Ces levées de fonds qui peuvent vous rapporter des millions
Publié par Mallory Lalanne le | Mis à jour le
Votre activité se développe bien, et naturellement vous souhaitez franchir un nouveau cap. Pour réaliser une levée de fonds, tâchez d'attendre le bon moment et d'identifier les meilleurs investisseurs.
Romain Lamaison est tout essoufflé. Le cofondateur de Quanta Computing, société française dédiée à l'analyse de la performance des plateformes e-commerce, court un peu plus ces derniers temps. Il faut dire que depuis qu'il a réussi fin janvier 2016 à faire entrer dans son capital le fonds d'investissement de Xavier Niel, Kima Ventures, le fonds Btwinz Saas et plusieurs business angels, l'activité de cette start-up fondée en 2012 a fait un bond en avant.
Conjoncture
Cette levée de fonds, d'un montant de 740 000 euros, va permettre à l'entreprise d'affiner son positionnement multitechnologie, précisément de développer des fonctionnalités compatibles avec toutes les plateformes web et de booster son développement à l'international, avec un recrutement prévu de commerciaux et de développeurs. " Nous sommes dans un secteur technologique qui va très vite, et qui nécessite de l'argent pour se développer. Avant de réaliser la levée de fonds, nous avons toutefois attendu d'acquérir plus de maturité dans la gestion de notre projet, et dans notre organisation afin de rassurer les investisseurs ", confie Romain Lamaison.
Débuter une levée de fonds trop tôt dans le développement de votre entreprise peut effectivement vous faire perdre toute crédibilité. " Avant d'ouvrir son capital, il faut avoir créé de la valeur, posséder une technologie dont on a réalisé la preuve de concept et, idéalement, avoir déposé un brevet, détenir des contrats commerciaux, ou encore bénéficier du crédit d'impôt recherche, précise Anne Fréchette-Kerbrat, associée en droit des sociétés au sein du cabinet Fidal . Attendre le bon moment ne signifie pas toutefois attendre trop longtemps, au risque de se retrouver exsangue et de faire fuir les investisseurs, sans disposer d'un plan B de financement".
Une autre étape absolument cruciale consiste à bien choisir son fonds. Car il n'y a pas que des bons investisseurs. Ces derniers doivent être ciblés en fonction de leurs secteurs d'activité (économie numérique, énergie, cleantech, biotechnologies, santé, agroalimentaire, industrie), du type d'entreprises dans lesquelles ils ont déjà investi, du stade de développement de ces structures, et de leur capacité à mouiller leur chemise pour mobiliser leur réseau et leur expertise. "Un investisseur doit être sélectionné pour sa capacité à identifier les bons projets qui vous permettront de prendre de la valeur, à vous conseiller quant aux pays sur lesquels il est intéressant de miser. Un investisseur n'est certainement pas là pour vous conseiller sur votre futur logo", poursuit Anne Fréchette-Kerbrat.
Après la lecture de votre business plan, le fonds d'investissement doit aussi vous poser les bonnes questions, vous challenger sur l'acquisition de nouveaux clients, comprendre votre stratégie de conquête de marché, comprendre également vos chiffres de développement afin de vérifier s'ils sont réalistes avec vos objectifs de croissance et les investissements réalisés. " Ce sont clairement des partenaires. Chacun des fonds peut m'apporter une compétence : Kima ventures des soutiens à l'international et Btwinz Saas une connaissance du marché. Ce dernier m'a par ailleurs conseillé de ne pas lever trop d'argent au risque de mal maîtriser les dépenses ", confie Romain Lamaison.
Gouvernance
S'il est préférable que les fonds soient actifs dans l'accompagnement, cela ne signifie pas néanmoins qu'ils vous coacheront au quotidien, et encore moins qu'ils vont prendre le contrôle de votre entreprise. "Il est rare que les fonds s'imposent. Si l'équipe de management a fait ses preuves, ils ne seront pas intrusifs, d'autant qu'ils ne souhaitent pas encourir les responsabilités civiles associées. Les investisseurs vont généralement demander à avoir un droit de regard sur les décisions les plus importantes et les plus stratégiques, en cas par exemple de nouvelle ouverture du capital, de recrutements-clés, de conclusions de contrats importants ou d'adoption du budget", constate Anne Fréchette-Kerbrat.
Ces étapes respectées, il ne vous reste plus qu'à faire décoller votre entreprise. Romain Lamaison s'apprête lui à conquérir l'Allemagne, l'Angleterre et, à moyen terme, les États-Unis, le Canada et le Brésil. Son challenge : devenir la référence mondiale des outils de pilotage pour l'optimisation technique des sites.
Comment faire en sorte que le pacte d'actionnaires ne se retourne pas contre vous ?
Avant de signer votre pacte d'actionnaires, prenez garde à deux clauses qui peuvent vous mettre en danger.
La clause de ratchet. Si vous présentez un business plan trop ambitieux, les choses pourront se retourner contre vous. En effet, si les résultats de votre entreprise sont moins bons, l' investisseur risque de voir la valeur de sa participation réduite. C'est notamment le cas si une nouvelle levée de fonds intervenue postérieurement à son entrée au capital est réalisée sur la base d'une valorisation inférieure. Il peut donc chercher à se protéger en demandant à bénéficier de la faculté de souscrire à des actions pour une valeur symbolique (voire gratuite), afin de compenser le préjudice subi. Ce qui va donc diluer le dirigeant et réduire le poids relatif de ce dernier au capital.
Seconde clause sensible, la clause de sortie ou de liquidité. Les fonds ont besoin de céder leur participation à un horizon de 5 à 7 ans en moyenne, et demandent généralement que cette faculté soit inscrite dans le pacte d'actionnaires. Lors de la négociation de cette clause, il est important de faire en sorte que le fonds ne puisse pas vendre la société à sa discrétion, n'importe quand, car il a besoin de réaliser une plus-value importante. Il faut donc négocier et inscrire dans le pacte les modalités précises de cette clause (délai de sortie du fonds, clause de rendez-vous, etc.).