Comment intégrer le risque climatique dans sa trésorerie ?
Publié par Antoine Fonfreyde le | Mis à jour le
Le changement climatique n'est plus une hypothèse lointaine, mais une réalité qui affecte déjà les entreprises. Face à des événements météorologiques extrêmes, à la hausse des coûts des matières premières et de l'énergie, ou encore à l'évolution de la réglementation et des attentes des clients, les entrepreneurs doivent intégrer le risque climatique dans leur gestion de trésorerie. Comment faire ? Quels sont les outils et les bonnes pratiques à adopter ? Voici quelques pistes pour vous aider.
Le risque climatique est défini comme l'ensemble des conséquences négatives du changement climatique sur l'activité économique et financière. Il se décline en deux catégories : le risque physique, lié aux dommages matériels et humains causés par les aléas climatiques (sécheresses, inondations, canicules, incendies...), et le risque de transition, lié à l'adaptation nécessaire des entreprises aux nouvelles normes environnementales et aux évolutions des marchés et des comportements (taxes carbone, innovations technologiques, demande verte...).
Ces risques peuvent avoir un impact direct ou indirect sur la trésorerie des entreprises, en affectant leur chiffre d'affaires, leurs coûts de production, leurs investissements, leur financement ou encore leur réputation. Selon le baromètre 2022 de l'AMRAE (Association pour le management des risques et des assurances de l'entreprise), 88% des entreprises interrogées disent être exposées aux risques de canicule et aux vagues de chaleur, 74% aux sécheresses, et 88% à la hausse des températures. Par ailleurs, 90% des risk managers interrogés identifient l'augmentation du coût des matières premières et de l'énergie comme un risque ayant un impact sur leur activité.
Face à ces enjeux, les entrepreneurs doivent anticiper et gérer le risque climatique dans leur trésorerie, afin de préserver leur rentabilité et leur pérennité. Mais comment faire concrètement ? Quels sont les outils et les bonnes pratiques à adopter ? Nous vous proposons quelques pistes dans cet article.
Identifier et évaluer le risque climatique
La première étape consiste à identifier et évaluer le risque climatique auquel l'entreprise est exposée, en tenant compte de son secteur d'activité, de sa localisation géographique, de sa chaîne de valeur, de ses clients et de ses fournisseurs. Il s'agit d'analyser les scénarios possibles de changement climatique et leurs impacts potentiels sur la trésorerie de l'entreprise, en termes de probabilité et de gravité.
Pour cela, il existe plusieurs outils disponibles :
Ces outils permettent d'obtenir une vision globale du risque climatique auquel l'entreprise est confrontée, mais aussi de le décliner par activité, par zone géographique, par produit ou par client. Ils aident ainsi à identifier les sources de vulnérabilité et les opportunités de résilience de l'entreprise.
Adapter sa stratégie et son plan de trésorerie
Une fois le risque climatique identifié et évalué, l'entreprise doit adapter sa stratégie et son plan de trésorerie en conséquence. Il s'agit de définir des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, de maîtrise des coûts énergétiques, d'optimisation des ressources, ou encore d'innovation verte. Il s'agit aussi de prévoir les besoins et les sources de financement liés à ces objectifs, en tenant compte des évolutions réglementaires, des exigences des investisseurs et des opportunités de marché.
Plusieurs leviers d'action possibles :
Ces leviers d'action doivent être intégrés dans le plan de trésorerie de l'entreprise, qui doit être actualisé régulièrement en fonction des évolutions du contexte climatique. Le plan de trésorerie doit ainsi refléter les impacts du risque climatique sur les flux de trésorerie prévisionnels, mais aussi sur les besoins et les sources de financement à court et à long terme.
Communiquer sur sa performance climatique
La dernière étape consiste à communiquer sur sa performance climatique auprès des parties prenantes internes et externes. Il s'agit de rendre compte des actions menées par l'entreprise pour intégrer le risque climatique dans sa trésorerie, mais aussi des résultats obtenus en termes d'émissions de gaz à effet de serre, d'économies d'énergie, d'innovation verte, ou encore de résilience face aux aléas climatiques.
Il existe plusieurs cadres de référence :
Ces cadres de référence permettent à l'entreprise de valoriser sa performance climatique auprès de ses parties prenantes internes (dirigeants, salariés...) et externes (clients, fournisseurs, investisseurs...). Ils contribuent ainsi à renforcer sa crédibilité, sa réputation et sa compétitivité sur le marché.
Le risque climatique est un défi majeur pour les entreprises, qui doivent l'intégrer dans leur gestion de trésorerie. Pour cela, elles doivent identifier et évaluer ce risque, adapter leur stratégie et leur plan de trésorerie en conséquence, et communiquer sur leur performance climatique. En agissant ainsi, elles peuvent non seulement réduire leur vulnérabilité face aux aléas climatiques, mais aussi saisir les opportunités offertes par la transition écologique.