Chefs d'entreprise, comment assurer le bonheur fiscal de vos héritiers ?
Publié par Jérome Barré, Hélène de Bollardière, Yards Law Firm le - mis à jour à
Même s'il existe une réflexion générale sur le thème des transmissions, les droits de succession ou de donation en France sont parmi les plus élevés en Europe. Etudions toutefois comment diminuer - légalement - la note au décès du chef d'entreprise tout en protégeant l'avenir de l'entreprise.
En effet, sans anticipation de la part du dirigeant, au-delà d'une certaine limite, presque la moitié de ses actifs personnels ou professionnels seront reversés à son décès à l'Etat français. Ce peut être un choix de verser 45% de son patrimoine au moment de son départ. Toutefois, certains outils permettent d'alléger la fiscalité de ses héritiers tout en assurant également une transmission de l'entreprise dans des conditions privilégiées.
Comment se calculent les droits de succession dus sur le patrimoine personnel ou professionnel du chef d'entreprise ?
Les droits de successions sont dus en principe dans les six mois à compter du jour du décès d'un individu. Ils sont calculés sur un actif net à la date du décès. On réalise un catalogue de tous les actifs du décédé à leur valeur vénale : comptes bancaires, meubles meublants, oeuvres d'art, portefeuilles de valeurs mobilières, immobilier, titres de sociétés. Tout est taxable. On détermine également tous les passifs : dettes fiscales, emprunts bancaires, encours cartes bancaires, factures reçues mais non encore réglées. Actifs moins passifs est la base taxable aux droits de successions. Lors du décès d'un chef d'entreprise, la valeur des titres d'une société cotée est alors déterminée par référence au cours de bourse au jour de la transmission ou selon la moyenne des trente derniers cours. L'assiette taxable des titres non cotés ou parts de société est déterminée selon une estimation de leur valeur vénale au jour de la transmission.
Ces droits sont ensuite calculés selon un barème progressif qui varie selon le lien de parenté existant entre le chef d'entreprise et l'héritier. Ce barème est en principe identique pour les donations ou les successions. En ligne directe (parents/enfants) la tranche la plus élevée est de 45% dès lors que l'on franchit 1,8M°€ (pour un non parent, le taux est de ... 60%). Rentre dans le calcul des droits les donations antérieures de moins de 15 ans avant le décès.
Des abattements sont également prévus selon les liens de parenté. Ainsi, si les biens sont transmis à vos enfants par donation ou succession, ils peuvent bénéficier chacun d'un abattement renouvelable tous les 15 ans de € 100.000 (€ 159.325 en cas de handicap de votre enfant). Il existe aussi la possibilité de donner en numéraire € 31 865, tous les 15 ans, c'est la « sarkozette ».
Pour les conjoints ou partenaires de pacs, les frères et soeurs ou les neveux et nièces, des abattements moins élevés sont également prévus. Enfin, au moment du décès du chef d'entreprise, la part reçue par les conjoints ou partenaires d'un pacs est exonérée de droits.
Tout ceci demeure finalement assez complexe pour le commun des mortels. On retiendra que 45% c'est cher, que les tranches de 15 ans dans une vie ne sont pas légions : on donne rarement avant 40 ans, cette réserve chronologique ne sera utilisée que 4 fois au grand maximum.
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Pour en savoir plus
Jérome Barré est avocat associé, responsable du département « Clients privés et entreprises familiales » chez Yards Law Firm. Son activité consiste dans le suivi et l'accompagnement des personnes physiques dans un environnement national et international. Plus particulièrement, il intervient dans les opérations de transmission et de restructuration de patrimoine, pour les individus, et également pour les entreprises familiales. Il est enseignant dans plusieurs universités parisiennes. Il est membre de l'IACF, président de STEP France, administrateur de l'AFFO et membre de diverses associations professionnelles internationales.
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Hélène de Bollardière est avocate collaboratrice dans le département « Clients privés et entreprises familiales » de Yards Law Firm. Elle intervient en droit et fiscalité du patrimoine, tant en conseil qu'en contentieux auprès d'une clientèle française et étrangère. Elle est membre de l'IACF.