Reitzel France oeuvre pour recréer une filière française du cornichon
Publié par Par Stéphanie Gallo Triouleyre le - mis à jour à
La PME travaille depuis plusieurs années à la relocalisation de la culture du cornichon en France. Une voie pas si facile mais sur laquelle elle avance lentement mais sûrement.
54 tonnes récoltées en 2016 avec 3 hectares cultivés par deux agriculteurs, 900 tonnes en 2023, sur 47 hectares travaillés par 26 agriculteurs. La PME Reitzel a déjà parcouru un sacré bout de chemin sur la voie qu'elle s'est tracée en matière de relocalisation de la culture du cornichon sur le territoire français. Objectif : 10 % de cornichons français. La filiale du groupe familial Reitzel, créé au début du XXe siècle par Hugo Reitzel, réalise aujourd'hui les trois quarts de son chiffre d'affaires dans le cornichon, le reste de son activité concerne d'autres fruits et légumes travaillés sous forme de pickles, de l'huile d'olive, du vinaigre et de la sauce salade.
S'ils sont tous transformés et conditionnés dans ses deux usines françaises de Montrichard (Loir-et-Cher) et de Connerré (Sarthe), 80 % de ses cornichons sont importés depuis l'Inde, 15 % viennent d'Europe et 5 % de France. 5 % que Reitzel France a péniblement grignotés depuis le lancement de son cornichon français en 2016. Objectif : atteindre les 10 % d'ici dix ans. « 5 %, cela peut paraître peu, mais en réalité, c'est énorme. Nous sommes déjà très fiers du chemin parcouru », pointe Sana Hammami, directrice générale de Reitzel France depuis 2021, après en avoir assuré la direction financière dès 2017. « Jusqu'à la fin des années 90, la grande majorité des cornichons consommés en France étaient cultivés ici. Mais ensuite, cette culture a été quasi intégralement délocalisée en Inde où le climat est plus favorable et permet trois récoltes annuelles quand une seule est possible en France. »
S'adapter au marché français
À cette problématique climatique, s'ajoute celle de la spécificité du marché français : les consommateurs préfèrent les petits cornichons, plus difficiles à produire. Autant de freins auxquels Reitzel s'est donc attaquée en reconstituant une filière française. « Nous accompagnons les agriculteurs, nous nous engageons à acheter toute leur récolte, nous les aidons au démarrage grâce à l'expertise de nos ingénieurs agronomes. » Résultat : la PME se revendique aujourd'hui comme le plus gros acteur du cornichon français. Elle les commercialise, en grandes surfaces et en food services sous la marque "Hugo". Ses cornichons français et européens bio sont eux distribués en commerces spécialisés sous la marque "Bravo Hugo".
Mais l'essentiel de son activité réside toujours, actuellement, dans sa marque "Les Jardins d'Orante" et dans son activité pour les MDD. « Nous poussons à plus de fairtrade et à plus de Français », insiste Sana Hammami. Membre de l'association "En vérité", elle milite pour une transparence alimentaire qui placerait l'ensemble des marques devant la même obligation d'afficher lisiblement l'origine de leurs ingrédients.