Pourquoi est-il plus difficile de lever des fonds ?
Publié par Colin de Korsak le | Mis à jour le
La baisse des investissements force les entreprises à concevoir leur développement différemment. Les projets ayant fait leur preuve sur le marché sont davantage valorisés, dans un contexte incertain.
Les fonds levés par les start-up ont fortement diminué en 2023. Cette baisse des investissements contraint les jeunes pousses à revoir leur modèle. Tout d'abord, l'accès au crédit est plus complexe. La hausse des taux a rendu les opérations de capital-risque moins intéressantes pour les investisseurs : « les taux d'emprunt ont cassé la machine », décrypte Claude Calmon, business angel et fondateur de Calmon Partners. Par conséquent, les fonds s'intéressent désormais aux projets plus terre à terre : « Avant, il était possible de lever des fonds avec un PowerPoint et trois idées », caricature Claude Calmon.
Il y a quelques années, certains se sont lancés en ayant conscience qu'ils pouvaient réaliser un quick win. « L'entrepreneuriat était devenu une mode », analyse le dirigeant. En 2024, les valorisations des sociétés sont revenues à des niveaux qui correspondent plus à la réalité financière de leur activité. Les fonds sont en position de force : « Avant, les investisseurs faisaient tout pour être de la partie », assure Claude Calmon.
La rentabilité avant la croissance
Le business angel conseille aux startupeurs de revenir aux fondamentaux : « il faut être dans la capacité de montrer un business model viable, sur un délai relativement court ». Les entrepreneurs doivent dorénavant proposer un projet concret, réalisable dans les conditions actuelles : « vendre une idée ou un rêve ne fonctionne plus », affirme le dirigeant. Ainsi, beaucoup de porteurs de projet se tournent vers des investisseurs alternatifs.
De plus, Claude Calmon recommande aux startupers de ne pas arriver trop tôt. En effet, il est préférable de démontrer que le projet fonctionne avant de lever des fonds. « Il y a une grosse différence entre avoir une idée et avoir un produit », assure le business angel. « On conseille souvent aux entrepreneurs de revenir au moment où leur produit sera validé par le marché », surenchérit-il. Néanmoins, le business angel reste optimiste pour la suite. « L'univers de la start-up à de très beau jour devant lui », assure-t-il.
Un besoin de stabilité financière plus important
Ce nouveau contexte contraint les entreprises à mettre en place une structure financière plus solide. De fait, les fondateurs de start-up ne doivent plus miser au lancement de leur activité sur l'argent des fonds d'investissement : « il faut être davantage rationnel ». Les activités de direction financière ont été restructurées, pour valoriser davantage les investissements, prévoir les cash-flows futurs ou encore contrôler les participations : « on revient sur une analyse plus en profondeur de la stabilité financière des sociétés », constate le dirigeant.