La minute du boss : Pour que la France rejoigne la trentaine de pays qui propose un "visa nomade numérique"

Le Visa Digital Nomad a été créé afin de simplifier l'installation temporaire des travailleurs à distance. Contrairement aux visas de travail traditionnels qui exigent d'être employé par une entreprise locale, ce nouveau type de visa s'adresse notamment aux indépendants, travailleurs à distance et aux autoentrepreneurs.

Son objectif est simple : permettre aux digital nomads d'exercer pleinement leur activité professionnelle tout en découvrant un pays, voire plus si affinité. 16 pays européens (et plus de 30 dans le monde) ont déjà mis en place ce dispositif, dont nos voisins Italiens en avril dernier.

La France, en revanche, s'y refuse toujours. Ce serait pourtant un outil supplémentaire pour attirer les meilleurs talents sur son territoire.

Un visa qui offre des droits et impose des exigences

Les arguments récurrents qui vont à l'encontre de l'instauration d'un tel visa en France sont faussés. D'abord avec l'existence de dispositifs similaires, qui jouent le même rôle, ensuite avec des craintes face au risque d'abus et d'entrée sur le territoire d'une main d'oeuvre qui contourne les règles.

Il existe bel et bien plusieurs visas professionnels en France, mais aucun ne garantit un statut officiel de nomade numérique et ils nécessitent la plupart du temps d'être rattaché à une entreprise basée en France. Surtout, ces dispositifs sont plus complexes et plus longs à obtenir, un processus en décalage avec la nature même du travailleur nomade, qui change régulièrement de destination.

Les visas pour nomades numériques présentent de nombreux avantages tels qu'une résidence légale (en général pour 1 an) ce qui simplifie les démarches administratives dans le pays. Mais aussi une sécurité juridique, une stabilité de séjour, un accès aux services publics. Cependant, ils imposent en contrepartie des exigences et fixent des limites, que chaque pays est libre de définir. Fournir une preuve de résidence fiscale, d'activité professionnelle et de revenus minimum sur les trois derniers mois figurent par exemple parmi les règles communes.

Un effet de ruissellement

On dénombre environ 35 millions de digital nomads dans le monde, majoritairement des profils qualifiés et souvent dotés de multiples expériences de missions ou de créations d'entreprises. A cette typologie de main d'oeuvre s'ajoute un état d'esprit et un style de vie revendiqué. La quête de voyage et de liberté bien sûr mais aussi l'indépendance financière, la découverte culturelle et touristique, l'imprégnation sociale, l'échange et le partage professionnels.

En s'installant en France, pour 3, 6 ou 12 mois, cette main d'oeuvre dotée d'un réel pouvoir d'achat (contrôlé au préalable) va contribuer au dynamisme économique. Le workation (travail-voyage) est devenu une réalité et les digital nomads une clientèle qui monte en puissance pour l'industrie touristique et hôtelière, surtout hors saison.

Travailler en France entraîne nécessairement un effet de réseautage et des connexions qui peuvent aussi profiter aux entreprises locales, petites ou grandes, pour des missions courtes ou des projets de longue durée. En outre, les visas nomades numériques peuvent être transformés en statut d'expatrié ou de résidence à plus long terme.

Ce type de visa a fleuri pendant la pandémie. Depuis, la mondialisation du travail et la généralisation du télétravail n'ont pas ralenti. Aujourd'hui, une trentaine de pays dans le monde ont mis en place des visas réservés aux digital nomads. Autour de nous, l'Allemagne, le Portugal, l'Espagne, l'Italie l'ont fait. En France, il serait de bon augure d'au moins y réfléchir, car si les talents ne viennent pas jusqu'à nos entreprises, elles iront à eux, même à l'étranger.