans un cas extrême au suicide du salarié, elle n'en reste pas moins lourde en conséquence pour le dirigeant. "Le patron qui n'a rien fait pour anticiper un tel risque peut être condamné, au pénal, pour faute inexcusable. La peine pouvant aller jusqu'à 500 000 euros !", prévient Pierre-Eric Sutter, président de Mars Lab, société de conseil en management de la performance sociale. C'est dire la nécessité d'être vigilant quant aux signes d'alerte d'une telle pathologie.
Or, c'est bien là que le bas blesse. Encore non reconnu comme une maladie professionnelle, le burn-out s'impose comme un mal protéiforme aux manifestations à la fois physiques, émotionnelles et psychiques pouvant varier d'une personne à l'autre. "D'où la difficulté de détecter, en amont, les signes avant-coureurs de cette pathologie plurifactorielle même si elle trouve son origine, pour une part au moins, dans l'organisation même du travail", analyse Pierre-Eric Sutter.
Les salariés dévoués plus exposés
S'il s'avère donc complexe de dresser un profil type de personnes à risque, les experts s'accordent toutefois sur un point : le burn-out touche d'abord les salariés dévoués et impliqués. "C'est la maladie des meilleurs, et non des fainéants", confirme Pierre-Eric Sutter, brisant au passage certaines idées reçues. Et d'ajouter : "il s'agit d'individus qui ont un rapport très fort au travail. Or, face à des objectifs inatteignables ou des conditions de travail trop dégradées, ils finissent par s'effondrer."
Il est donc important pour les managers de proximité de détecter au plus tôt un comportement pouvant aboutir à un burn-out. Voici quatre phases d'un processus allant du plaisir au travail à l'épuisement professionnel, et pouvant s'étaler sur plusieurs mois.
Étape 1 : le plaisir au travail
Dynamique voire enthousiaste, votre salarié affiche une réelle satisfaction au bureau. Soucieux de se surpasser, il accepte les aspects complexes ou négatifs de son boulot en affichant une motivation et persévérance à toute épreuve.
Étape 2 : le surengagement
Soumis à une charge de travail importante, voire excessive, le salarié laisse peu à peu son environnement professionnel envahir sa vie privée. Le temps de travail dépasse de manière régulière les 10 à 12 heures par jour, si bien que le surengagement n'est plus ponctuel, mais totalement chronique.
Étape 3 : l'acharnement
Le salarié ne parvient plus à se déconnecter du travail. Obsédé par l'atteinte des objectifs, "il se met une pression tellement incroyable que son travail baisse notoirement en qualité", commente Pierre-Eric Sutter. Le plaisir laisse alors place à un comportement négatif : anxiété, plaintes quotidiennes, brouille avec ses collègues... Autant d'attitudes qui cachent une baisse d'estime de soi. "À ce stade, le salarié 'work addicted' est dans un état si compulsif, qu'il acceptera très difficilement qu'on lui allège sa charge de travail. Une décision qui renforcera son sentiment d'échec", indique Cyril Cosar, psychologue clinicien.
Étape 4 : l'effondrement
C'est la dernière étape, inexorable : le salarié craque littéralement. Amorphe, il perd toute sa capacité de réaction et tombe en dépression. A contrario, des excès de violence peuvent survenir. Soit à l'encontre des collègues ou des clients, soit à l'encontre du salarié lui-même : le passage à l'acte suicidaire.
Pour éviter un tel engrenage, "le travail de prévention doit être effectué en amont, en général durant l'étape 2, celle du surengagement", recommande Cyril Cosar. C'est l'étape du "pré burn-out" où les premières manifestations physiques apparaissent : crampes d'estomac, troubles du sommeil, migraines, malaises... "Plus ces troubles s'accompagnent de symptômes émotionnels et psychiques -sentiment d'angoisse et de découragement, perte de mémoire,etc.- plus votre salarié évolue vers le stade de l'acharnement, qui constitue bien souvent un point de non-retour", indique Cyril Cosar.
Avant d'arriver à un tel tableau clinique, vous devez identifier les salariés en état de surengagement chronique et faire de la prévention via des entretiens individualisés. Car c'est cette cible, soucieuse de "surperformer", qui est le plus exposé au risque de burn-out. Même si un tel scénario catastrophe n'est pas, fort heureusement, systématique. "Encore une fois, tous les individus ne sont pas égaux face à ce fléau, résultant de causes autant psychologiques qu'organisationnelles", répète Cyril Cosar. Soyez vigilant et à l'écoute de vos équipes.